La Trinité des Monstres - Tome 6 - l'ultime affrontement

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Judas se tenait devant son maître, tête respectueusement baissée, attendant que Défos ait fini de se repaître de l'âme qu'il extrayait de la jeune femme qui lui avait été apportée. Lorsque le titan, mesurant maintenant cinq mètres de haut, laissa tomber le corps momifié au sol, il bascula la tête en arrière en poussant un long soupir satisfait.

— Ah... Je ne connais rien de plus goûtu que l'âme d'une jeune femme vierge. Même l'âme des nourrissons n'est pas aussi satisfaisante à consommer.

Il baissa la tête et observa Judas quelques instants avant de reprendre en souriant.

— Judas, mon fidèle serviteur, tu as quelque chose à me dire ?

— Oui, Seigneur Défos. Nos troupes commencent à se rassembler. Vampires, humains et Changeformes, tous sont en route et prêts pour le combat final.

Défos plissa les paupières, comme s'il se concentrait pour lire l'âme de son serviteur, avant de demander.

— Quelque chose te préoccupe. Dis-moi tout.

Judas hésita quelques instants, avant de relever la tête en demandant, une peur immense dans les yeux.

— Comment allons-nous faire ? Même si les pouvoirs que vous nous avez donnés sont immenses, notre infériorité numérique est colossale... Toutes les races de ce monde se sont rassemblées pour nous affronter, et vous dites vous-même qu'ils savent déjà où nous allons frapper. Ferons-nous le poids face à eux ? D'autant que nous autres, vampires, ne pouvons combattre en plein jour...

Défos se mit à rire avant de répondre.

— Ne t'en fais pas pour ça. Pour commencer, je me suis créé une armée, quand j'étais prisonnier du Néant, et elle n'attend que mon ordre pour déferler sur Gaïa. Ensuite, n'as-tu pas noté ces lourds nuages qui s'accumulent depuis mon arrivée ? Ce n'est pas la météo qui est capricieuse. Ce monde va lentement, mais sûrement plonger dans les ténèbres, et vous serez alors libres de marcher à la surface de Gaïa même en plein jour, car le soleil ne vous attendra plus. Le Néant va s'abattre sur Gaïa, c'est inéluctable. Et, s'ils ne sont pas complètement idiots, ils doivent bien se douter que ma conquête reprendra là où elle s'était arrêtée. Mais, ce n'est pas grave qu'ils viennent s'opposer à moi, je n'ai pas peur. Bientôt, Brocéliande ne sera plus qu'un immense champ de terre stérile jonchée des cadavres de mes ennemis. Plus rien ne peut m'arrêter, maintenant.

Un sourire extatique aux lèvres et les larmes aux yeux, Judas s'exclama.

— Oui, Maître ! Bientôt, cette maudite planète sera vôtre, et alors votre vengeance s'abattra sur la Grande Mère ! Plus rien ne peut empêcher votre avènement ! Et je serais fier d'y assister !

Défos se pencha vers lui, et sa grosse main caressa la joue de son disciple.

— Oui. Et toi, tu auras enfin la possibilité de prendre la non-vie de ta sœur, exterminant par-là même les survivants des Âmes Blanches. Plus aucun de mes fils n'œuvrera alors pour la Grande Mère. Elle aura définitivement échoué, et toi, tu pourras enfin goûter au sang des dragons.

Judas se mit à pleurer sans retenue.

— Merci, Maître. Vous êtes si bon avec moi...

— Parce que tu l'as mérité. Depuis que je t'ai contacté, tu m'as toujours été fidèle. Tu as renié ton mentor, ta sœur et tes amis pour moi, ta loyauté est sans égal, et je me devais de la récompenser. Mais, maintenant, il me faut encore gagner en énergie. Apporte-moi d'autres âmes, j'ai grand-faim !

Judas courba la tête en signe de soumission avant de répondre.

— Tout de suite, Maître.

Il fit demi-tour et s'en alla prestement, le cœur empli d'allégresse. Son dieu allait enfin prendre la place qui lui était due, et lui siégerait à sa droite.