CHAPITRE 5

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DANGEREUSE SOIRÉE

Deux heures du matin. Ewing. Appartement d'Iris.

« ... Ça serait dommage de laisser nu un si joli cou. »
Un frisson remonta le long de mon échine. Il m'avait parlé.
Sa voix grave et masculine résonnait dans ma tête; mon cerveau venait de trouver sa nouvelle obsession. Je me retournai alors que la chair de poule recouvrait mon épiderme nu.
Je n'avais raconté cette conversation ni à Rox ni à Cody, de peur de signer mon arrêt de mort. Je ne voulais pas me faire crier dessus, et en plus l'idée de retourner au Box me tentait terriblement.
— Tu dors? me demanda Rox.
J'enlevai un de mes écouteurs et levai la tête en direction de mon amie, qui mangeait des nouilles.
— Non, mais je vais bientôt le faire, annonçai-je. Si je m'endors avant que tu partes, enlève mes écouteurs de mes oreilles.
Elle hocha la tête puis alla dans la cuisine, et je reposai ma tête sur l'oreiller. Tout en jouant avec mon collier, je repensai au motard. Moi qui avais eu peur de lui à la station, je me retrouvais à le remercier intérieurement. Comment avais-je fait pour ne pas voir que j'avais perdu mon bijou ? Et être persuadée de l'avoir laissé chez ma mère, de surcroît ?
Rufus, mon hamster, courait bruyamment dans sa roue. Ce rongeur était mon conident préféré et, comme je ne pouvais pas 'emmener partouravais moi, Rox m'avait offert un hamste en peluche que je pouvais trimballer à sa place. Rufus, deuxième du nom, était toujours dans ma voiture.
— Tu sais, Rufus, maman est tombée sur un très beau garçon dans un club bizarre, murmuraie, et elle aimerait beaucoup le revoir. Bien sûr c'est une très mauvaise idée, parce que c'est dangereux, mais... est quand même une idée.
Ce mec m'intriguait. Le souvenir de sa voix faisait encore vibrer mon corps. Je ne pensais pas pouvoir être autant attirée par une simple voix, et pourtant...
Je secouai la tête et j'inspirai profondément. Mes paupières devinrent lourdes et je baissai le volume de ma musique, sentant le sommeil m'emporter sur les notes de la chanson.

— Iris, elle a une maladie des yeux, madame !
La gorge nouée et les joues rougies par la gêne, je regardai les enfants se moquer ouvertement de moi. La professeure ignora les appels à l'aide qu'essayait de lui transmettre mon regard et répondit :
— Elle va arranger ça quand elle grandira.
Papa disait pourtant que j'avais de jolis yeux...
Je grimaçai de douleur en sentant quelqu'un me tirer par les cheveux.
Un camarade de classe plaqua un sourire sadique sur son visage avant de lancer une paire de ciseaux sur moi, qui frôla mon visage.
— Professeure... vous pouvez leur demander d'arrêter ? l'imploraije discrètement.
— Ils jouent seulement avec toi, Iris, ne sois pas stupide.
Stupide.
Stupide.
Stupide.
— Tu es tellement stupide, Iris! burla subitement la voix de ma mère.
Stupide.
Stupide.
Stupide.
— Je crois que quelquium ta laissé un mot dans ton casier; rigola une fille du collège.
Le collège, 'étais à présent au collige. Je déverrouillai mon casier d'une main tremblante et une photo tomba à mes pieds. C'était moi. Mais il y avait deux trous sur la photo. À la place de mes yeux.
Soudain, des mains me plaquèrent contre le mur et la panique prit possession de mon corps. Je me débattis du mieux que je pouvais, mais trop de monde m'encerclait.
C'est à ce moment que je la vis. Un burlement de terreur m'échappa.
La cuillère.

Je me réveillai en sursaut, prise d'une violente vague de nausée, et me levai tout de suite pour aller vomir dans la salle de bains. Mes cauchemars revenaient lorsque je réfléchissais trop, et il fallait dire que je m'étais bien pris la tête ces derniers temps.
Je me rinçai la bouche puis partis vérifier si Rox avait bien fermé la porte en partant. Je saisis mon téléphone - et déroulai les écouteurs que Rox avait soigneusement enroulés autour - car marcher dans la pénombre me rendait anxieuse et que le halo de mon portable me rassurait. J'avais toujours P'impression que je n'étais pas seule chez moi, que quelqu'un avait pu entrer par effraction. Mais ce soir, particulièrement, je sentais comme une présence dans la pénombre.
— Pourquoi me faire rêver du collège alors que tu peux me faire rêver du beau mec du club ? demandai-je à haute voix à mon cerveau pour me calmer.
Une fois que j'eus la confirmation que la porte était bien fermée, je me rallongeai sur mon lit et refermai les yeux, espérant avoir enfin une nuit paisible.

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