La cour de récréation résonnait de rires d'enfants, mais pour moi, ce son était loin d'être réconfortant. Je m'asseyais souvent sur un banc, seul, les yeux baissés, espérant passer inaperçu. Mais c'était inutile. Chaque jour, les mêmes voix moqueuses me ramenaient à cette dure réalité.
« Eh, regarde-le, c'est le petit bizarre ! » criait l'un d'eux en pointant mon manteau rouge que ma mère m'avait acheté avec amour. « Rouge, c'est pour les filles ! » Ils éclataient de rire, et moi, je serrais les poings dans mes poches, priant pour que ça s'arrête.
Je ne comprenais pas pourquoi ils me visaient, pourquoi c'était toujours moi qui récoltais leurs moqueries. À cet âge-là, on ne se pose pas de questions sur ce qu'on dégage ou sur ce que les autres perçoivent en nous. Je voulais juste être comme eux, un enfant parmi d'autres, invisible, normal.
Mais l'invisibilité m'était refusée. Au contraire, j'étais une cible.
À l'école primaire, les insultes étaient simples, presque enfantines. Mais au collège, elles ont pris une tournure bien plus cruelle.
Un jour, alors que j'attendais à la cantine, une bande de garçons est passée derrière moi. « Tiens, le pédé est là ! » lança l'un d'eux, son ton rempli de mépris. Mon cœur s'est figé. Je n'avais que douze ans, et ce mot, je ne le comprenais pas encore complètement. Pourquoi m'appelaient-ils ainsi ? Qu'est-ce que j'avais fait ?
Le pire, ce n'était pas seulement les mots. C'était les rires étouffés autour, les regards qui se détournaient. Personne ne prenait ma défense. À cet instant, je me suis senti plus seul que jamais.
À la maison, je ne disais rien. Mes parents me demandaient parfois si tout allait bien à l'école, et je répondais toujours par un hochement de tête. Comment aurais-je pu leur expliquer ce que je ressentais alors que je ne comprenais pas moi-même ?
Chaque jour, je prenais sur moi, espérant que le lendemain serait différent. Mais les moqueries continuaient, les jugements s'intensifiaient, et la solitude s'enracinait profondément en moi.
Ce chapitre de ma vie, ce fut celui des premières blessures. Des blessures invisibles à l'œil nu, mais si douloureuses qu'elles ont laissé des cicatrices indélébiles.
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Au-delà du silence
RomancePendant des années, j'ai porté un masque, caché ma douleur et ma vérité. Voici l'histoire de mon combat pour m'accepter et vivre pleinement.