Entre les lignes

Chapitre 4 Hugo

Je referme mon livre avec un sourire satisfait. La bibliothèque du lycée est presque vide à cette heure-ci, et j'apprécie cette tranquillité, ce calme où seuls résonnent mes propres pas entre les rayons. Ici, entouré de livres, je me sens moi-même. En parfaite harmonie avec mon corps et mon esprit. Je me demande souvent ce que ressent Thomas dans son monde où règne la popularité et l'agitation.

- Hugo, tu me prêterais tes notes d'histoire ? lance Max, l'air innocent.

Je lève les yeux vers lui, amusé. Avec Max, c'est toujours la même histoire : il compte un peu trop souvent sur mes notes.

- Je savais que tu ne révisais pas vraiment, répondis-je en retenant un sourire.

- C'est ça, l'organisation ! s'exclame Max en haussant les épaules. Avec tes notes, j'ai au moins une chance de ne pas me planter.

Justine secoue la tête, un sourire amusé aux lèvres.

- T'as de la chance que Hugo soit toujours prêt à t'aider, Max. Mais tu pourrais quand même faire un effort.

- Vous êtes pires que mes parents, soupire Max en levant les yeux au ciel, faussement agacé.

Je ris doucement. Max et Justine représentent une part de ma vie bien différente de celle que partage Thomas avec ses amis sportifs et ses coéquipiers de basket. Je préfère passer mes soirées à lire, à explorer des textes ou à préparer des répétitions de théâtre. J'aime aussi me plonger dans les sciences pour découvrir le monde ou résoudre des équations. Avec Max et Justine, tout est simple et authentique. Et dans tout ça nous sommes aussi un groupe d'amis qui aime rire. S'amuser. Profiter des choses simples de la vie.

Ce soir-là, on a répétition de théâtre dans la petite salle de spectacle du lycée. Cette année, on prépare Roméo et Juliette pour le spectacle de Noël, et, malgré mes hésitations, on m'a récemment attribué le rôle de Roméo. A l'unanimité, mes camarades ont voté pour moi. Jouer les amoureux tragiques ne m'est pas naturel, mais je me laisse emporter par le texte. Et dire que je me moquais de Max et de son rôle dans Mercutio. On dirait que le destin s'est moqué de moi. J'essaie d'être à l'attendu dans ce rôle .... Enfin, quand Max me laisse jouer sérieusement.

Je m'avance sur la scène improvisée, la tête pleine des mots de Shakespeare, prêt à déclamer ma réplique.

- Mais, douce Juliette, il est temps de...

Je n'ai même pas le temps de finir que Max, qui joue Mercutio, fait une entrée fracassante, la main sur le cœur et prenant une pose théâtrale exagérée.

- Ô Roméo, mon cher Roméo ! s'écria-t-il, la voix exagérément mélodramatique.

J'éclate de rire, incapable de garder mon sérieux.

- Max, c'est pas ton rôle ! dis-je en secouant la tête, amusé malgré moi.

Max hausse les épaules, feignant l'innocence.

- Peut-être, mais je ferais une excellente Juliette, non ? déclara-t-il, levant les bras comme s'il se tenait à un balcon. Ô Roméo, pourquoi es-tu Roméo ?

Le rire éclate dans toute la salle, et même Justine, qui joue la vraie Juliette, ne peut s'empêcher de sourire.

- C'est moi, Juliette, lança-t-elle en se penchant légèrement pour rappeler son rôle. Mais je dois admettre que tu ferais une Juliette... très spéciale, Max.

Je me joins aux éclats de rire du groupe. Ces répétitions de théâtre sont des moments précieux, où l'atmosphère se détend, où le texte devient un objet pour improviser et s'amuser.