Partie 3/4

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Je me redressai, ces bruits étouffés m'inquiétaient. Je me mis au bord de mon lit et descendis l'échelle :

- Félix ? Tu pleures ?

Je n'eus pas de réponses.

- Tu dors ?

- Je dors, murmura-t-il tout doucement.

Malgré moi, je souris, le "je dors" m'amusait. En reprenant mon sérieux, je repris :

- À moins que tu ne parles en dormant, tu es réveillé mon cher Félix.

- Ok, t'as gagné : oui, je dors pas.

Il se redressa à son tour et, bien que l'on soit dans le noir, me regarda.

- Félix, tu pleurais ?

D'abord, il ne me répondit pas, puis, après un gros blanc, il finit par dire :

- Oui...

- Pourquoi ? Enfin si c'est pas trop indiscret de te demander.

- Je veux pas en parler.

- C'est ton droit. Mais essaie de te rendormir. Attends, tu as dormi au moins ?

- Oui, t'en fais pas.

J'étais soulagé, pour le moment...

- Bonne nuit Félix, à demain matin.

- Attends ! s'écria-t-il en m'attrapant par le bras.

- Ça va ?

Il semblait paniqué, ce qui fit remonter mon niveau d'inquiétude en flèche.

- Heu...oui, désolé. Je...je sais pas ce qui m'a pris, bégaya le dieu vivant.

- C'est pas grave, t'inquiète. Et si tu veux parler, tu me dis, d'accord ?

- Ouais.

Félix avait l'air gêné. Quand il m'avait attrapé le bras, j'avais cru que mon cœur allait lâcher : c'était trop pour un simple mortel comme moi.

Je remontai dans mon lit mais j'avais un gros problème : je n'avais plus du tout sommeil ! Déjà que la première nuit était toujours difficile quand on ne dormait pas dans son lit mais il fallait en plus qu'un flot de sentiments me submerge !

Ce moment, ce moment où il m'avait attrapé le bras, resterait à jamais gravé dans ma mémoire.

J'essayais de trouver une position à peu près confortable sans pour autant trop bouger car le lit grinçait quand Félix m'appela :

- Sasha ?

- Félix ?

- Est-ce que je peux monter te rejoindre ?

- C'est à dire ?

Et merde ! Mais quel idiot j'étais ! Pourquoi j'avais pas dit "oui" tout simplement ?!

- Heu...oui, me rattrapai-je, monte.

Mon cœur battait la chamade, j'étais vraiment inquiet pour Félix mais en même temps je voulais qu'il soit à mes côtés.

Sans dire un mot de plus, il monta l'échelle de bois et me rejoignit. Là, il s'assit au bord du lit.

- Est-ce que tout va bien ? demandai-je.

J'avais pris ma décision : désormais, seul mon cœur me dicterait mes propos, pour ce soir.

- C'est compliqué...là, maintenant, tout de suite, ça va. J'ai l'impression que ta présence m'apaise.

Je ne pus m'empêcher d'être surpris. Ma présence ? Vraiment ? Perplexe, je l'interrogeai :

- Tu peux développer s'il-te-plaît ? Si c'est pas indiscret bien sûr.

Il y eut un autre blanc, Félix cherchait sans doute ses mots.

- Disons que chez moi, c'est pas la joie, finit-il par dire.

Sa voix était emplie de tristesse. Le voir comme ça, m'attristait beaucoup.

- Félix, chuchotai-je malgré moi.

Je voulais le réconforter mais je ne savais pas comment m'y prendre. Je voulais lui dire qu'il pouvait tout me dire mais les mots étaient coincés au fond de ma gorge. Une boule d'algues serrait mes entrailles.

Je m'approchai de lui, me mettant à mon tour au bord de mon lit. Je réfléchis un instant avant de poser ma main sur son épaule.

- Merci Sasha.

Cette phrase me surprit. Pourquoi me remerciait-il ?

- T'as pas besoin de me dire merci, c'est normal.

Il leva la tête vers moi avant de murmurer un petit "tu as raison". Je souris, même s'il ne pouvait probablement pas le voir.


Le silence était total, Félix était toujours avec moi.

Je me demandais s'il s'était calmé quand j'entendis une sorte de ronflement.

- Qu'est-ce que ?

Après quelques secondes, je réalisai qu'il s'était endormi.

Soudain, il bougea et se retrouva contre mon épaule !

Je rougis instantanément, cette proximité me gênait !


Le lendemain matin, je me réveillai. Félix et moi étions l'un contre l'autre !

Le clocher sonna sept heures (oui, parce qu'en plus on avait la chambre juste en face du clocher !).

J'ouvris les yeux, à contre cœur.

Félix, quant à lui, se releva et se frotta les yeux.

- Salut, lançai-je en baillant.

- Ça va ?

- Ouais et toi ?

- Ça va.

On était bien, que tous les deux mais Lucian déboula :

- Bonjour les balances, merci pour cette magnifique nuit que j'ai dû passer en compagnie de l'autre ronfleur ! Mais...vous faites quoi tous les deux ?!



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You (récompense pour @Tyta_474)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant