Chapitre 3 : Le Manteau sous la Pluie

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La journée avait été longue, ponctuée de petites urgences, de courriels interminables et de coups de téléphone en cascade. Emma se plongeait avec sérieux dans chaque tâche, bien déterminée à ne plus reproduire les maladresses des jours précédents. Mais au bout de plusieurs heures, ses paupières se faisaient lourdes, et elle dut consulter sa montre pour réaliser qu’il était déjà neuf heures du soir.

La plupart des bureaux étaient désormais vides, les cloisons de verre entourant le sien semblaient désertes. Seule la lumière du bureau de son patron perçait encore à travers la vitre, un rappel silencieux de l’exigence presque inhumaine qu’il s’imposait.

Emma hésita un instant avant de frapper doucement à la porte, juste pour l’informer de son départ.

« Monsieur Ferral ? »

Alexandre leva les yeux de son ordinateur, un pli soucieux barrait son front, signe de la concentration intense qu’il portait à son travail. Il lui jeta un bref regard, silencieux, en attendant qu’elle parle.

« Je vais rentrer chez moi, » dit-elle d’une voix douce. Elle ajouta, sans pouvoir s’en empêcher : « Bonne soirée. »

Il hocha la tête. « Bonne soirée, Mademoiselle Dubois. »

Elle s’efforça de ne pas paraître trop insistante en l’observant une seconde de plus. Sous l’éclat blafard de la lampe de bureau, il avait l’air encore plus fatigué que d’habitude, comme si le poids de chaque dossier qu’il étudiait se déposait sur ses épaules. Elle faillit lui glisser qu’il ferait mieux de rentrer se reposer lui aussi, mais ce n’était pas son rôle. Elle se contenta donc d’un léger sourire et fit demi-tour.

Descendant les étages dans le silence de l’ascenseur, Emma se sentait envahie par une étrange sensation de satisfaction. Malgré les heures, malgré la fatigue, elle avait l’impression d’avoir fait son travail correctement. Une réussite qu’elle aurait aimé voir confirmée par un mot ou même un regard d’Alexandre, mais qu’il avait semblé à peine remarquer. En arrivant au rez-de-chaussée, elle expira doucement et se dirigea vers la sortie avec le sentiment d’une victoire discrète.

Mais à peine posa-t-elle le pied dehors qu’elle s’arrêta net. Dehors, la pluie battait les pavés avec force, formant de petites rivières qui ruisselaient vers le caniveau. Elle ouvrit son sac à la recherche de son parapluie, mais ses doigts ne rencontrèrent que des carnets de notes et son téléphone.

« Oh non… » marmonna-t-elle, jetant un regard désemparé vers les rues sombres et noyées sous l’averse. Elle grimaça, s’imaginant déjà rentrer trempée, ses vêtements collés à la peau. Elle n’avait même pas de veste, juste une légère blouse qui ne tiendrait pas une seconde sous une pluie pareille.

Elle n’eut pas le temps de décider de son sort qu’elle entendit des pas approcher derrière elle. En se retournant, elle découvrit Alexandre Ferral, qui se tenait juste derrière elle, impassible, une expression indéchiffrable dans les yeux.

« Vous n’avez pas de parapluie ? » demanda-t-il d’une voix neutre, mais un peu plus douce que d’habitude.

Surprise, Emma hésita avant de secouer la tête. « Non… je pensais en avoir un, mais je suppose que je l’ai oublié. »

Un silence suivit, pendant lequel elle sentit le regard d’Alexandre glisser sur elle, comme s’il évaluait discrètement son embarras. Puis, contre toute attente, il ôta son propre manteau et le lui tendit, un geste simple et fluide qui la laissa bouche bée.

« Prenez-le. Vous en avez plus besoin que moi, » dit-il, son ton toujours calme, sans la moindre trace d’émotion.

Emma sentit ses joues s’empourprer. Elle fixa un instant le manteau sombre tendu devant elle, puis les yeux d’Alexandre, qui la fixaient avec insistance, attendant qu’elle accepte.

Troublante Attirance Où les histoires vivent. Découvrez maintenant