Il y a des odeurs qui vous transportent dans le temps, comme une machine à remonter les souvenirs. Ce matin-là, dans le métro bondé, je scrutais les visages des gens autour de moi. Froids, fermés, presque tous silencieux même l'ambiance semblait figée sous ce ciel gris. Je me disais que moi aussi, certains jours, je n'avais même pas envie de quitter mon lit pour affronter la journée.
Une femme d'une quarantaine d'années s'assoit à côté de moi. Soudain, un parfum familier flotte dans l'air, une odeur douce et chaude qui me ramène d'un coup à mon enfance. Tu sais, cette sensation où une simple senteur réveille un monde entier de souvenirs ? Ce parfum là me fait penser à celui de ma cousine Karima, celle que je retrouvais chaque été dans notre petite maison de Boulimat, en Algérie.
Ah, Boulimat... Un coin magnifique caché, réservé aux familles pendant la journée et qui, la nuit, devenait le terrain des fêtards et de certains visiteurs mystérieux. Pour moi, Boulimat, c'était surtout un refuge loin de la maison, loin de mon père. J'y allais avec ma tante, mes cousins, et parfois ma sœur. Une simple porte en bois vieillie donnait accès à notre petit cabanon tout bleu. Deux chambres, une cuisine minuscule et cette terrasse qui, en quelques pas, menait directement au sable fin. En fin de journée, on partageait des omelettes et des tomates fraîches que Karima cuisinait. Elle portait toujours son débardeur noir, ses shorts de sport, et sentait le monoï – une odeur qui, à ce jour, me fait revivre ces instants de liberté.
Là-bas, l'été, j'avais un refuge, loin de la maison et loin de mon père. C'était chez ma tante et ma cousine Karima. Cette plage isolée, ce cabanon modeste au bout d'un chemin poussiéreux.. J'y passais des journées entières à nager, à ramasser des coquillages, et à profiter de la simplicité de cette vie d'été.
À chaque fois que je me souviens de ces moments, j'entends aussi la chanson "Ghir Dini" d'Assia. Sa voix, ces paroles... elles me hantent encore. C'est fou comme certains souvenirs persistent, gravés dans nos cœurs et nos mémoires, n'attendant qu'une odeur, un son, pour refaire surface.
Et alors que le métro ralentit pour ma station, je me demande... Et si, un jour, je revenais là-bas ? Si je retournais à Boulimat, retrouver ces souvenirs, vérifier si ce cabanon, cette plage et ces parfums existent encore ?
Je ne sais pas si je retrouverais tout ça comme avant, mais une chose est certaine : il est temps que je le découvre.
YOU ARE READING
« Tu grandiras, tu oublieras. »
Não FicçãoPlongée dans une enfance chaotique, elle est témoin de la violence dévastatrice exercée par son père sur elle et sa mère. Chaque jour, elle aspire à sortir de cette souffrance et nourrit un rêve vibrant : celui de fuir son pays natal aux côtés de sa...