Les deux femmes affolées dégringolèrent les escaliers. Ariane trébucha, mais se rattrapa à la rampe. Mia, quant à elle, utilisait toutes les forces qui lui restaient dans l'espoir que la poignée bouge, que la porte cède. Rien.
Ariane se laissa glisser le long de la rambarde. Sa tête agissait comme un aimant, attirée par les barreaux de fer et incapable de la décoller. Elle avait l'impression que son esprit se détachait de son corps, qu'elle n'était plus qu'une enveloppe de chair vide. Elle était sa proie. Il voulait lui montrer.
***
Assis dans son fauteuil, coupe de vin à la main, le feu crépitait à ses pieds, illuminant son regard ébène. Une nouvelle gorgée de vin. Il s'affaissa davantage dans son siège. Nouveau-né rimait avec épuisé. Cela faisait deux semaines que les fossés sous ses yeux ne cessaient de grandir. Pourtant, il était heureux. Rien ne pouvait le détourner de ce sentiment.
L'ombre de son majordome se dessina sur la cheminée. Il sourit, mais ne bougea pas.
— Que se passe-t-il, Barney ?
— J'ai des nouvelles d'une servante. Cela concerne Elizabeth.
Intéressé, il détourna le regard. Les yeux creux et les ombres dans le visage de son ami l'inquiéta. Le rhume de sa femme s'était-il aggravé ? Il lui pria du regard de poursuivre.
— Je crains que vous aimiez ce que vous allez entendre... En faisant le ménage de votre chambre, Marlène a trouvé un couteau sous l'oreiller de votre femme.
Ses sourcils se froncèrent. Balivernes ! Infamie... cette Marlène allait trop loin.
— Marlène serait prête à tout pour nuire à la réputation de Liza !
Il soupira et reporta son attention sur la cheminée. « Il n'y a pas de couteau », tenta-t-il de se convaincre. Il porta sa coupe à ses lèvres et sous le coup de l'émotion, il la termina.
— Je n'y croyais pas au début, mais je suis allé vérifier...
— Et ? s'impatienta-t-il.
Barney déglutit. Sa tête se renfonça comme s'il tentait de se cacher sous ses vêtements.
— Elle nous a pas menti.
Sir. Wallace passa une main nerveuse dans ses cheveux noirs et sentit tous ses membres trembler.
— Ba... Balivernes ! C'est Marlène qui... qui l'a mis là.
Barney lui accorda un regard triste.
— Elle se trouvait avec une autre femme, elle n'aurait pas pu... Malheureusement, je savais que quelque chose de louche se tramait avec cette fille. Elizabeth n'était pas la bonne.
Le cœur d'Oliver s'arrêta. Il ne pouvait pas y croire. Jamais. Jamais Liza penserait à faire cela. Pas une autre ! Ironie du sort, Barney avait toujours eu raison. Néanmoins, un doute s'installait au creux de son estomac. Il devait l'apercevoir de ses propres yeux.
— De plus... votre enfant, commença Barney.
— Ne mêlez pas mon sang dans cette histoire ! Grogna-t-il.
— alors, vous préférez découvrir un berceau taché de sang ?
Oliver secoua la tête. Avait-il bien compris ? Son cerveau ne fonctionnait plus. Barney afficha une mine sombre avant de murmurer :
— Quelqu'un a glissé un couteau sous sa gorge.
***
Ariane reprit sa respiration. Un poids lourd pesait sur sa poitrine. Des larmes glissaient de ses joues. Dans son oreille la voix mécontente d'Oliver résonnait : « Tu l'as tué Liza... Tu méritais le même châtiment. »
— Non ! se défendit-elle
Son regard s'accrocha aux derniers rayons du soleil. Puis, plus rien. L'obscurité l'avait emporté avec ses tourments.

VOUS LISEZ
Aux douze coups de minuit
ÜbernatürlichesEn février 1890, Oliver Wallace, un homme tourmenté par ses péchés, perd la raison et devient le spectre d'un manoir qu'il hante, condamné à errer jusqu'à ce qu'un véritable amour puisse le libérer. Près d'un siècle plus tard, en 1989, Ariane et sa...