Il était très tard lorsque Lily se réveilla encore en sursaut. La chambre était baignée d'une lumière sombre, et l'atmosphère semblait lourde, pesante. La jeune fille tremblait de tous ses membres, inhalant difficilement l'air froid de la pièce.
Encore un autre cauchemar...
Malgré qu'elle soit enfin sortie vivante de cet enfer, ses longues nuits venaient sans cesse lui rappeler à quel point elle avait été faible et vulnérable. Tant d'heures passées à endurer ces supplices insoutenables, ne s'oubliaient pas si aisément.
Des supplices...
La jeune duchesse, encore tremblante ne put s'empêcher de repenser une fois de plus à ce que le jeune Ciel avait lui aussi subit, aussi longtemps qu'elle. À son expression apeuré quand elle avait mentionné son passé.
Après tout, rien d'anormal à ça.
Cependant, ce soir là, elle avait remarqué avec surprise une étrange lueur dans les yeux du Limier. Lily soupira, une fois de plus. De toute évidence, le Comte Phantomhive dissimulait encore bien des secrets.
Qu'importe, les informations que je détiens sur lui me suffise amplement, et je n'irai pas chercher plus loin.
Les yeux clos, la duchesse repensa à cette lettre qu'Arthur avait fait parvenir à Weston Collège; Quelle affaire morbide allait-elle devoir résoudre?
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Le comte Aloïs Transi somnolait depuis plusieurs heures. Le manoir était plongé dans une obscurité béante. Ou du moins, seule une partie de la demeure était faiblement éclairée par la lumière vacillante d'une bougie, qui projetait uniquement quelques reflets sur les contours lisses d'un bureau en bois brillant. Penché au dessus d'une feuille blanche, la silhouette imposante du majordome Claude se dessinait dans l'obscurité.
Entre ses mains veineuses, il tenait une enveloppe à la surface maculée d'encre.
Le majordome fronça les sourcils.
Bien que la lettre paraissait banale, son contenu lui, l'était beaucoup moins. Sur un papier jauni, légèrement froissé, et un peu brulé aux extrémités, une écriture un peu gauche, brouillonne et précipitée dessinait des lignes aussi rouges que le sang.
Tant que la lune brillera,
Que le comte, transi de froid,
Renie son passé dix fois,
La mise en garde il ignorera.
Mais lorsque viendra l'heure,
De déterrer quelques souvenirs,
Que ses yeux seront remplis de peur,
Faudra-t-il alors mourir?
Jusqu'au dernier temps soyez fier.
Et gardez bien l'œil ouvert,
Sur cet oiseau qui déploie ses ailes,
On le nomme L'ANGE IMMORTEL.
D'un geste sec, Claude déchira le papier. La flamme tremblante de la bougie réduisit en cendre noire le reste du papier taché de sang, et très vite, il n'en resta plus rien.
Lentement, Claude se leva de son siège, dans l'impassibilité la plus totale. Lorsqu'il quitta l'antichambre, la flamme s'éteignit. Un morceau de cire blanche fondue coula sur la cendre sombre.
Le Maitre Aloïs Transi ne devait en aucun cas connaitre l'existence de ces mystérieux courriers.
Le majordome rehaussa ses lunettes en clignant des yeux. Un sourire fendit son visage quand il se fondit dans l'obscurité des murs du manoir.
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Lily étouffa un bâillement. Elle dû cligner des yeux plusieurs fois avant de reprendre ses esprits. À travers la fenêtre, la lumière du soleil fièrement dressé dans le ciel indiquait narquoisement à la jeune fille qu'elle avait dormit jusqu'en début d'après-midi. Lily sursauta, et sorti en un mouvement fluide de son lit, se demandant pourquoi Arthur ne l'avait pas réveillée. Elle franchit rapidement le pas de la porte, en enfilant une fine veste claire, longeant le couloir de l'aile gauche de la demeure.
Soudain, elle fut bousculée par une silhouette à l'allure élancée.
"Je vous demande pardon."
Lily leva la tête, et croisa le regard faussement confus d'Arthur. Manifestement, le démon n'arrivait toujours pas à exprimer des émotions avec son visage. Mais après tout, il n'était qu'un démon, sous forme humaine depuis que peu de temps.
"Tu aurais dû me réveiller.", s'impatienta Lily.
"Veuillez m'excuser.", fit le majordome en s'inclinant. "Mais il vous fallait dormir suffisamment afin de recevoir vos invités en bonne et due forme."
Des invités? Le manoir Allen n'attendait pourtant aucune visite.
"Je vous conseil de vous préparer en hâte, le comte Phantomhive et son majordome vous attendent dans le vestibule."
À ces mots, la jeune duchesse écarquilla ses yeux pâles, et parti s'habiller promptement. Arthur la guida ensuite vers le salon, avant d'ouvrir la porte d'un air solennelle.
Assis au creux d'un lourd fauteuil, proche de la table de billard, Ciel et son majordome levèrent les yeux vers l'ange immortel. La voix fluette mais néanmoins glaciale du comte résonna contre les murs et les colonnes de marbres.
"Duchesse Allen, j'ai à vous parler."
La jeune femme, étonnée de l'air grave de son interlocuteur, s'installa dans un fauteuil face à Ciel, et, d'un geste de la main, l'invita à continuer.
"Vous vous souvenez sûrement du troisième Limier de la reine, le comte Aloïs Transi."
"Tout à fait, je me rappelle de tout ce qui peut être lié à moi, et curieusement, les trois chien de la reine, comme on nous appelle, ont des passés entremêlés, très étroitement.", répondit simplement Lily.
Le jeune comte se figea à la mention de son propre passé, mais essaya de le cacher.
"C'est vrai... Mais ce n'est pas le sujet. J'imagine que vous avez des oreilles partout, donc vous êtes au courant...", hésita-t-il.
"J'avoue être occupée par d'autres missions ces derniers temps, je n'ai pas beaucoup eu le loisir de vous surveiller.", confia-t-elle.
Ciel, que la présence mystérieuse de la duchesse mettait extrêmement mal-à-l'aise, tentait vainement de ne pas se concentrer sur les yeux parmes inexpressifs, le chignon flou blanc, la robe flottante couleur prune, et la peau étrangement pâle de la jeune fille, qui lui semblait être l'allégorie de la mort. Le comte croisait et décroisait les jambes nerveusement, tant l'aura de la jeune femme l'effrayait.
"Auriez-vous des informations sur votre passé à nous confier, qui pourraient nous éviter de nous mettre en danger inutilement?", questionna-t-il lentement.
Le regard de Lily s'aiguisa, et l'atmosphère déjà glaciale du manoir vira au froid polaire.
"Cela dépend de ce que vous voulez savoir.", fit la jeune fille précautionneusement.
"Vos origines sont-elles un danger pour les Limiers?", interrogea le comte de but en blanc.
Si la jeune duchesse était surprise, il n'y avait pas la moindre émotion qui transparaissait sur son visage. Le comte frissonna.
"Hem, le comte Aloïs ne donne plus de signe de vie depuis plus de deux semaines.", dit-il.
"Pardon?"
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De toute façon je vais mourir.
Fanfiction"Souffrance" Encore une fois. Comme d'habitude, elle ne pouvait que monter sur la table de torture, sous le regard apeuré des autres enfants. "Douleur" Toujours. Pourquoi vivre, quand la seule personne sensée de ce monde à disparue.