GOÛT FRAISE
Mon cœur battait à tout rompre. Je reculai pour éviter d'être dans le champ de vision de Jacob. Ce dernier s'avançait sans écouter Vernon, qui lui disait de lâcher l'affaire.
Merde, pourquoi il n'écoute pas son copain !
— Iris? Putain, t'es où ?
Je vais la tuer avant même que Jacob ne pense à le faire.
Rox m'appelait encore et encore, et je m'enfonçai entre deux buissons pour échapper aux yeux scrutateurs de Jacob.
— Jacob, on n'a pas le temps là...
Mais oui, Jacob, vous avez un bras à enterrer.
- Non attends, répondit-il en s'avançant dangereusement de mon côté.
— Fait chier, murmurai-je en grimaçant.
Ses pas se faisaient de plus en plus bruyants à mesure qu'il se rapprochait de moi. J'avais le cœur au bord des lèvres. Sa silhouette surgit, me forçant à changer lentement de direction pour éviter d'être repérée. La peur faisait trembler mon corps et comprimait mes poumons. La sueur sur mes mains était telle que mes paumes devenaient glissantes.
Et, tandis que je reculais, mon pied heurta une branche qui craqua bruyamment.
- Attends...
Sa silhouete s'arrêta et sa tête pivota dans ma direction.
Mon souffle se coupa.
Putain, merde, merde, merde, merde.
- Qu'est-ce que tu as trouvé ? demanda la voix lointaine de Vernon.
Mon instinct de survie prit le dessus sur ma panique et une idée complètement folle me vint en tête. Ça ne pouvait pas être pire, de toute façon.
Je me laissai tomber au sol et versai le contenu de mon gobelet sur ma bouche et mon pull, grimaçant un peu à cause de l'odeur, alors que Jacob s'avançait vers moi. J'ébourifai mes cheveux et tachai mon pull de terre. J'arrachai une fleur à côté et je fis mine de rire en la regardant.
On m'avait toujours dit que j'étais bête quand j'étais bourrée.
- On dirait bien que ta copine te cherche... Je l'ai trouvée! s'exclama Jacob en regardant derrière lui. Et elle a l'air sacrément bourrée.
Je tournai la tête dans sa direction et fis mine d'ouvrir grands les yeux, comme si sa présence m'étonnait.
Natalie Portman ? Non... Iris Simones.
— Bourrée ? Moi ? Non j... J'ai bu un tout petit peu, dis-je en souriant de toutes mes dents.
Je fronçai les sourcils et fis mine d'essayer de me relever pour crier :
— Mais je te connais, toi !
— IRIIIIIS !
Il m'examina tandis que j'interprétais à merveille mon rôle, même si intérieurement j'étais au bord de la crise de panique.
— Jacob, on n'a pas le temps là !
- IRRRIIIIIIS ! entendis-je crier Cody, qui se rapprochait.
Je regardai d'un air hébété autour de moi, à la recherche des voix. Je ne cillai pas lorsque Jacob s'approcha de moi et me tendit sa main :
_Aller debout, trésor, tes amis sont en train de te chercher comme des fous.
Il me sourit en m'aidant à me relever mais je remarquai que ses yeux se posaient sur mon collier. Les battements de mon cœur redoublèrent.
— Tu l'as toujours, me dit-il en pointant du menton mon collier.
Il me souleva du sol, où j'étais allongée. Je souris mais ne répondis rien, scrutant autour de moi et faisant mine de m'arrêter sur chaque objet que j'apercevais.
D'un geste doux, il posa ses doigts sur mes cheveux et enleva les feuilles entremêlées dans mes mèches. Je combattis l'envie de dégager sa main.
- OK, trésor. Maintenant tu vas sagement attendre tes amis ici, on est d'accord ?
Je hochai la tête en souriant de toutes mes dents et lui tendis la fleur que j'avais gardée entre les mains. Je feignis un hoquet et il me proposa de l'eau. Je secouai négativement la tête puis entrepris de marcher en titubant légèrement.
- À bientôt alors, dit-il derrière moi. Fais attention, ne reste pas ici la nuit... tu pourrais te mettre en danger.
Mon cœur battait à cent à l'heure mais je ne répondis rien.
J'aperçus mes amis au loin, paniqués, alors que les pas de Jacob s'éloignaient derrière moi. Je continuai à avancer en grelottant et j'enlevai ce masque d'ivresse pour laisser transparaître mes véritables émotions : la peur et le soulagement.
Des larmes coulèrent de mes yeux lorsque j'entendis la voiture démarrer au loin. Un soupir soulagé s'échappa de mes lèvres. J'étais en sécurité.
- IRIS! s'écria Rox en me faisant de grands signes avant de courir vers moi.
Mon amie était au bord de la crise de panique, comme moi quelques minutes plus tôt. Elle hoqueta d'effroi en regardant mon tee shit sali par lalcool et la terre, et m interogea du regard.
- J'ai fait tomber mon gobelet, me justifiai-je en haussant les épaules, mais là je veux rentrer. S'il te plaît.
Cody sapprocha de moi. Sa grimace de dégoût m'arracha un petit rire. Même moi je me dégoûtais.
— Comment tu t'es fait ça ?
— J'ai vu un reportage qui disait que la terre, c'était bon pout les cheveux, lâchai-je, sarcastique. Je suis tombée, gros débile.
Absolument pas.
Mais je n'allais pas leur dire que j'avais espionné deux mecs en train d'enterrer un corps démembré.
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Lakestone
RomanceDans la tranquillité trompeuse de la ville d'Ewing aux États-Unis, Iris, confinée à la bibliothèque, est plongée dans ses révisions. À des kilomètres de là, un mercenaire affronte le froid tranchant de la nuit, aussi glaciale que le cadavre qu'il vi...