CHAPITRE 4

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PREUVE

Minuit. Ewing. New Jersey.

Une voiture de police était stationnée à côté de la maison dans laquelle j'avais fêté mon retour en ville la veille. Beaucoup de monde s'était rassemblé en l'honneur du jeune homme.
Plusieurs de ses amis étaient adossés à leurs voitures, le regard vide, encore engloutis par le choc.
C'était dingue. On passait du temps avec quelqu'un, on s'attachait à lui, on créait des souvenirs. Et puis d'un coup, sans qu'on y soit préparés, il ne restait plus que ces souvenirs.
Et nous étions dorénavant seuls à les partager.
Je n'avais jamais perdu un être cher. J'ignorais comment je réagirais à leur place, je ne pouvais pas comprendre ce qu'ils traversaient. Mais je compatissais. Parce que c'était tout ce qu'il restait à faire, compatir et espérer qu'ils s'en remettraient.
— Ils l'ont retrouvé mort dans sa chambre, nous informa Rox d'une voix faible, la police pense qu'il s'est suicidé...
— Suicidé ? Pourquoi ils pensent qu'il s'est suicidé ?
Le froid me fit frémir et je resserrai les pans de ma veste.
— Parce qu'il a fait une overdose de cocaïne. Une trop grosse quantité pour penser que c'est juste une overdose.
Ça me rappelait la fille retrouvée morte dans la salle de bains. Elle aussi avait avalé une trop grosse quantité de produits.
— Les filles..., murmura Cody. Ce gars n'a jamais touché à la cocaine.
Je ne comprenais plus rien. Comment aurait-il fait une overdose s'il n'avait jamais touché à la cocaïne ? Peut-être que Cody ne le connaissait pas vraiment.
— Venez, on na plus rien à faire ici, nous dit soudainement Cody en passant son bras autour de mes épaules, je vous
ramène chez vous.
Cody détestait la présence de policiers, par peur qu'ils ne fouillent un peu trop dans ses affaires.
Dans la voiture, il semblait préoccupé, conduisant silencieusement. À vrai dire, il gardait le silence depuis qu'il avait appris pour l'overdose.
— À quoi tu penses ? demandal-je en me tournant vers mon acolyte de soirée.
Il secoua la tête, ne voulant pas m'inquiéter ni me dire ce qui le tracassait.
— Vous étiez où? Quand je vous ai appelés ? nous interrogea Rox.
Immédiatement, mon ventre se crispa.
— C'est vrai ça, dit Cody en me fusillant du regard, dis-lui où tu étais, Simones ?
Rox arqua un sourcil et je déglutis. Elle allait me faire ma fête. En résumé: nous étions à quelques secondes d'un bordel sans nom.
— Je... euh... Je vais tout t'expliquer, bafouillai-je en évitant son regard, tu vois, Cody m'avait parlé... d'un job, tu sais, je cherche... un job. Et... tu vois il m'a parlé d'un poste dans un club... The Box...
Excuse-moi ?!
Je sursautai violemment sur mon siège lorsque sa voix explosa dans l'habitacle. Mon cœur se mit à pomper très fort dans ma poitrine et Cody me lança un regard inquiet.
Tu es allée où ?! hurla Rox.
- Ne lui crie pas dessus, Rider, dit Cody en lançant un regard à Rox dans le rétroviseur.
Les poings serrés, mon amie fulminait à l'arrière tout en m'assassinant du regard.
— Combien de fois je t'ai dit de ne jamais aller dans des endroits comme ça sans moi ?
— Je ne l'avais pas prévu, me justifiai-je en levant les bras, mais j'étais curieuse.
— En plus avec Cody ! Le mec louche qui vend à d'autres mecs encore plus louches! Tu ne sais pas à quel point cet endroit est dangereux, Iris !
Je ne répondis rien, je savais qu'elle avait raison. Je l'avais vu de mes propres yeux.
— Et toi, tu as accepté !
- Ne reporte pas ta colère sur moi, tu sais que c'est une tête de mule quand elle s'y met, se défendit Cody.
Rox me lança un regard noir et je soupirai en fixant la route. C'était bien parti pour une leçon de morale autour de burgers et de nachos. Youpi.

Deux jours plus tard. Ewing. New Jersey. 17 heures.

- On va bientôt partir, trésor.
Un petit sourire étira mes lèvres alors que je regardais un père et sa fille jouer à quelques mètres. Ma gorge se noua doucement.
On veut que ce qu'on n'a pas.
Assise seule sur la même balançoire où j'étais deux jours plus tôt avec Cody, je regardai mon téléphone et soupirai.
Toujours aucun signe de mon père, malgré mes appels. Je décidai done de lui envoyer des messages, tout en activant le mode avion, massurant ainsi qu'il ne les recevrait pas.

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