« L'Amour interdit »

Une rencontre inattendue

Le parc était calme en cette après-midi ensoleillée, un endroit parfait pour s'évader de la frénésie de la ville. Les feuilles des arbres dansaient doucement sous la brise légère, et quelques promeneurs flânaient sur les sentiers pavés, absorbés dans leur propre monde. C'était un endroit que Jiwoong aimait fréquenter pour échapper à la pression de ses obligations familiales.

Il marchait lentement, les mains dans les poches de son manteau, son esprit vagabondant comme d'habitude. Depuis sa dernière rencontre avec son père, la tension était palpable, et il avait besoin de prendre l'air. Le bruit d'un groupe de personnes l'attira, des voix animées et des rires s'élevaient. Curieux, il se dirigea vers le centre du parc, où une petite exposition d'art semblait être en plein essor. Plusieurs toiles étaient disposées sur des chevalets, et une petite foule se formait autour.

Il s'arrêta, les yeux attirés par une toile en particulier. Une peinture éclatante de couleurs vives, représentant un paysage urbain animé mais dévasté, semblait capturer l'essence même de la ville. Il s'avança, intrigué, et remarqua une jeune femme, concentrée, qui expliquait son œuvre à un petit groupe de visiteurs. Elle avait des cheveux noirs, lissés et attachés en un chignon désordonné, et un regard vif et passionné qui contrastait avec son style simple et décontracté.

« C'est fascinant. » La voix de Jiwoong s'éleva légèrement au-dessus du murmure des spectateurs, attirant son attention. Il se trouvait maintenant devant la toile, l'observant de près.

Nari, la créatrice de l'œuvre, tourna la tête et aperçut un jeune homme vêtu d'un costume élégant. Il avait l'air d'un cadre supérieur, un de ces types qu'elle n'avait pas l'habitude de croiser dans un parc public. Elle l'observa un instant, déstabilisée par l'intensité de son regard.

« Vous trouvez ? » répondit-elle, un sourire timide se dessinant sur ses lèvres. « J'essayais de capturer le contraste entre la beauté chaotique de la ville et les cicatrices qu'elle laisse. »

Jiwoong hocha la tête, écoutant attentivement. « C'est... » Il hésita un instant, cherchant les mots justes. « C'est quelque chose de profondément humain, en fait. Vous avez un vrai talent pour capturer des émotions brutes. »

Elle le regarda, ses yeux cherchant une réaction qui, d'habitude, venait des critiques d'art ou des connaisseurs, mais ses propos semblaient différents. Il n'était pas comme les autres.

« Merci, » dit-elle, son sourire s'élargissant légèrement. « C'est ce que j'ai toujours voulu. Que mes œuvres parlent aux gens, qu'elles les fassent réfléchir. »

Jiwoong sourit à son tour, intrigué par la sincérité de sa réponse. Il se détourna lentement de la toile, son regard se perdant dans les autres œuvres autour de lui.

« Vous... Vous exposez ici tout le temps ? » demanda-t-il, curieux. Ce genre d'exposition ne correspondait pas à l'idée qu'il se faisait de l'art dans son monde à lui.

Nari secoua la tête, légèrement gênée. « Non, pas vraiment. C'est une petite exposition improvisée. Je viens souvent ici pour peindre et, un jour, j'ai décidé de montrer mon travail. Ce n'est pas grand-chose, mais... » Elle haussait les épaules, ne cherchant pas à se vanter. « Ça me fait plaisir de voir que ça intéresse certaines personnes. »

Jiwoong fixa un moment son visage, fasciné non seulement par la manière dont elle parlait de son art, mais aussi par sa modestie apparente. Dans son monde, les gens avaient tendance à se vanter de leurs réalisations, à afficher leur statut avec fierté. Mais Nari... Elle semblait différente.

« Je... » Il hésita, cherchant ses mots. « Je n'ai pas l'habitude de fréquenter ce genre d'endroit. Mais je suis content d'être tombé sur votre exposition. »

Nari le regarda avec un léger sourire. « Ce genre d'endroit ? Vous êtes un peu trop formel pour ça, vous ne trouvez pas ? » Elle plaisanta, espérant alléger l'atmosphère.

Jiwoong se figea un instant, surpris par sa remarque. Il s'éclaircit la gorge et répondit d'un ton plus détendu, bien que légèrement embarrassé : « Vous avez raison. Je suis plutôt habitué à des galeries plus... sophistiquées. Mais votre travail est loin d'être banal. »

Nari rougit un peu. Elle n'était pas habituée à recevoir des compliments venant de personnes qui semblaient venir d'un autre monde, et pourtant, quelque chose dans l'attitude de Jiwoong lui plaisait. Il n'agissait pas comme les autres, ceux qui jugeaient et cherchaient à se montrer.

Ils se retrouvèrent à discuter pendant de longues minutes, leurs échanges allant de l'art à des sujets plus personnels. Nari lui expliqua son parcours, ses rêves de faire de l'art un moyen de s'exprimer et de réagir aux injustices du monde qui l'entourait. Jiwoong, de son côté, lui parla de ses responsabilités familiales, de la pression constante qu'il ressentait de la part de ses parents, de la rigidité de sa vie.

Il était fasciné par la manière dont Nari vivait sans compromis, en dehors des normes qui régissaient son propre univers. Pour la première fois, il ressentait un certain vide dans sa propre existence, un vide qu'il n'avait jamais pris le temps de comprendre. Son monde, celui des affaires et des attentes sociales, ne semblait plus aussi gratifiant qu'avant.

« Vous ne semblez pas être du genre à vous laisser enfermer dans un rôle qu'on vous impose, » observa Jiwoong.

Nari sourit, un brin de malice dans le regard. « Pas vraiment. J'ai assez d'ambition pour ça, mais assez de lucidité pour comprendre que la liberté n'a pas de prix. »

Il la regarda intensément. Ses paroles résonnaient profondément en lui, mais il savait que ce genre de liberté était bien loin de sa réalité. Mais, pour une fois, il n'avait pas envie de revenir immédiatement à sa vie de privilèges et d'obligations.

« J'aimerais pouvoir voir le monde comme vous, » murmura-t-il.

Elle haussait les épaules, amusée. « Vous y arriverez, si vous le souhaitez vraiment. Mais ça demande du courage. »

Jiwoong sentit son cœur s'emballer. Il n'avait jamais rencontré quelqu'un comme Nari. Elle était différente, libre, passionnée. Et pour la première fois, il se demandait si c'était possible de tout remettre en question, de changer de vie.

« Alors, qu'est-ce que vous feriez si vous n'aviez aucune contrainte ? » demanda-t-il, ses yeux pétillants d'intérêt.

Nari le regarda, un sourire éclatant illuminant son visage. « Je peindrais, et je vivrais sans regrets. »

Ce simple échange marqua le début d'une relation qui allait bouleverser leur vie à jamais.
————————————————————————

Ce premier chapitre explore non seulement la rencontre entre Jiwoong et Nari, mais aussi les premières graines d'une attraction mutuelle et d'une remise en question de leurs vies respectives.