Cela faisait quelques jours que Lucas et Évan avaient partagé ce moment tendre, leurs mains entrelacées sur le canapé. Ils n'avaient pas encore parlé de ce que cela signifiait, mais une nouvelle complicité s'était installée entre eux. Pourtant, cette paix fragile allait bientôt être mise à l'épreuve.
Un soir, après un service particulièrement agité au McDonald's, Évan semblait différent. Plus tendu, plus nerveux. Lucas le remarqua tout de suite.
"Ça va ?" demanda-t-il doucement pendant qu'ils nettoyaient les tables après la fermeture.
Évan hocha la tête, mais son sourire était forcé. "Oui, ça va. Juste... fatigué, je suppose."
Lucas savait qu'il mentait. Il hésita à insister, mais il décida finalement de ne pas le pousser, espérant qu'Évan finirait par se confier de lui-même.
Après leur service, Lucas reçut un message inattendu d'Évan.
Évan : Est-ce que tu pourrais passer chez moi ce soir ? J'ai besoin de te parler.
Le cœur de Lucas se serra. Il ne savait pas pourquoi, mais quelque chose dans ce message lui semblait urgent, presque désespéré.
"J'arrive," répondit-il immédiatement.
Quand Lucas arriva chez Évan, ce dernier l'attendait sur le seuil de son appartement. Ses traits étaient tirés, ses yeux rougis.
"Entre," murmura-t-il en s'écartant pour le laisser passer.
Lucas entra, l'estomac noué. L'appartement, habituellement chaleureux, semblait étrangement froid ce soir.
Évan s'assit sur le canapé, les mains croisées entre ses genoux. Lucas s'installa à côté de lui, laissant un silence s'installer, lui donnant le temps de parler.
"Il y a quelque chose que je dois te dire," commença Évan, sa voix tremblante. "Quelque chose que je n'ai jamais vraiment osé confier à personne."
Lucas resta immobile, le cœur battant à tout rompre.
"Quand j'étais adolescent," poursuivit Évan, évitant son regard, "j'ai vécu quelque chose de... difficile."
Il marqua une pause, inspirant profondément avant de continuer. "Mon père n'a jamais accepté que je sois gay. Quand il l'a découvert... il m'a mis dehors. J'avais 17 ans."
Lucas sentit une boule se former dans sa gorge. Il posa une main réconfortante sur le genou d'Évan, mais celui-ci ne sembla pas le remarquer.
"J'ai passé plusieurs mois à dormir chez des amis, parfois même dehors. J'ai fini par trouver un petit boulot et un endroit où vivre, mais... cette période m'a marqué. Et même maintenant, je ne peux pas m'empêcher de me demander si je mérite d'être aimé. Si je peux vraiment construire quelque chose avec quelqu'un."
La voix d'Évan se brisa sur ces derniers mots, et il détourna la tête pour cacher les larmes qui roulaient sur ses joues.
Lucas, profondément ému, sentit les siennes monter. Il s'approcha doucement, posant une main sur l'épaule d'Évan.
"Tu n'as rien fait pour mériter ce qui t'est arrivé," murmura-t-il. "Tu mérites l'amour, Évan. Tu mérites d'être heureux, peu importe ce que ton père a pu te faire croire."
Évan tourna enfin les yeux vers lui, vulnérable et hésitant. "Comment tu peux en être si sûr ?"
Lucas inspira profondément, rassemblant son courage. "Parce que je te connais. Tu es quelqu'un de bon, de gentil, et tu fais de ton mieux, même quand c'est difficile. Et... parce que je tiens à toi. Plus que je n'osais me l'avouer jusqu'à maintenant."
Le silence qui suivit était lourd d'émotions, mais aussi d'espoir.
"Tu tiens à moi ?" murmura Évan, presque incrédule.
Lucas hocha la tête, sentant ses joues s'empourprer. "Oui, je tiens à toi. Et je veux être là pour toi, si tu me laisses faire."
Les larmes d'Évan se mirent à couler de plus belle, mais cette fois, il ne semblait plus seul. Il se rapprocha doucement de Lucas, et après un instant d'hésitation, posa sa tête contre son épaule.
"Merci," chuchota-t-il.
Lucas passa un bras autour de lui, lui offrant tout le réconfort qu'il pouvait.
Ils restèrent ainsi un long moment, dans un silence apaisant. Lucas caressait doucement les cheveux d'Évan, cherchant à lui transmettre toute la chaleur et la sécurité qu'il méritait.
Finalement, Évan releva la tête et croisa le regard de Lucas. Quelque chose avait changé dans ses yeux : une lueur de confiance, aussi timide soit-elle.
"Je ne sais pas où tout ça nous mènera," dit-il doucement. "Mais... je veux essayer."
Lucas sourit, un sourire sincère et plein d'espoir. "Moi aussi."
Cette nuit-là, ils ne parlèrent plus beaucoup, mais leurs silences valaient mille mots. Une promesse était née entre eux : celle de se soutenir, de s'aimer, et de reconstruire ensemble ce que la vie leur avait pris.
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Au-delà du silence
RomancePendant des années, j'ai porté un masque, caché ma douleur et ma vérité. Voici l'histoire de mon combat pour m'accepter et vivre pleinement.