Chapitre 2

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Maxime se réveilla en sursaut, le souffle court. Un bruit sourd résonnait dans sa tête, comme une cloche lointaine qui s'éteignait doucement. Il resta immobile quelques instants, fixant le plafond sombre de sa chambre. La brume dehors était toujours présente, enveloppant la fenêtre d'un voile opaque. Une étrange sensation d'absence l'envahit.

Il se redressa lentement et regarda autour de lui. Ses affaires étaient là, son sac posé au pied du lit, sa veste sur le dossier d'une chaise. Tout semblait normal... mais quelque chose clochait. Il n'aurait su dire quoi.

Soudain, on frappa violemment à sa porte.

– Maxime ! Ouvre !

La voix de Sidjil le tira de sa torpeur. Il se leva, les jambes encore engourdies, et ouvrit la porte. Sidjil était là, les cheveux en bataille, les yeux écarquillés.

– Je crois qu'il y a un problème, dit-il sans préambule, sa voix tremblante.

Maxime fronça les sourcils.

– Qu'est-ce qui se passe ?

Sidjil entra dans la chambre sans attendre une invitation, refermant la porte derrière lui.

– Je ne sais pas exactement, mais... j'ai l'impression d'avoir oublié quelque chose. Un truc important.

Maxime sentit un frisson parcourir son dos. Il ouvrit la bouche pour répondre, mais une pensée l'arrêta net : il ne se souvenait pas de ce qu'il avait mangé hier. Ni du chemin qu'il avait pris pour arriver à l'auberge.

– Moi aussi, murmura-t-il, plus pour lui-même que pour Sidjil.

Les deux hommes échangèrent un regard inquiet. Sidjil s'assit sur le lit, les coudes sur les genoux, la tête baissée.

– Je me suis réveillé ce matin en essayant de me souvenir de... quelque chose. Mais impossible de mettre le doigt dessus. Comme si c'était juste là, au bord de mon esprit, mais insaisissable.

Maxime hocha la tête, fixant un point invisible devant lui.

– Tu crois que c'est à cause de ce qu'a dit la vieille ? demanda-t-il, hésitant.

Sidjil releva la tête, un sourire nerveux sur les lèvres.

– Les souvenirs capricieux ? Tu penses vraiment que cette histoire pourrait être vraie ?

Maxime haussa les épaules, mais son silence en disait long.

Un bruit soudain dans le couloir les fit sursauter. Des pas lents, traînants, s'approchaient de la porte. Ils échangèrent un regard avant que Sidjil ne se lève d'un bond pour ouvrir. Le couloir était vide.

– Ok... ça commence à devenir flippant, lança Sidjil, en jetant un coup d'œil de chaque côté.

Maxime s'approcha à son tour, regardant dans l'obscurité du couloir. Les ombres projetées par les lampes vacillantes semblaient danser autour d'eux.

– Peut-être qu'on devrait parler à la vieille, proposa Maxime.

Sidjil acquiesça, et ils descendirent ensemble. L'escalier grinçait sous leurs pas, mais, curieusement, aucun bruit ne semblait provenir des autres chambres. Pas de ronflements, pas de voix, rien. Comme si l'auberge entière s'était figée.

Au comptoir, la vieille femme était là, immobile, son regard posé sur eux comme si elle les attendait.

– Vous ressentez déjà son effet, n'est-ce pas ? dit-elle calmement.

Sidjil croisa les bras, fronçant les sourcils.

– Vous pourriez être un peu plus claire. Quel effet ?

Elle prit une profonde inspiration, ses mains ridées tremblant légèrement.

– L'auberge... elle ne vous laisse rien emporter d'ici. Pas même vos souvenirs. Chaque nuit que vous passez ici, elle vous prend un peu plus.

Maxime sentit son estomac se nouer.

– Et comment on arrête ça ? demanda-t-il, sa voix plus froide qu'il ne l'aurait voulu.

La femme secoua la tête, le regard empli de tristesse.

– Vous ne pouvez pas. Vous ne pouvez qu'essayer de vous souvenir avant qu'elle ne prenne tout.

Sidjil éclata de rire, un rire nerveux qui trahissait son angoisse.

– C'est ridicule. Ce n'est qu'un bâtiment, pas une créature vivante. Vous voulez qu'on croit à cette histoire ?

Elle se contenta de le regarder, sans rien dire. Maxime tira doucement Sidjil par le bras.

– Viens, murmura-t-il. On va chercher des réponses ailleurs.

Sidjil hésita, puis suivit Maxime hors du hall. Ils s'arrêtèrent dans le couloir, le cœur battant.

– Tu crois vraiment à ce qu'elle dit ? demanda Sidjil.

Maxime ne répondit pas tout de suite.

– Je ne sais pas, avoua-t-il finalement. Mais si elle dit vrai, on doit trouver un moyen de partir... avant qu'il ne soit trop tard.

Le silence retomba autour d'eux, et, pour la première fois, ils se rendirent compte que la sortie de l'auberge leur semblait étrangement loin, comme si les murs s'étaient refermés sur eux.

La malédiction des oubliésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant