𝐂𝐇𝐀𝐏𝐓𝐄𝐑 𝐗𝐕𝐈𝐈

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CHAPITRE XVII
Destination
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Rêver est une liberté, un apprentissage bénéfique formé dès le plus jeune âge. Du moins, en principe. Ce que l'on fait de ce qu'on nous a offert diverge du but original. Parfois parvenir à rêver échoue avant que l'on ait commencé. Ce n'est pas toujours aussi simple que ce que l'on espère. Rêver est un droit retiré avec une facilité déconcertante. Le harcèlement, le jugement, si l'on est plus extrême les dictatures...Toutes ces situations peuvent nous priver de nos rêves. Rêver c'est aussi espérer, croire, imaginer. Une certaine liberté d'expression au final.

Son pinceau glisse lentement sur la toile vierge, un épais rouge s'y verse, son store ne laisse pénétrer qu'un faible flux de lumière solaire. Aujourd'hui, il fait beau. Un bleu pale rempli le ciel tandis qu'une boule jaune l'éclair. Le peintre n'ose pas admirer le ciel en ce jour calme, un jour comme un autre. Le bleu enfonce un peu plus l'épine coincée dans son cœur au rappel atroce de sa soudaine séparation avec son blond. Soupir lancé, sentiment de malaise engendré. Aujourd'hui, il se sent mal dans sa propre chambre. Ou se sent-il plutôt mal dans sa peau ? Il ne souhaite finalement pas le savoir. Les traits qui suivent celui rouge sont désagréables à ses gestes lorsqu'il les tracent.

L'abandon en devient automatique. Les tableaux peints ces derniers jours sont à son grand désespoir tous ratés. Passant une main dans sa chevelure brune ondulée où quelques boucles légères résident, ses jambes le lâchent sur son lit. Aimé se charge de ses repas ces derniers temps, il ne mange pourtant pas plus qu'il en a l'habitude depuis son retour au manoir. C'est-à-dire presque rien. Ce n'est pas par choix, son ventre refuse tout simplement la nourriture reçue. Son mal-être s'amplifie chaque heure qui passe, bien trop vite. Retrouvera-t-il la volonté de survivre ? Car le vulgaire concept de vivre est oublié. Il n'y arrive plus, William est incapable de vivre sans Fynn. Combien de fois cette claire information a-t-elle été répétée ? Combien de fois l'a-t-on ignorée ? Bien trop. Ce n'est pas comme si elle n'avait pas été remarquée, on l'a seulement nié.

Son frère doit être celui qui en a le plus conscience. La dégradation de l'état physique et mental de William ne lui échappe pas. Malheureusement, il ne peut pas le sauver. S'il le ramène à Fynn, sa vie est risquée. S'il fait en sorte qu'il reste éloigné de Fynn, sa vie ne s'en portera pas mieux. Le dilemme est au rendez-vous, en réalité il n'y en a pas vraiment. Adossé au mur du couloir, à côté de la porte menant à la chambre de son frère, il soupire. Venir discuter avec le brun n'arrangerait rien, celui-ci souhaite retourner aux côtés de son blond. La réponse est certaine, s'épuiser à le convaincre du contraire serait inutile. Sa décision est prise depuis trop longtemps pour qu'il puisse y changer quoi que ce soit. L'amour tissé est trop puissant pour être freiné, ils sont faits l'un pour l'autre voilà tout. Secrètement, il espère que les propos d'Alexander ne s'appliquent pas à leur famille une troisième fois. Est-ce seulement possible ?

L'appeler, prononcer ces sept lettres formant le prénom du cadet, il aurait aimé en être capable. Elever la voix face à lui est désormais trop difficile. Le savoir en vie lui suffit, car il sait que cette situation aurait pu rapidement dégringoler. Du moins, elle se dégrade lentement. William sombre au fur et à mesure dans une dépression invisible. Être éloigné de l'homme aimé ne le réussit pas. De plus, la surprotection de son frère aggrave le problème principal. Comment se sent Fynn ? Est-il dans un état semblable ? Ou va-t-il plutôt bien ? Ce genre de questions ne passent pas dans le cerveau d'Aimé, il ne peut ainsi pas comprendre à quel niveau la situation est grave pour tout le monde. Chacun pense à sa petite personne, s'imaginant joyeusement qu'en arrêtant quelque chose tout se passera pour le mieux. Comment leur expliquer qu'ils ont tort ? Comment prononcer les mots qui remettront en question leur manière de voir le monde ? Comment leur offrir un avis détaillé sur une question dont ils croient posséder la réponse ? Il s'agit là de discours bancals. Aucun ne se déroule agréablement en principe, il est aussi rare que ce genre de discussions finissent bien. Cela peut arriver si la personne est très coopérative et sait se remettre en question. De nos jours, l'égocentrisme est trop nourrit.

𝗦𝗢𝗨𝗡𝗗 𝗢𝗙 𝗧𝗛𝗘 𝗦𝗘𝗔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant