CHAPITRE 1

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J’étais debout, surprise. Siaka se tenait devant moi, les mains chargées de fleurs et de cadeaux, tout sourire. Bien sûr que je n’étais pas contente de le voir mais je ne pouvais pas faire de scandale. Surtout ici, à mon lieu de travail. Avec un regard réprobateur qui trahissait ma sérénité du moment, j’ouvris enfin la bouche :

-Mais qu’est-ce que tu fais ?

-Tu vois bien, fit-il comme s’il ne comprenait pas ce que je voulais dire.
Mita, ma meilleure amie me regardait à la dérobée. Son regard semblait me dire « ne dis rien qui puisse l’énerver. Tu sais que c’est un psychopathe, parle-lui avec tact ». Mon regard revint vers lui. Il avait déposé tout ce qu’il avait dans les mains et me fixait.

-Désolé d’arriver à l’improviste, je voulais te faire une surprise.

-…

-Je ne dérange pas, j’espère ?

« Si tu ne déranges pas ? Si au moins il existait un terme plus fort que ‘’déranger’’ pour qualifier l’effet que tu me fais », me disais-je intérieurement.

-Comme tu le vois, je suis au travail. Et ici, il est impératif de faire le moins de bruit possible.

-Mais, c’est l’heure de ta pause. Non ?

-Je ne prends pas de pause aujourd’hui.

« Normal, ta présence équivaut à des heures de travail supplémentaire », terminai-je dans ma tête.
Il me toucha la main et je gémis.

-Je vois que tu as encore mal.

-Qu’est-ce que tu veux, Siaka ? Tu n’en as pas marre de me pourrir la vie ? Dis-je à mi-voix.

-Je te demande pardon depuis des mois, ne peux-tu pas faire un effort pour me pardonner ? Je veux qu’on fasse table rase du passé. Qu’on reparte à zéro, qu’on se donne une nouvelle chance.

-Je t’ai déjà dit que je ne voulais plus revenir avec toi. Qu’est-ce que tu ne comprends pas ?

A ce moment, le chef du personnel arriva. Il connaissait tous mes déboires avec Siaka. C’est tout naturellement qu’il lui intima l’ordre de partir.

-Chaque fois que vous venez ici, on a droit à des cris après. Attendez-la à la descente du boulot.

Siaka voulut riposter mais M. Dominique le prévint qu’il ferait appel à la sécurité s’il ne partait pas. Sans un mot, il sortit. Je savais qu’il n’en resterait pas là. Qu’il ferait payer cet affront à l’un de nous. Quand il disparut de mon champ de vision, je poussai un ouf de soulagement. Le chef était retourné dans son bureau depuis un moment et Mita me pressait d’aller le rejoindre. Pour, dit-elle, le remercier d’être intervenu.

-Tu n’y penses pas, lui dis-je. Tu sais très bien comment ça va finir.

-Ce n’est pas pour te déplaire, non ? Dit-elle, le regard malicieux.

-Arrête, tu sais bien qu’il est engagé avec quelqu’un d’autre.

-ça ne l’a pas empêché de t’aimer. Il a même dit qu’il serait prêt à rompre ses fiançailles pour toi.

-Non, je ne veux pas être la cause de la souffrance d’une autre femme.

-Ta naïveté te perdra, dit-elle en levant les yeux au ciel.

A ces mots, le téléphone de la réception sonna. M. Dominique voulait me voir dans son bureau.

-Si Kignon ne va pas à la montagne, la montagne viendra à Kignon, ricana Mita doucement.

-Très drôle, fis-je presqu’en pleurant.
Je me levai et allai toquer timidement à la porte de son bureau.

-Entrez.

Sa voix puissante me donna des frissons. J’entrai et refermai derrière moi.

-Assieds-toi.

Je m’assis et il se racla la gorge.

-Kignon, ça ne peut plus continuer. Je ne supporte plus la présence intempestive de cet énergumène dans nos locaux.

-Veuillez me pardonner, Monsieur. Je ne savais pas qu’il viendrait aujourd’hui.

-Pourquoi refuses-tu de demander une mesure d’éloignement contre lui ?

Je ne répondis pas et baissai la tête. Il se leva et verrouilla la porte avant de venir vers moi. Il leva mon menton vers lui pour m’obliger à le regarder.

-Tu as peur de lui, c’est ça ?

-C’est un homme violent. Il est capable de passer outre cette décision de justice et me faire payer d’avoir demandé une telle mesure.

-Mais je suis là, je te protègerai, dit-il d’une voix douce, en ramenant quelques mèches de mes cheveux derrière mes oreilles.

-A ce propos…merci d’être intervenu, Monsieur.

Nous nous regardâmes et il me prit dans ses bras. Je n’y opposai aucune résistance. Au contraire, je le serrai fort. Il déposa de légères bises dans mon cou et sur mon front. Comme Mita l’avait dit, ce n’était pas pour me déplaire. Mais il fallait revenir à la réalité. Je me dégageai de ses bras, le regard vers le sol.

-ça ne peut plus continuer Monsieur, dis-je doucement.

-Tu n’en as pas envie ?
-Ce n’est pas la bonne question.

-Pourquoi tu refuses si tu le veux aussi ?

-Vous êtes mon patron, et moi votre employée. Ça ne se fait pas.

Il fit un petit sourire comme pour dire « faux argument ».

-Mais encore …, dit-il le sourire en coin.

-Vous savez bien qu’entre nous, ce n’est pas possible.

-Parce que tu aimes toujours Siaka ?

-Parce que vous êtes fiancé.

Il soupira.

-C’est pour ça que j’ai déposé une lettre de démission mais vous l’avez rejetée.

-Je ne l’accepte pas. Et je n’accepte pas que tu me repousses, surtout quand je sais qu’on se veut tous les deux.
Il m’attira vers lui et m’embrassa fougueusement. Ses mains allaient et venaient dans mon dos et comme si je n’attendais que ça, je répondis à ses baisers et caresses avec la même passion. Si on s’écoutait, son bureau aurait été saccagé et nos gémissements auraient démolli les murs. Quand je sortis de là, je me mordis la lèvre inférieure, tant ça avait été « chaud ». J’essayai de cacher mon corps rouge et épris de désir pour ce mâle Alpha mais Mita, qui ne me connaissait que trop bien, remarqua mon air rêveur et détendu.

-ça fait du bien hein, chuchota-t-elle avant de pouffer de rire.

-Mita, dis-je gênée, en regardant partout pour voir si personne ne nous avait entendues.

-Ne t’inquiètes pas, on n’a rien entendu. Vous savez être discrets, continua-t-elle, moqueuse.

-Je ne te parle plus, dis-je en me détournant d’elle, boudeuse.

Là, elle ne se retint plus et éclata de rire.

-Tout ça, c’est ta faute, lui dis-je.

-Hein ? C’est ma faute si tu es aussi dingue de lui ? dit-elle en riant.

-Oui, c’est toi qui a suggéré que j’aille le voir. Tu savais bien que je n’allais pas sortir indemne.

-Ah, parce que là où tu es en ce moment, il y a une partie de ton corps qui manque ?

Il manquait de peu qu’elle ne se roule par terre, tant elle se tordait de rire. Son rire était si contagieux que je me mis à rire. Ah, Mita. Que ferais-je d’elle ?

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⏰ Dernière mise à jour : 3 days ago ⏰

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