Le prix du sang

3 0 0
                                    

Le chaos régnait dans la grande salle de réception. Les éclats de l’explosion retombaient encore comme des étoiles mortes, tandis que la foule hurlait et se ruait vers les sorties. La fumée, épaisse et suffocante, brouillait la vision et laissait un goût âcre dans la bouche.

Awa se tenait immobile au milieu de cette scène, le cœur battant à tout rompre, son regard rivé sur Lorenzo et Edgar. Ils étaient là, comme des spectateurs détachés, leurs expressions impassibles contrastant avec la panique générale.

« Awa, bouge ! » hurla Alexandre, en la tirant violemment par le bras.

Un instant plus tard, une seconde explosion ébranla le bâtiment, cette fois plus proche. Les murs tremblèrent, et un lustre gigantesque s’effondra dans un fracas assourdissant. Alexandre, malgré ses blessures encore fraîches, couvrit Awa de son propre corps pour la protéger des débris.

Lorsqu’elle se redressa, encore hébétée, elle vit une scène qui la hanterait à jamais : un garde du corps des Diakité gisant au sol, son corps inerte baignant dans une flaque de sang.

« Alexandre, il faut sortir d’ici ! » dit-elle, sa voix tremblante mais ferme.

Il acquiesça, mais avant qu’ils ne puissent bouger, des hommes armés envahirent la salle. Leur équipement était sophistiqué, et leur détermination glaçait le sang. C’était une attaque ciblée, méthodique, et clairement planifiée.

---

Les coups de feu éclatèrent, transformant la panique en terreur pure. Alexandre attrapa Awa par la main et la traîna vers une issue latérale.

« On doit atteindre le parking souterrain, » murmura-t-il, sa voix tendue mais contrôlée.

Awa suivait, le souffle court, mais son esprit tournait à toute vitesse. Elle savait que ce n’était pas un simple acte de sabotage. Lorenzo et Edgar étaient derrière tout ça, elle en était convaincue.

Alors qu’ils descendaient un escalier de secours, un homme masqué surgit devant eux, pointant une arme dans leur direction.

Alexandre n’hésita pas. Il se jeta sur l’assaillant, le désarmant d’un geste rapide avant de l’assommer d’un coup puissant à la tête. Mais dans la lutte, un deuxième tireur surgit derrière eux et tira.

Awa cria en voyant Alexandre vaciller, une expression de douleur intense sur le visage.

« Non ! » hurla-t-elle, son instinct prenant le dessus. Elle attrapa l’arme tombée et, sans réfléchir, tira sur le second assaillant. Le coup le toucha à l’épaule, et il s’effondra.

Elle se précipita vers Alexandre, qui s’était appuyé contre un mur, sa chemise blanche déjà tachée de sang.

« Ce n’est rien, » mentit-il, ses traits crispés. « Continue. Tu dois t’en sortir. »

Mais Awa refusait de le laisser derrière.

---

Ils atteignirent finalement le parking, où une voiture les attendait. Adama était au volant, les yeux remplis de soulagement lorsqu’il les vit.

« Montez, vite ! »

Awa aida Alexandre à s’installer à l’arrière, puis grimpa à son tour. La voiture démarra en trombe, tandis que d’autres tirs retentissaient derrière eux.

« C’était qui ? » demanda Adama, le visage sombre.

Awa, encore sous le choc, répondit d’une voix rauque :

« Lorenzo… et Edgar. Je le sais. Ils ont déclenché tout ça. »

Adama serra le volant si fort que ses jointures blanchirent.

« Ces enfoirés. Ils osent… »

Alexandre, allongé à l’arrière, interrompit leur conversation.

« On doit se concentrer. Si c’était eux, ils ne s’arrêteront pas là. On doit répliquer, et vite. »

Awa se tourna vers lui, son expression oscillant entre gratitude et inquiétude.

« Mais toi, tu dois voir un médecin. »

Il secoua la tête, un sourire faible mais déterminé sur les lèvres.

« Pas avant de m’assurer que tu es en sécurité. »

---

Ils se réfugièrent dans une maison discrète appartenant aux Diakité, située en périphérie de la ville. C’était un lieu sûr, équipé pour faire face à ce genre de crises. Alexandre fut immédiatement pris en charge par un médecin privé, qui confirma que ses blessures, bien que graves, n’étaient pas mortelles.

Pendant qu’il se reposait, Awa rejoignit son père et son frère dans une salle de réunion improvisée.

« Lorenzo et Edgar ont franchi une ligne, » dit-elle, sa voix tremblante de colère. « Ils ont fait de cette guerre quelque chose de personnel. »

Amadou Diakité, assis à la tête de la table, hocha lentement la tête.

« C’est ce qu’ils voulaient. Ils cherchent à nous intimider, à nous affaiblir. Mais ils ont sous-estimé notre force. »

Adama, les bras croisés, ajouta :

« Il ne suffit pas de répondre. Il faut frapper là où ça fait mal. »

Awa prit une profonde inspiration, rassemblant tout son courage.

« Alors frappons. »

---

Plus tard dans la nuit, alors qu’Awa veillait près d’Alexandre, elle sentit une vague d’émotions monter en elle. Il dormait, son visage détendu malgré la pâleur de ses traits. Elle se rapprocha, ses doigts effleurant doucement sa main.

« Pourquoi fais-tu ça ? » murmura-t-elle, même si elle savait qu’il ne pouvait pas répondre.

Elle se souvenait encore de la façon dont il s’était jeté devant elle, sans hésiter, prenant les balles qui lui étaient destinées. Ce n’était pas la première fois qu’il risquait sa vie pour elle, mais cette fois-ci, cela semblait différent.

Elle se pencha légèrement, ses lèvres à quelques centimètres de son oreille.

« Merci… pour tout. »

Alexandre ouvrit légèrement les yeux, un sourire fatigué sur les lèvres.

« Je t’avais dit… que je te protégerais. »

Son cœur se serra, et avant qu’elle ne puisse se retenir, elle posa une main sur sa joue, laissant leurs regards s’entrelacer.

« Et moi, je ne te laisserai pas tomber, Alexandre. Jamais. »

Il tendit doucement une main pour attraper la sienne, leurs doigts s’entremêlant. Le monde extérieur, avec son chaos et ses trahisons, sembla disparaître un instant.

Mais Awa savait que ce calme ne durerait pas. La guerre était loin d’être terminée, et cette fois, elle était prête à tout pour protéger ce qui lui tenait à cœur...

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Nov 19 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Les Héritiers du SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant