PAROXYSME

04 | Rhéa

RHÉA

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Assise sur les lavabos des toilettes, je serrais les dents pour faire face à la douleur qui traversait mon épaule. D'un mouvement de tête, je balance ma tignasse bouclée par-dessus mon épaule droite, libérant ainsi la gauche.

Je m'étais défaite de mon t-shirt et n'avais laissé que mon débardeur pour faciliter l'accès à ma plaie pour Nathan. Après qu'Alex me soit rentré dedans, Nate s'était empressé de m'emmener dans les toilettes des filles à l'étage, elles n'étaient que très peu utilisées, préservant l'intimité de la situation.

Mon meilleur ami imbibe une compresse d'alcool avant de la ramener lentement vers ma plaie. Il plante son regard inquiet dans le mien à la recherche d'une approbation que je lui accorde d'un hochement de tête.

Une douleur vive se propage dans tout mon corps à peine le bout de tissu posé sur ma blessure. Je sens l'alcool pénétrer dans ma peau et se frayer un chemin dans celle-ci, accentuant ce goût amer sur ma langue.

La mâchoire serrée, je retiens des grognements de douleurs, ne voulant pas attiser la pitié de mon ami.

J'évite son regard, mais je sens le sien posé sur moi, une pointe de culpabilité traversait ses yeux. Je vois sa mâchoire se crisper avant de concentrer à nouveau son regard vers mon épaule.

— Il ne t'a pas loupé, constate-t-il doucement en tapotant le coton sur ma blessure.

— Tu parles de mon père ou d'Alex ? demandé-je avec une pointe d'ironie voulant à tout prix décrédibiliser la situation.

Nathan me lance un regard sévère avant d'éloigner sa main de mon épaule. Il balance la compresse tâchée par mon sang dans une des poubelles avant de m'aider à enfiler son t-shirt étant donné que le mien était encore imbibé de sang. Heureusement, il en avait un de rechange.

— Ce n'est pas drôle, Rhéa, ça arrive de plus en plus souvent.

Je lève les yeux au ciel, fais mine de ne pas l'avoir entendu et descends du lavabo pour me mettre à son niveau. Il me dépasse de quelques centimètres seulement.

— Je gère, ne t'en fais pas pour moi.

— Dit-elle alors que je l'ai retrouvée inconsciente dans son sous-sol.

Je grimace en me remémorant les évènements de la veille. Nous avions une sorte de code de secours avec Nathan, consistant à nous envoyer un bref message, comme nos initiales, quand l'un de nous deux était en danger. Il fallait quelque chose de court dans le cas où, comme hier, nous manquions de temps.

Et il avait été là pour moi, comme toujours.

J'ignore la remarque de mon meilleur ami et l'enlace brièvement avant de sortir des toilettes, affichant cet éternel sourire en coin. Les couloirs sont vides, tout le monde mange, personne ne se préoccupe de ce que les autres font.

Mon estomac réclame de la nourriture, faisant écho dans le couloir, m'obligeant à rapporter mes mains sur celui-ci pour le faire taire. J'accélère le pas vers la cafétéria sans me retourner, espérant silencieusement que Nathan m'ait suivi même si je l'avais laissé en plan suite à ses inquiétudes. Je m'en voulais un peu, mais je ne veux pas que son attention soit tournée vers moi. Je ne veux pas être une source d'inquiétude pour lui, il a ses propres problèmes à gérer.