La lumière de l’aube pénétrait à travers les immenses baies vitrées du penthouse d’Awa Diakité, jouant sur les teintes chaudes des meubles en bois sombre et des œuvres d’art africaines qui ornaient les murs. Mais malgré la beauté environnante, Awa ne parvenait pas à se détendre.
Elle était debout, une tasse de café dans les mains, observant la ville qui s’éveillait. Les rues grouillaient déjà d’activité, les klaxons et les conversations animées formant une mélodie urbaine familière. Pourtant, son esprit était ailleurs, piégé dans les souvenirs de la réunion de la veille. Lorenzo Moretti. Edgar Van Helsing. Ces deux-là préparaient quelque chose, elle en était convaincue.
Une vibration discrète sur le comptoir interrompit ses pensées. Elle attrapa son téléphone. Un message d’Alexandre Ichikawa.
Alexandre : « On doit parler. Café Okami. 10h. C’est urgent. »
Elle fronça les sourcils, hésitant un instant avant de répondre. Alexandre, avec son sourire nonchalant et son charme naturel, était peut-être celui qu’elle comprenait le moins parmi les héritiers. Mais s’il disait que c’était urgent, elle devait l’écouter.
Une heure plus tard, elle pénétra dans le café bondé, où l’odeur des pâtisseries fraîchement cuites se mêlait au parfum corsé du café. Alexandre était là, assis à une table près de la fenêtre. Il avait l’air étrangement tendu, son habituel sourire absent.
« Merci d’être venue, » dit-il alors qu’elle s’asseyait en face de lui.
Awa posa son sac et croisa les bras.
« Que se passe-t-il ? »
Il ne répondit pas immédiatement, jouant avec la cuillère de son café, ses yeux rivés sur la table. Puis il releva la tête et planta son regard dans le sien.
« Lorenzo et Edgar travaillent ensemble. »
Elle sentit son souffle se couper un instant.
« Tu en es sûr ? » demanda-t-elle, son ton neutre masquant l’agitation intérieure.
« Oui. J’ai entendu des bribes de conversation entre eux, hier soir, après la réunion. Ils parlent de restructuration. Mais ce qu’ils veulent vraiment, c’est éliminer les Diakité de l’équation. »
Awa resta silencieuse, ses pensées tourbillonnant. Elle avait toujours su que sa famille était une cible. Depuis qu’ils avaient gagné leur place à la table de Lycoris, les préjugés ne s’étaient jamais réellement dissipés. Lorenzo et Edgar représentaient tout ce qu’il y avait de plus hostile à leur égard : la vieille garde, incapable d’accepter qu’une famille issue de l’Afrique puisse rivaliser avec eux sur un pied d’égalité.
« Qu’est-ce que tu attends de moi, Alexandre ? » finit-elle par demander.
« Je veux t’aider, » répondit-il sans hésitation.
Elle eut un rire sans joie.
« Pourquoi je devrais te faire confiance ? »
Il la fixa longuement, puis se pencha légèrement en avant.
« Parce que je ne veux pas voir tout ça s’effondrer. Toi, ta famille, Lycoris… Et aussi parce que… » Il s’interrompit, cherchant ses mots. « Je ne veux pas qu’il t’arrive quelque chose. »
Le silence qui suivit était lourd, mais avant qu’Awa puisse répondre, un cri retentit à l’extérieur du café, suivi d’un bruit sourd.
Elle tourna la tête juste à temps pour voir une voiture noire s’arrêter brusquement devant l’établissement. Des hommes en sortirent, armés, leurs visages dissimulés par des masques.
Alexandre réagit immédiatement. Il se leva d’un bond, attrapa Awa par le bras et la tira derrière le comptoir.
« Ils viennent pour toi, » murmura-t-il, son souffle rapide.
Les balles fusèrent, brisant les vitres et plongeant le café dans un chaos indescriptible. Les clients criaient, se réfugiant sous les tables, tandis que les assaillants pénétraient à l’intérieur, leur démarche méthodique et froide.
Awa sentit son cœur battre à tout rompre. Alexandre, malgré la panique ambiante, resta concentré.
« Reste derrière moi, » ordonna-t-il.
Elle voulut protester, mais avant qu’elle ne puisse dire un mot, un des hommes pointa son arme dans leur direction. Alexandre se jeta devant elle sans hésiter.
Le premier coup de feu résonna, suivi d’un autre.
Awa poussa un cri alors qu’il s’effondrait, touché à l’épaule et au flanc.
Mais même blessé, Alexandre trouva la force de se relever. Il attrapa une chaise et la lança vers l’un des assaillants, créant une diversion.
« Cours ! » cria-t-il.
Mais Awa ne bougea pas. Elle ne pouvait pas l’abandonner.
Rassemblant tout son courage, elle attrapa un plateau en métal et frappa l’homme le plus proche, le désarmant par surprise. Alexandre, utilisant ses dernières forces, saisit l’arme tombée au sol et neutralisa un autre attaquant.
Ils profitèrent du chaos pour s’échapper par l’arrière, trébuchant dans une ruelle sombre. Alexandre s’appuya lourdement contre un mur, le souffle court.
« Je ne peux pas… continuer, » murmura-t-il, sa voix faible.
« Ne dis pas ça ! » s’écria Awa, cherchant désespérément quelque chose pour arrêter l’hémorragie.
Des sirènes retentirent au loin. Un véhicule de sécurité, marqué du logo des Diakité, s’arrêta brusquement. Les hommes de son père descendirent, armés et prêts à riposter.
« Mademoiselle, vous allez bien ? » demanda l’un d’eux.
« Aidez-le ! » ordonna-t-elle, les larmes coulant librement maintenant.
Alexandre fut rapidement emmené dans une ambulance, mais Awa resta à ses côtés, refusant de le laisser seul.
Alors qu’il était allongé, pâle mais conscient, il tourna légèrement la tête vers elle.
« Tu aurais dû courir… » murmura-t-il.
Elle secoua la tête, prenant sa main dans la sienne.
« Et te laisser mourir ? Jamais. »
Ce moment, suspendu dans le chaos, marqua un tournant. Awa sentit quelque chose changer en elle, une résolution plus profonde que jamais. Elle protégerait les siens, quoi qu’il en coûte.
Mais en silence, une question persistait : qui avait envoyé ces hommes ? Lorenzo ? Edgar ? Ou quelqu’un d’autre, tapi dans l’ombre, manipulant les fils d’un jeu bien plus dangereux qu’elle ne l’avait imaginé ?
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Les Héritiers du Sang
Mystery / Thriller"Les Héritiers du Sang" est une saga haletante qui plonge dans le monde impitoyable de quatre grandes familles dirigeant un empire technologique. Entre trahisons, secrets et luttes de pouvoir, les Diakité, Moretti, Van Helsing et Takahashi s'affront...