Chapitre 2 : Sous le Regard de Glace

1 0 0
                                    

---

Les jours suivant son arrivée chez Ferral Enterprises, Emma s’efforça de s’adapter aux attentes strictes de son nouveau poste. Son travail consistait principalement à assurer la fluidité des échanges entre le reste de l’équipe et Alexandre Ferral, le directeur, un homme aussi impénétrable que le bureau de verre où il passait ses journées, à l’angle de l’étage.

Chaque matin, elle préparait soigneusement son café noir et s’assurait que tous les dossiers qu’il attendait étaient impeccablement organisés. Son bureau n’était qu’à quelques mètres de celui d’Alexandre, séparé par une grande vitre qui servait de cloison. Elle le voyait s’y tenir en permanence, concentré sur des documents ou absorbé dans des appels, sans jamais se laisser aller à la moindre distraction.

Elle avait croisé son regard plusieurs fois à travers cette vitre. Chaque échange visuel, aussi bref soit-il, semblait l’ancrer un peu plus dans l’étrange fascination qu’elle ressentait pour lui. Alexandre ne laissait rien transparaître ; il la fixait de ses yeux bleus sans expression, comme s’il tentait de déchiffrer une équation complexe. Elle tentait de rester impassible, de ne pas montrer combien ces instants la troublaient, mais son cœur s’emballait à chaque fois.

Un matin, alors qu’elle transportait une pile de dossiers particulièrement volumineuse, Emma trébucha en traversant le couloir vers son bureau. Elle se pencha aussitôt pour récupérer les documents éparpillés, priant pour que personne ne l’ait vue dans cet instant d’inattention. Pourtant, lorsqu’elle releva la tête, elle croisa le regard perçant d’Alexandre qui l’observait de l’autre côté de la vitre, les bras croisés. Elle sentit son visage s’empourprer sous ce regard aussi froid que précis.

« Vous êtes toujours aussi… distraite, Mademoiselle Dubois ? » lança-t-il d’une voix calme mais tranchante, qui ne laissait place à aucune indulgence.

Elle ne sut quoi répondre. Les mots semblaient s’envoler devant l’intensité de ce regard qui la scrutait comme s’il évaluait chacun de ses gestes. Finalement, elle murmura un « Je… je suis désolée, Monsieur Ferral », et se hâta de ramasser les derniers papiers avant de les poser sur son bureau.

Alexandre la fixait encore, silencieux, comme s’il attendait quelque chose d’elle. Mais après quelques secondes, il détourna le regard et reprit son travail, la laissant dans un étrange état de nervosité mêlée de trouble. Une fois seule, elle se sentit presque soulagée, mais un étrange frisson lui parcourut l’échine lorsqu’elle repensa à ce regard fixe et à ce commentaire, aussi froid que méticuleux.

---

Les jours suivants, Emma redoubla de précautions pour éviter la moindre erreur. Elle s’appliquait à placer chaque dossier en ordre, chaque note au bon endroit. Elle ne pouvait se permettre le moindre faux pas ; elle le savait bien maintenant. Alexandre Ferral n’était pas le genre de supérieur à qui l’on pouvait dissimuler quoi que ce soit.

Un après-midi, alors qu’elle finissait de classer les dossiers de la journée, elle remarqua son reflet dans la vitre qui la séparait du bureau d’Alexandre. Son cœur fit un bond en s’apercevant qu’il la regardait à nouveau, comme s’il la scrutait sans qu’elle s’en aperçoive. Elle détourna vite les yeux, tentant de se concentrer sur son travail. Pourtant, elle ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil en coin. Il était toujours là, les bras croisés, son expression impassible semblant percer chaque recoin de son être.

Elle se demanda ce qu’il pouvait bien penser. Ce regard était-il celui d’un simple employeur ou cachait-il autre chose ? Elle se sentait absurde de se poser de telles questions, mais ces pensées persistaient. Alexandre Ferral était un mystère, un homme aussi froid que fascinant, et malgré son apparente rigidité, il avait ce don de la troubler en un seul regard.

---

Emma continuait de travailler avec soin, tâchant de ne pas trop se faire remarquer. Mais elle ne pouvait s’empêcher de ressentir une tension étrange chaque fois qu’elle passait près de la cloison de verre. Le regard d’Alexandre semblait toujours la suivre, la jauger, comme s’il cherchait à comprendre qui elle était vraiment.

Un soir, alors qu’elle rangeait les derniers documents du jour, elle sentit une présence derrière elle. Elle tourna la tête et le vit, debout, les bras croisés, son regard rivé sur elle. Elle déglutit, tentant de garder son calme.

« Mademoiselle Dubois, » dit-il d’une voix posée, « assurez-vous de ne pas renverser de café sur ces documents. »

Elle hocha la tête, se sentant rougir. « Oui, Monsieur Ferral. »

Elle se détourna aussitôt, espérant échapper à ce regard perçant, mais elle ne pouvait ignorer le sentiment qui se formait en elle, celui qu’Alexandre semblait remarquer chaque détail d’elle, la moindre de ses erreurs, le plus petit geste. Un simple rappel, rien de plus, se répétait-elle pour se rassurer. Mais quelque chose au fond d’elle lui disait qu’il y avait plus, que cet homme n’était pas aussi indifférent qu’il en avait l’air.

Ces jours passés sous l’observation constante d’Alexandre avaient éveillé en elle une curiosité qui ne cessait de grandir. Elle ne parvenait pas à comprendre cet homme à l’allure si imposante, ce patron qui ne laissait paraître aucune émotion. Ses pensées étaient de plus en plus tournées vers lui, malgré elle, et elle se faisait violence pour chasser ces idées.

Elle se surprit parfois à l’imaginer différemment, à se demander s’il pouvait être autre chose que ce masque froid et impeccable. Elle tentait de se raisonner, de se dire qu’elle devait rester professionnelle, garder ses distances. Mais chaque échange, chaque regard échangé à travers la vitre ne faisait qu’attiser ce trouble qui grandissait en elle.

---

À la fin de la semaine, Emma se promit de ne pas accorder autant d’importance à Alexandre Ferral. Elle se persuada que ce n’était qu’une fascination passagère, une simple réaction face à la nouveauté de son poste. Mais elle savait, au fond d’elle, que son calme habituel était ébranlé, que cet homme au regard de glace avait éveillé en elle quelque chose d’inattendu.

Troublante Attirance Où les histoires vivent. Découvrez maintenant