Alors que l’avion fendait le ciel, Louciana s’enfonça dans le siège et se laissa bercer par les souvenirs de ses voyages passés. Elle repensa aux paysages éclatants de ses terres colombiennes, mais aussi aux contrées lointaines qu’elle avait déjà explorées. Les jungles luxuriantes du Pérou, les rues vibrantes de Barcelone, les marchés animés de Marrakech. Elle avait visité ces endroits avec l’œil d’une artiste, capturant chaque nuance de couleur, chaque détail éphémère, comme pour figer l’essence de chaque lieu sur ses toiles.
Dans son atelier en Colombie, elle gardait ces toiles soigneusement rangées, empilées contre les murs ou suspendues, prêtes à être contemplées. Ses coups de pinceau donnaient vie aux ruelles pavées, aux champs de fleurs, aux montagnes lointaines baignées de brume. Chaque tableau racontait une histoire différente, chaque paysage semblait presque murmurer, comme pour l’appeler de nouveau.
Elle se rappela des voyages faits en compagnie de sa mère, des expéditions improvisées vers des villages reculés, où elles s’arrêtaient souvent pour partager un repas dans une petite cantine locale, discuter avec des inconnus, rire aux éclats. Sa mère avait le don de la rendre aventureuse, de lui montrer que chaque lieu, aussi éloigné soit-il, recelait une part de magie.
Puis, il y avait eu ses escapades avec Camila. Ensemble, elles avaient foulé des plages de sable doré, ri sous des averses torrentielles, et exploré des marchés nocturnes colorés où elles se perdaient à goûter chaque spécialité. Camila, toujours prête à transformer un moment ordinaire en fête, ajoutait une dose de folie et de rire à chacun de leurs voyages. Louciana sourit en se souvenant de la fois où elles avaient improvisé une danse en plein marché, sous les regards amusés des passants.
Perdue dans ses pensées, Louciana sentit soudain une présence à côté d’elle. Elle leva les yeux pour voir une hôtesse souriante se pencher vers elle.
- Puis-je vous proposer un rafraîchissement ? demanda l’hôtesse avec un sourire doux.
Louciana acquiesça, se redressant doucement.
- Oui, merci… un jus d’orange, s’il vous plaît.
L’hôtesse hocha la tête et lui tendit un verre. Louciana prit une gorgée, laissant le goût acidulé lui rappeler les matins ensoleillés de sa Colombie natale, où elle savourait les jus frais dans la douceur de l’aube. Le parfum du jus la ramenait aux petits déjeuners passés sur le balcon, entourée de croquis et de pinceaux, rêvant déjà d’autres horizons à explorer.
Elle posa le verre, le regard tourné vers l’horizon lointain par le hublot, sentant au fond d’elle-même le doux mélange d’excitation et de nostalgie qui accompagnait chaque départ. Ce voyage, elle le savait, marquerait un tournant.
Alors qu’elle contemplait les nuages par le hublot, l’avion fut secoué soudainement. Une première secousse, légère, à peine perceptible, mais qui éveilla chez Louciana un soupçon d’inquiétude. Elle se redressa dans son siège, observant autour d’elle. Les passagers, pour la plupart, semblaient encore tranquilles, bien que certains échangeaient des regards interrogateurs. Elle se rassit, essayant de se convaincre que ce n’était rien d’anormal.
Mais à peine avait-elle pris une respiration que l’avion fut pris d’une secousse plus violente. Ce coup-ci, des murmures angoissés s’élevèrent, et une lumière clignota au-dessus de leurs têtes, demandant à chacun de s’attacher. La voix du pilote résonna dans la cabine, apaisante mais un peu tendue :
- Chers passagers, nous traversons une zone de turbulences. Merci de rester assis et attachés. Nous vous tiendrons informés de l’évolution de la situation.
Louciana sentit son cœur battre plus vite. Autour d’elle, les visages reflétaient la même inquiétude ; certains chuchotaient, d’autres serraient les mains de leurs proches, tandis que d’autres encore scrutaient l’hublot avec appréhension. Une femme plus âgée à deux rangées de là ferma les yeux et joignit les mains comme pour prier, tandis qu’un enfant serrait la main de sa mère, le regard paniqué.
Louciana prit une profonde inspiration, se répétant que tout irait bien. Les turbulences, elle en avait entendu parler, elles faisaient partie du voyage. Pourtant, la peur la saisit, un frisson glacé remontant le long de sa colonne vertébrale. Elle ferma les yeux, serrant les accoudoirs de toutes ses forces, essayant de puiser dans ses souvenirs de calme. Elle repensa à la voix rassurante de sa mère, aux rires de Camila, aux matinées tranquilles dans son atelier.
Mais la réalité la rattrapa brutalement lorsque l’avion plongea brusquement de quelques mètres, comme s’il était emporté par une main invisible. Des cris s’élevèrent dans la cabine, un cri étouffé s’échappant même de ses propres lèvres malgré elle. Elle sentit l’adrénaline affluer, sa gorge se serrer. Son esprit était pris dans une lutte entre la panique et le besoin de garder son calme.
Elle inspira lentement, essayant de chasser l’image de l’avion tombant en chute libre. Elle se répéta intérieurement que l’équipage était formé pour ces situations, que tout cela finirait par passer. Pourtant, le bruit sourd du vent à l’extérieur et les secousses laissaient peu de place à la raison.
À côté d’elle, un jeune homme semblait à peine contenir sa propre angoisse. Il tournait la tête vers elle, cherchant une forme de réconfort, et Louciana lui adressa un sourire qui se voulait rassurant malgré la peur qui lui nouait le ventre.
- Ce… ça va aller, dit-elle doucement, comme pour se convaincre elle-même.
Le jeune homme hocha la tête, forçant un sourire, mais Louciana voyait dans ses yeux le même mélange de terreur et d’espoir fragile.
L’avion fut secoué de nouveau, et un bagage mal arrimé tomba d’un compartiment, s’écrasant dans l’allée avec fracas. Des cris résonnèrent, et Louciana ferma les yeux, se concentrant sur sa respiration. Elle murmura silencieusement des mots apaisants, presque comme une prière, chaque inspiration devenant une promesse de tenir bon.
La voix du pilote retentit de nouveau, légèrement plus rassurée cette fois :
- Nous devrions bientôt sortir de cette zone de turbulences. Merci de garder votre calme.
À ces mots, Louciana sentit une vague de soulagement, même si ses mains tremblaient encore. Elle desserra lentement ses doigts des accoudoirs, prenant conscience de la tension dans son corps. Les secousses commencèrent à se calmer peu à peu, et les murmures paniqués dans la cabine se muèrent en soupirs de soulagement.
Elle jeta un dernier coup d’œil par le hublot, observant l’horizon qui s’étendait de nouveau dans une paix apparente. Elle reprit lentement son souffle, remerciant silencieusement le ciel, et se promit d’envoyer un message à Camila dès qu’elle atterrirait pour lui raconter cette aventure mouvementée.
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Entre les murs du Palais
RomanceDans un ciel de promesses brisé par un accident tragique, Louciana émerge, seule survivante d'un vol funeste, son destin bouleversé à jamais. L'avion échoue près des dunes dorées du royaume d'Aramzah, un pays désertique où le sable chante des légend...