Chapitre 1

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Layla

Blouse ? Stéthoscope ? Calot ?

Je vérifie le contenu de mon sac pour la troisième fois consécutive. Non pas que je sois de nature particulièrement distraite, mais le stress qui s'installe progressivement en moi me conforte dans l'idée que je pourrais oublier absolument n'importe quoi, aujourd'hui. Parce qu'aujourd'hui, c'est mon premier jour de stage. Mon premier jour à l'hôpital en tant qu'étudiante fraîchement admise en deuxième année de médecine.

Un sourire se dessine au coin de mes lèvres tandis que je referme enfin mon sac. En même temps, j'attends ce moment depuis tellement longtemps. Après le lycée, j'ai passé une année entière à cravacher sur la chaise de mon bureau, enfermée dans le maigre espace de vie que constituait ma chambre, pour tenter de mémoriser les tonnes de polycopiés accumulées au fur et à mesure de l'année, et ainsi réussir à obtenir des notes suffisamment élevées pour décrocher mon concours.

Et pour être honnête, ça n'a pas été facile. Pas du tout, même. Entre les privations de sorties que je me suis infligée et la pratique du sport que j'ai grandement diminuée, je dois admettre que cette année m'a vraiment beaucoup coûté. À moi, mais également à mon entourage. Mes amies n'ont pas toutes été capables d'accepter les sacrifices que je devais endurer, alors malgré mes explications, certaines ont préféré couper les ponts.

Mais même si ma santé mentale en a énormément pâti, je ne regrette absolument rien. Parce que ces sacrifices, je ne les ai pas effectués en vain. Je les ai endossés pour pouvoir réaliser mon rêve, celui de devenir médecin. Et il est maintenant un peu plus à portée de ma main.

- Layla ? Tu n'es toujours pas partie ?

La voix moralisatrice de ma mère me ramène instantanément à la réalité.

Je jette un coup d'œil sur l'écran de mon téléphone et constate qu'il est huit heures passées.

Mince.

Je suis déjà en retard.

- Mais si maman, répliqué-je alors nerveusement. Je vais sortir, là !

- N'oublie pas de passer faire les courses pour la semaine !

- Oui, ne t'inquiète pas !

J'attrape précipitamment mon sac avant de le balancer vivement par-dessus mon épaule. Puis je m'empresse de dévaler les escaliers, sous les yeux abasourdis de ma génitrice, qui doit probablement se demander pour la énième fois ce qu'elle a manqué dans son éducation pour pondre une jeune fille aussi insouciante.

* * *

Je grimpe les marches de l'escalier métallique situé devant moi en vitesse. Le hall d'entrée de l'hôpital possède la particularité d'être collé aux murs de la faculté, ce qui est plutôt pratique pour se repérer. Les avantages d'être affectée dans un CHU, j'imagine.

Je m'apprête à franchir la dernière marche, essoufflée par la hauteur interminable de cet escalier, lorsque je percute brutalement quelqu'un. Un grognement se fait entendre de sa part et je m'empresse alors de m'excuser, sans pour autant prendre la peine de m'interrompre sur ma lancée. Je crois que mon corps est trop angoissé à l'idée d'arriver en retard.

- Hé ! m'interpelle-t-il cependant.

Je marque alors un arrêt, décontenancée.

- Tu te fous de moi ?

Quoi ?

- Tu crois vraiment pouvoir filer en douce comme si de rien n'était ?

Je me retourne instinctivement pour lui faire face.

Heart WavesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant