Avant l'ombre

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Gulia Alvarado

Je n'aurais jamais imaginé que ma vie prendrait ce tournant. Je n'aurais jamais cru que la promesse que j'avais faite à mon amie pourrait me mener dans cet endroit, dans cette situation, celle où la mort n'était qu'à quelques pas. Pourtant, tout a basculé le 13 novembre 2015. Mais revenons un peu en arrière, avant ce soir-là où tout a changé, avant que je devienne cette personne que je suis aujourd'hui, cette "combattante", un terme que je n'aurais jamais voulu entendre, mais qui m'est maintenant si associé.

Je m'appelle Gulia Alvarado. À l'époque, j'avais 21 ans, une jeune femme brune aux yeux verts, pleine de rêves et d'ambitions. J'avais une famille que j'adorais, des amis formidables, et un amour qui, pour moi, était tout. Antoine, ce jeune homme aux yeux bleus, athlétique et talentueux, le footballeur qui portait l'équipe de France dans son cœur et l'Atlético de Madrid dans ses rêves. Nous nous étions rencontrés au lycée, à Mâcon, et c'est à la fin de ma première que nous nous sommes mis en couple. C'était un amour simple, pur, sincère, mais aussi celui de la distance, car à 18 ans, Antoine partait en Espagne pour sa carrière. Moi, je n'avais pas cette chance. J'étais en plein dans mes études de droit à Paris, déterminée à devenir avocate pénale. La distance, je l'avais acceptée, mais elle n'a jamais été facile. Pourtant, elle n'a pas empêché notre amour de grandir.

Pendant ce temps, je me suis immergée dans un autre rêve, celui du monde de la mode. Passionnée par mon image, par ce que je pouvais inspirer, je me suis inscrite au concours de Miss Bourgogne 2012. Je l'ai remporté. Puis, Miss France en 2013... Ce titre, je l'avais voulu, et il m'a permis de représenter les femmes de la France, mais il m'a aussi exposée sous un nouveau jour. Mes proches étaient fiers de moi. Antoine, bien sûr, était mon plus grand soutien, tout comme ma famille, mes frères jumeaux, ma grande sœur, mes parents. Nous formions une équipe. Et pourtant, le destin avait d'autres plans pour moi.

Ce 13 novembre 2015, je n'aurais jamais imaginé que cette promesse faite à mon amie, malade, me conduirait au Bataclan, là où ma vie allait basculer. Nous étions là, pour un concert des Eagles of Death Metal, pour une soirée de joie et de réconfort. Je n'écoutais pas leur musique, mais ma copine venait tout juste de guérir d'un cancer, et j'avais juré de l'emmener si le groupe passait par Paris. Et là, tout s'est effondré. Les tirs, l'horreur, la terreur. J'ai pris une balle dans le ventre, puis une autre dans l'épaule. La douleur m'a fait sombrer, mais ce qui me fait encore trembler aujourd'hui, c'est la peur de ne pas pouvoir dire à Antoine, une dernière fois, que je l'aimais.

CombattanteWhere stories live. Discover now