𝐇 𝐄 𝐋 𝐀 | Tome 1

𝙲 𝚑 𝚊 𝚙 𝚒 𝚝 𝚛 𝚎 𝚅

« ÊTRE UNE PERSONNE NORMAL, PREMIÈRE LEÇON. »

h e l a .

Je passe nonchalamment à travers les rayons gorgés de produits en tout genre. Je n'ai jamais été dans ce genre d'endroit, c'est tellement...nouveau et étrange. C'est pourtant une habitude pour quatre-vingt-dix pour cent de la population mondiale. Mais pour les femmes comme moi, qui ont grandi dans ce monde toxique et dangereux, rien est normal. La souffrance est si présente dans notre quotidien qu'elle peut nous submerger et nous couper l'envie de respirer l'air qu'elle nous donne. C'est en tout cas l'impression que j'avais. L'impression de ne rien contrôler et de devoir suivre un rythme de vie précis, qui pouvait m'étouffer si j'osais faire un pas de travers.

  Je contourne de justesse un présentoir à fruits mais heurte le torse d'un homme. Rapidement, je relève le menton pour le regarder droit dans les yeux. Il est assez imposant et grand pour m'intimider. J'ai souvent vue des hommes tel que lui à la propriété. Souvent, ils se croient plus importants et puissants que les autres. Et je constate que j'ai de plus en plus raison lorsqu'il arque un sourcil et m'offre un regard dédaigneux.

— Excusez-moi, dis-je, le contournant.

Je le dépasse à peine qu'il attrape mon poignet. Rapidement, je lui fais volte-face et le sonde. Une autre main s'ajoute à l'équation, non pas sur mon bras, mais sur celui de l'inconnu. Je reconnais rapidement la fleur qui décor celle-ci. Mes yeux détaille vivement Seth.

— Je te conseille de retirer ta main de son corps si tu veux pas que je te le brise, crache-t-il.

— Oh, du calme mec.

Il relâche la pression qu'il exerçait sur mon poignet avant de partir assez vite dans un autre rayon. Je me tourne cette fois-ci vers mon garde du corps, qui fixe l'endroit où est parti l'homme, les mains dans les poches.

— Tu n'étais pas obligé d'être brutal.

— Et dire qu'un homme aussi grand que Hector Valeska a élevé une gamine aussi stupide, peste-t-il.

— Et dire que mon père à laisser une chance à un gamin si agaçant, rétorqué-je.

Ses yeux plantés dans les miens, il me fusille du regard. Sa mâchoire, quant à elle, se contracte. Je l'ignore et par à la recherche de Kieran.

✯✯✯

Les garçons on ranger les courses depuis une bonne heure déjà. Et je suis sûr qu'ils sont dans le salon à l'heure qu'il est. Pour ma part, rester dans ma chambre à ne rien faire m'ennuie vraiment. C'est pourquoi j'ai décidé que j'allais explorer les lieux.

Doucement, je descends les escaliers en marbre blanc qui mènent à l'entrée de la villa. Mes pieds recouverts par mes chaussettes, je ne fais donc aucun bruit au sol. Un couloir à ma droite s'offre à ma vue. De nombreuses portes longent la longueur des trois murs.

Avec curiosité, je marche telle une voleuse jusqu'au bout. De la porte face à moi, s'échappe des bruits de frappes et des gémissements rauques. Délicatement, j'abaisse la poignée et entre ouvre la porte.

— Je n'irais pas si j'étais toi, souffle une voix dans mon dos.

Je sursaute et me tourne face à la personne qui c'est adressé à moi. Kieran est posté là, ses bras croisés sur son torse. Je reprends un rythme cardiaque normal et lance :

— Pourquoi ?

— Parce que Seth s'entraîne. Et lorsqu'il est énervé comme aujourd'hui, il n'aime pas que l'on entre dans sa bulle. Tu ne veux pas plutôt venir avec moi dans le salon ?

J'hoche la tête, non pas sans jeter un coup d'œil derrière moi. Ces hommes sont vraiment des inconnus pour moi. Avoir partagé le même domaine pendant plus de cinq ans n'a pas fait de nous des amis, au contraire. Kieran a toujours été le plus respectueux des deux. En revanche, Seth c'est toujours montré plutôt froid, et sec dans ses paroles.

Je suis Kieran dans un silence presque religieux, laissant derrière moi les bruits des poings de Seth qui se fracassent contre le sac de frappe qui lui sert de victime pour cette après-midi.

— Qu'est-ce que tu veux regarder ? Demande le blond en s'assaillant sur le canapé.

— Hum, je ne sais pas trop. Je ne regard presque jamais de films ou de séries.

— Alors j'ai ce qu'il faut pour commencer ton incursion dans le monde cinématographique ! Lance-t-il d'un air jovial.

Il attrape la télécommande sur la table basse en bois de chaîne et appuie sur un bouton. Des centaines de films défilent devant mes yeux, me donnant presque le tournis. Kieran s'arrête enfin sur l'un d'eux et lance la lecture.

— Iron Man ? Qu'est-ce que c'est ? Demandé-je, presque honteuse.

— Un film futuriste où un ingénieur a changé le monde avec ses inventions, et le protège.

J'hoche la tête et me concentre sur l'écran de la télévision. Tout ça est si normal pour lui, s'en est presque ridicule que ça ne le soit pas aussi pour moi. Je n'ai jamais eu et je n'aurais jamais une vie « simple ». Lorsqu'on a un père tel que le mien, qui a choisit l'argent a l'avenir de sa famille, on sait que rien ne changera vraiment. Peut importe où j'irai, tout me rattachera toujours à ce sombre fragment de mon passé. C'est bien à cause de ce même passé qu'aujourd'hui je ne vie plus avec mon père et Maria, en Espagne. En définitif, je suis une âme parmi tant d'autres que dieu a décidé de mettre à rude épreuve pour tester leur résistance. Je suis et je serais une oubliée. Une âme dont personne n'a d'utilité. Condamné à errer sans réel but parmi les vivants. Pour plus tard, rejoindre d'autre errants des étoiles.

  Mais tout cela est sans doute mérité ? Je n'en sais trop rien. Mais ce que je sais, c'est que pour moi, le bonheur est l'égal d'une brise de vent. Il est passager et ne revient pas lorsqu'on le réclame.

  Le téléphone du blond sonne bruyamment, me sortant de mes pensées. Il décroche, non pas sans souffler d'agacement.

  — Ouais ? Oui pourquoi ? Demain. C'est d'accord.

  Il raccroche et tourne sa tête dans ma direction.

  — Demain, nous irons en ville. Seth a un collaborateur à voir. Puis Lexie viendra à la maison.

  — Lexie ?

  — Oui, c'est une amie proche. Nous l'avons rencontré il y a cinq ans en mission ici même. À Los Angeles.