Chapitre 12

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Andrew

Ça y est, aujourd'hui c'est le retour en cours. Ce qui veut dire que je vais revoir Tyler. Il est là dernière personne que j'ai envie de voir mais pourtant, ça me manque de ne pas le voir.

J'arrive au lycée et vais directement rejoindre mes meilleurs amis pour me changer les idées. Ça marche mais seulement un temps car, malheureusement, je dois aller en cours et par conséquent, le voir.

Je m'installe comme d'habitude à côté de la fenêtre. Je le vois passer la porte de la salle pour aller s'asseoir à l'opposé de moi. Je mentirais si je disais que ça ne me dérange pas qu'il soit loin. La distance qu'il nous impose me fait mal.

~•~

C'est l'heure de la répétition de la comédie musicale. J'espère que Tyler viendra même si c'est peu probable. Je m'assois sur un banc de la salle et sors mon texte.

Tyler

Je n'étais pas sûr de venir à la répétition mais je passe finalement la porte de la salle de théâtre. Je ne peux m'empêcher de chercher Andrew du regard.

Il lève la tête et je percute ses magnifiques yeux bleus. Il détourne rapidement le regard. Je vais m'asseoir à une bonne distance de lui pour ne pas être tenté.

Les profs nous expliquent, comme à chaque fois, le déroulement de la répétition.

Vient finalement le moment tant redouté : passer devant tout le monde.

D'habitude ça ne me dérange absolument pas, au contraire. Mais là, c'est avec Andrew. On ne s'est pas reparlé depuis l'autre soir dans la rue et je ne suis pas sûr que notre texte soit très adapté à la situation.

Je me retrouve donc face à lui. Je connais la scène par cœur, les répliques aussi. J'ai travaillé dessus toutes les vacances. Mais là, j'ai l'impression de ne plus rien savoir.

- C'est quand vous voulez, nous informe Madame Alvaro.

Andrew se tourne et commence à partir. Je lui saisis le bras pour l'obliger à s'arrêter. Nous n'avions pas eu de contact physique depuis l'autre jour chez lui, et ça me provoque un léger frisson que j'essaie tant bien que mal d'ignorer.

- Lucas, attends ! S'il te plaît, pars pas comme ça.

- Et pourquoi ?!

- Je pensais pas ce que j'ai dit, je te le jure.

Quand les mots passent la barrière de mes lèvres, ils sont sincères, je ne joue pas un rôle en les disant.

- Ah ouais ! Si t'arrives à t'en convaincre c'est le principal.

Il marque une petite pause avant de reprendre :

- On sait très bien tous les deux que tu le pensais. Es des couilles merde ! Pour une fois !

Il me regarde dans les yeux et je vois dans son regard que lui non plus ne joue pas.

- T'as fait une connerie que t'assumes pas et tu fuis. Tu sais quoi ? Tu te donnes un style avec ton assurance et ton arrogance mais en vrai, t'es qu'un lâche. Ouais, t'es un putain de lâche Ander !

- Tu penses que c'est facile pour moi ?! Bah non, ça l'est pas ! Et puis on peut pas dire que tu m'aides !

Je n'ai absolument plus conscience de l'endroit où je me trouve ni des personnes qui m'entourent. Les profs doivent se dire que nous sommes en totale impro mais, la vérité, c'est que nous avons besoin de régler nos comptes. Et tant pis si ça doit se passer ici et maintenant.

- Ah, parce qu'en plus, c'est à moi de t'aider ?! C'est toi qui a fait le premier pas, pas l'inverse !

C'est à ce moment-là que je suis heureux que notre embrouille colle parfaitement à l'histoire de la comédie musicale, sinon, il y aurait eu un petit problème.

- Et puis c'est pas une maladie ! Merde, fait un effort ! T'es pas assez con pour avoir peur de ça ?! Qu'est-ce que les gens en ont à foutre que tu sois gay putain ?! Ils vont rien te faire !

Là s'en est trop. Ma limite de tolérance est dépassée.

- Avant de me juger, va vivre tout ce que j'ai vécu et relève-toi ! Après, peut-être que tu pourras me juger ! C'est pas parce que c'est simple pour toi que ça l'ai pour tout le monde ! T'en a peut-être rien à foutre que les gens voient que t'es gay, mais c'est pas le cas de tout le monde !

- Je suis juste moi, et si ça te plaît pas bah tant pis pour toi, car moi je changerai pas !

Il tourne les talons et prend la direction de la sortie. Les professeures nous regardent, mi-impressionnées mi-surprises par ce à quoi elles viennent d'assister.

Elles nous fixent mais je ne les vois pas. La seule personne que je vois, c'est Andrew qui récupère son sac. Il s'arrête devant la porte.

- C'est bien, reste dans ton placard, c'est mieux que de vivre pleinement.

Puis il sort.

Je descends de l'estrade et fais de même. Je ne veux clairement pas rester face à toutes ces personnes que je ne connais pas et qui me fixent incrédules.

Il reste à peine trente minutes avant la reprise des cours et je n'arrive pas à me sortir les paroles d'Andrew de la tête.

Ils vont rien te faire !

Si tu savais ce que j'ai vécu, tu comprendrais.

C'est bien, reste dans ton placard, c'est mieux que de vivre pleinement.

Je n'ai pas le choix. Je ne veux pas, non, ça ne peut pas recommencer. Car, si ça arrive, ce serait mille fois pire que la première fois.

Âmes OpposéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant