La soirée s'était terminée dans un joyeux désordre. Après le départ de mes parents et de ma sœur, j'avais passé la nuit à jouer avec mes neveux, Imran et Nour. Nous avions construit des forts en coussins, ri aux éclats en inventant des histoires farfelues.
« Et si un dragon venait nous attaquer ? » avait lancé Imran, les yeux brillants d'excitation.
« Oui, mais je suis une princesse guerrière ! » avais-je répondu en brandissant un coussin comme une épée. « Je vais le combattre avec mon pouvoir magique ! »
Nour s'était alors mise à rire. « Mais les dragons ne se battent pas avec des coussins, Tata ! Ils crachent du feu ! »
« Alors je vais utiliser mon pouvoir de l'eau pour éteindre le feu ! » avais-je rétorqué, feignant de verser de l'eau imaginaire sur le dragon.
Nous avions continué à inventer des histoires pendant des heures, chacun prenant son tour pour ajouter des éléments plus folles les unes que les autres. À un moment donné, Imran avait décidé que notre fort était en réalité un vaisseau spatial et que nous devions sauver la galaxie.
« Attention aux aliens ! » avait-il crié en se cachant derrière un coussin.
« Je les attrape avec mon filet magique ! » avais-je dit en mimant un geste théâtral.
Finalement, épuisés par nos aventures imaginaires, nous nous étions endormis sur le tapis du salon, entourés de jouets éparpillés et de rires qui résonnaient encore dans l'air.
Le lendemain, je me réveille en sursaut, désorientée par la lumière vive qui inonde la pièce. Mon téléphone vibre frénétiquement à côté de moi. Je jette un coup d'œil à l'horloge murale : il est déjà l'après-midi. Je me redresse lentement, encore engourdie par le sommeil.
« Vous êtes allés à Dubaï pour mon cadeau ou comment ? » dis-je en riant doucement, pensant que c'est ma famille qui m'appelle pour plaisanter.
Mais une voix inconnue répond à l'autre bout du fil. « Bonjour, vous êtes bien Azra ****** ? »
Un frisson glacé me parcourt l'échine. « Oui... Qui êtes-vous ? » demandai-je, soudainement alerte.
« Mademoiselle, je suis désolé de vous annoncer que votre famille a été impliquée dans un accident... Ils n'ont pas survécu. »
Mon cœur s'arrête. Le monde autour de moi semble vaciller alors que mes jambes cèdent sous moi. Je tombe lourdement sur le tapis, incapable de comprendre ce que je viens d'entendre.
« Non... Ce n'est pas possible... Vous devez vous tromper ! » m'exclamai-je, la voix brisée par l'incrédulité et la peur.
« Je suis vraiment désolé. L'accident a eu lieu tôt ce matin... »
Les mots continuent de résonner dans ma tête comme un écho lointain. Cette sensation d'inquiétude que j'avais ressentie hier soir revient avec une intensité dévastatrice, me coupant le souffle.
Imran et Nour se réveillent à côté de moi, frottant leurs yeux endormis. Ils remarquent immédiatement mon agitation.
« Tata Azra, ça va ? » demande Imran avec inquiétude.
Je les regarde, le cœur brisé par la nouvelle que je dois maintenant leur annoncer. Comment leur dire que leurs parents ne rentreront pas ?
« Venez ici, mes chéris... » dis-je en les attirant contre moi, essayant de contenir mes larmes pour ne pas les effrayer davantage.
« Tu pleures à cause de nous ? » me demande Imran
« Non, bien sûr que non. C'est juste que j'ai pas obtenue mon bac et j'suis un peu triste. »
Je passe les heures suivantes dans un brouillard émotionnel, tentant de rassurer mes neveux tout en essayant d'accepter l'impensable réalité. Les souvenirs de la veille défilent dans mon esprit : les rires, les sourires et cette étrange sensation que quelque chose n'allait pas.
Alors que je m'efforce de rester forte pour Imran et Nour, je sens une colère sourde monter en moi. Pourquoi ai-je ignoré cette intuition ? Pourquoi n'ai-je pas insisté pour qu'ils restent ?
Je me lève et écide d'emmener Imrân et Nour chez notre voisine, Mme Benali, pour m'assurer qu'ils soient en sécurité pendant que je vais à l'hôpital. Mme Benali est une femme chaleureuse et attentionnée qui a toujours été présente pour notre famille.
« Bonjour, Azra ! » dit-elle en ouvrant la porte.
« Que puis-je faire pour toi aujourd'hui ? »
« Bonjour, Mme Benali. Pourriez-vous garder Imran et Nour un moment ? J'ai... j'ai une urgence à gérer, » dis-je, essayant de garder ma voix stable.
Elle me regarde avec bienveillance. « Bien sûr, ma chère. Ne t'inquiète pas, ils seront entre de bonnes mains. »
Je les embrasse tous les deux avant de partir. « Soyez sages avec Mme Benali, d'accord ? Je reviendrai bientôt. »
« D'accord, Tata Azra ! » répondent-ils en chœur, déjà excités par l'idée de passer du temps avec leur voisine préférée.
En quittant la maison, je sens une boule se former dans mon estomac. L'angoisse monte à mesure que je me rapproche de l'hôpital. Je prie intérieurement pour que l'appel que j'ai reçu soit une erreur.
À l'hôpital, le temps semble s'étirer à l'infini alors que j'attends dans le hall. Finalement, un médecin s'approche de moi avec une expression grave.
« Mademoiselle Azra ? » demande-t-il doucement.
« Oui... c'est moi, » répondis-je d'une voix tremblante.
« Je suis désolé de vous informer que votre famille a été impliquée dans un accident de voiture ce matin. Ils n'ont pas survécu à leurs blessures... »
Ces mots me frappent comme un coup de poing. Je sens mes jambes faiblir et je m'effondre sur une chaise proche. Les larmes coulent sans retenue alors que la réalité s'impose brutalement à moi.
Le médecin reste silencieux, respectant ma douleur. Après quelques instants, il ajoute : « Si vous avez besoin d'aide ou de quelqu'un à qui parler, nous avons des conseillers disponibles ici. »
Je hoche la tête mécaniquement, mais je suis trop engourdie pour répondre correctement. Après un moment qui me semble interminable, je me lève finalement et quitte l'hôpital, le cœur lourd et l'esprit embrumé par le chagrin.
Il fait déjà nuit lorsque je rentre chez moi. La maison est étrangement silencieuse sans les rires habituels de ma famille. Je m'effondre sur le canapé, incapable de trouver le sommeil malgré la fatigue écrasante.
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Chronique d'Azra : La vie finira-t-elle par me sourire ?
Ficção GeralJe m'appelle Azra et voici mon histoire, celle qui a fait la personne que je suis devenue aujourd'hui...