De toute façon je vais mourir.

Bal costumé

Plusieurs jours après l'annonce, la robe demandée par la jeune fille fut prête, collant parfaitement au thème proposé, avec ses nuances multicolores qui rappelaient un arc-en-ciel, et sa teinte globalement sombre, se rapprochant de la couleur des orages. En plus d'être bien taillée, la tenue mettait en valeur sa beauté fulgurante, prête à en faire tomber plus d'un sous son charme.

Le majordome complimenta sa maitresse, qui resta stupéfaite devant l'impressionnant travail de couture qu'elle portait sur sa fine silhouette.

"C'est un excellent travail Arthur, elle est parfaite.", dit Lily en se tournant vers son homme de main.

Celui-ci s'inclina, et répondit qu'il n'avait fait que son devoir de majordome.

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Le jeudi dix huit arriva bien vite, et la jeune fille se mit en route, accompagnée d'Arthur. Le trajet ne fut pas long, et la jeune fille ne s'impatienta pas plus que ce qu'elle ne l'était déjà. Pour patienter, elle relut les notes qu'elle avait accumulé sur les deux Limiers au court des dernières semaines. Grâce à ses compétences de déguisement et d'espionnage, elle avait pu connaitre tous les détails des passés tragiques des deux comtes.

Devant le grand manoir de la famille Transi, Lily fut tenté de tourner les talons, tellement cet endroit lui retournait l'estomac.

L'homme contre qui elle éprouvait une profonde rancœur avait habité ces lieux. L'homme qui l'avait tant dégouté de son propre corps avait vécu ici.

La jeune fille se tint toutefois bien droite quand le majordome du comte, Claude selon ses recherches, leur ouvrit.

"Mademoiselle, monsieur était impatient de vous rencontrer.", la salua-t-il. "Entrez, je vous en prie."

L'étrange majordome les conduisit jusqu'à la grande salle de bal du manoir, où attendait déjà une trentaine d'invité, tous habillés de bleu clair, ce qui fit sourire la jeune fille, qui se dit que leur originalité n'avait d'égale que leur égocentrisme.

En haut des escaliers se trouvait un jeune homme blond, le comte sans doute, qui détaillait la foule avec ennui. La jeune fille se dirigea vers les escaliers pour le saluer, mais le comte descendit de lui-même, s'arrêtant à sa hauteur.

"Je vous salue comte.", dit-elle en inclinant légèrement la tête, pendant que le jeune Transi la détaillait.

Si une chose fit beaucoup rire la jeune fille intérieurement, ce fut bien la réaction du comte:

Son visage afficha tour à tour une expression de doute, puis de méfiance, et enfin d'émerveillement. Le jeune Transi le trouva aussitôt belle, dans sa robe. Au début, elle n'avait rien de spécial, mais plus il la regardait, plus il la trouvait éblouissante. Il poussa un sifflement.

"Eh bien, si on m'avait dit que vous étiez si jolie duchesse, je n'aurai certainement pas cru ma source, mais vous êtes tout simplement magnifique ce soir!"

Il tendit son bras vers la jeune fille, qui eut un mouvement de recul, puis sourit doucement.

"Au vue de votre réaction, j'en déduis que vous avez déjà rencontré mon père, le comte Transi, qui est mort il y a peu."

"Étiez-vous proche de lui?", demanda la duchesse en prenant le bras du comte.

"Non, je le détestais pour être tout à fait honnête. Selon ma théorie, vous êtes comme moi, il vous a fait subir la même chose, je me trompe?"

La jeune fille baissa les yeux, se remémorant la conduite du comte à son égard, quand il l'attrapait par les cheveux, ou quand il lui touchait la hanche. Ces souvenirs, si repoussants, n'avaient de cesse de venir troubler ses nuits, quand elle parvenait à trouver le sommeil.