Alea Jacta Est

3 de carreau | Bienvenue au Paradise Hotel (part. 1)

Desislava

Vendredi 16 juin — 3 h 16

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L'aéroport international de Manchester grouille de monde. Les immenses vitres autour de nous laissent passer des rais de lumière, ce qui baigne les voyageurs d'une douce lueur dorée. Dans les haut-parleurs, plusieurs annonces retentissent dans diverses langues : anglais, espagnol, français, portugais... Ces appels se mélangent au bruit agaçant des valises traînées sur le sol.

Je soupire. Notre avion a plus d'une heure de retard et l'impatience ainsi que l'ennui commencent à me gagner. À côté de moi, Enzo a les yeux collés sur l'écran de son téléphone portable : sans surprise, il joue à un jeu en ligne.

— Arrête de faire la tête, sourit Enzo en se tournant vers moi. Nous y sommes presque. Encore quelques minutes et ce sera à nous de monter dans l'avion.

Il pose doucement sa main sur les miennes, comme pour chercher à me rassurer.

— Je sais, réponds-je. C'est juste que c'est long et qu'il n'y a rien à faire.

— Tu peux aller me prendre un café, si tu veux.

Je lui lance un regard noir. Il hausse les épaules puis recentre son attention sur la partie qu'il est en train de gagner.

— Je crois que ce n'est pas le retard qui m'agace, ni même le vol. C'est Las Vegas en elle-même.

— Comment ça ? demande Enzo en me regardant. Tu ne veux plus y aller ?

— Si, mais... Je ne sais pas. C'est un autre continent, une autre ville, une nouvelle aventure, quoi ! J'espère juste que ce sera aussi bien qu'on le prévoit. J'ai un mauvais pressentiment.

— Mais non, dit-il en me tapotant le genou. Ce sera une expérience incroyable, tu verras.

Pourtant, je ne peux m'empêcher d'en douter, songé-je. Est-ce que vous emmèneriez un drogué à Amsterdam, vous ? On est d'accord, probablement pas. Alors, je ne cesse de me demander pourquoi j'ai accepté d'accompagner Enzo à Las Vegas.

Enzo, addict aux jeux d'argent.

Las Vegas, la ville du péché.

Finalement, je ne suis plus très sûre que ces deux-là fassent bon ménage.

Enfin, une énième annonce retentit, cette fois nous concernant : les passagers pour le vol Manchester-Las Vegas sont attendus devant la porte n° 7. Nous nous levons donc, attrapons nos bagages puis suivons la queue qui se forme déjà face à la porte d'embarquement.

Une fois devant l'avion, Enzo me prend la main. Je me tourne vers lui et découvre son grand sourire.

— Je suis heureux de vivre cette aventure avec toi.

On s'embrasse au milieu de la foule, puis montons dans l'avion.

♦

16 heures plus tard

Vendredi 16 juin — 18 h 36

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Après 16 h de vol avec une escale de 2 h 50 à Zurich, en Suisse, nous posons enfin les pieds à Las Vegas. Si je pouvais sortir de mon corps et me voir descendre de l'avion, je suis certaine que je verrai une jeune femme avec des cheveux bruns hirsutes et les traits fatigués. Je dois ressembler à un véritable zombie, songé-je.