Chapitre 32 : Jingle Bells

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Un peu plus tard, la sonnerie de mon téléphone fixe retentit dans toute la maison.

Je réponds sans réfléchir et je le regrette aussitôt.

— Allo ?

— Bonjour Gingerbread.

Nick. J'aurais dû m'en douter.

Je reste silencieuse. Je ne sais pas trop comment réagir. Crier ou bien pleurer.

Non ! J'ai réussi à ne pas verser une seule larme depuis hier et ça a été très dur. Je ne vais pas lâcher maintenant.

— Tu n'as pas aimé mes fleurs Ginger ? Je peux t'envoyer des roses blanches si celles-ci sont si horribles à voir..., reprend Nick pour meubler le silence.

Comment il sait ça, lui ? Grrr... Tony !!!

— Qu'est-ce que tu veux Nick ? je demande, peu amène.

— Il faut qu'on parle.

— Et tu veux vraiment faire ça au téléphone ?

— Je croyais que tu ne voulais plus me voir... ?

— Oui, et ben tu sais quoi, je ne veux pas non plus te parler ! Inutile de rappeler !

Je raccroche sans lui laisser l'occasion de répliquer.

Il pourrait au moins faire l'effort de venir ici pour me demander des explications. Quel lâche !

Quelque temps après, le téléphone sonne à nouveau. De peur que ce soit encore lui, je préfère ne pas répondre et la sonnerie s'arrête enfin au bout d'une bonne minute.

Je relâche la respiration que je n'avais pas réalisé que je retenais. Puis je soupire avant de reprendre ce que je faisais. Mais mon soulagement est de courte durée. Le téléphone sonne ensuite sans cesse avant de s'arrêter après seulement quelques sonneries. Le concert improvisé ne semble pas au goût de Tony, qui regarde la télé dans le canapé pendant que je lis un livre, sous un plaid douillet dans le fauteuil adjacent. Exaspéré par une énième sonnerie, il se lève et s'apprête à décrocher.

— Si tu touches à ce téléphone, je te coupe les doigts avec un coupe-cigare façon Al Capone ! je le préviens calmement, sans quitter mon livre des yeux.

— Mais c'est insupportable ! craque-t-il, excédé. Comment veux-tu que j'arrive à suivre mon film avec ce harcèlement téléphonique ? Et si tu lui répondais au lieu de faire ta tête dure ?

Non. C'est à lui de se déplacer. Je ne céderai pas !

Ouais... Mais Tony ne mérite pas de subir ce martyre.

— Bon... Très bien ! je capitule en soufflant, avant de poser mon livre et de me lever du fauteuil.

Je m'approche de la table d'appoint en bout de canapé, où se trouve le socle de la ligne fixe, avec dessus le téléphone qui continue à s'égosiller. Je saisis le bloc et tire sur le connecteur du câble à l'arrière. La sonnerie s'étrangle avant de mourir définitivement.

— Voilà ! je décrète en reposant bruyamment l'engin sur la petite table. Comme ça, on sera tranquilles pour de bon !

— Pfff... !!! fait Tony en secouant désespérément la tête. Tête de cochon ! murmure-t-il  en reportant son attention sur l'écran.

Je reprends ma lecture, mais l'univers a vraiment décidé qu'il n'en avait pas fini avec moi.

Le festival des sonneries recommence au bout d'un quart d'heure seulement. Et cette fois, c'est la sonnette de l'entrée qui résonne.

Holly Garland sur les genoux du Père NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant