Chapitre 2 - Ma première soirée de bourge

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Dans ma chambre, je replie méthodiquement mes vêtements, m'efforçant de me concentrer sur cette tâche pour calmer un peu le tourbillon dans ma tête. Tout ce qui s'est passé hier revient par vagues une suite d'événements qui semble encore trop rapide, presque irréelle.

— Je vais vraiment faire partie de la famille Westwood. Ce n'est pas un rêve, Isabelle Westwood m'a adoptée. D'un jour à l'autre, j'ai une nouvelle vie, une famille qui porte un nom si grand qu'il paraît presque écrasant.

J'éprouve une étrange combinaison de joie et de peur en y repensant. Jusqu'à hier, j'étais encore quelqu'un d'anonyme, quelqu'un qui pouvait passer inaperçu, un peu en retrait du monde. Et soudain, tout a changé. Cette famille qui représente un pouvoir et une influence considérables, avec une histoire et des attentes écrasantes, est devenue la mienne. Je ne sais pas exactement où me placer dans tout ça, et l'idée d'avoir un rôle dans cette dynamique me remplit d'un mélange d'excitation et de nervosité. Ce n'est pas seulement une famille ; c'est un monde à part, avec ses propres règles et codes, que je vais devoir apprendre. Ce n'est pas rien, et je sens le poids des attentes même si elles ne sont pas encore dites qui plane déjà au-dessus de moi.

Mais aujourd'hui, avant de m'inquiéter des responsabilités, je me concentre sur ce qui m'attend tout de suite : une semaine de vacances en bord de mer, loin de tout. Juste moi, le soleil et les vagues, loin de l'automne et de ses teintes orangées et marron. Là-bas, ce sera le bleu infini, la chaleur du sable, un paysage totalement différent. Un frisson d'anticipation me parcourt, mêlé à un peu de stress, car il y a une chose importante : c'est la toute première fois que je prends l'avion. Et l'idée de voler, de quitter la terre ferme, me semble aussi exaltante qu'inquiétante.

Je vérifie une dernière fois mon sac, puis je me dirige vers la cuisine. Avant de partir, je griffonne un mot rapide pour Isabelle sur le frigo :

Je suis parti, on se revoit bientôt. Merci pour tout.

Puis, après un dernier regard à la maison encore silencieuse, je sors pour me rendre à l'aéroport.

Le trajet en taxi me laisse perdue dans mes pensées, les yeux rivés sur le paysage qui défile. Plus on approche, plus mon cœur bat vite. J'arrive enfin à l'aéroport, et dès que je mets les pieds dans le hall immense, je ressens la montée du stress. Tout semble immense, grouillant de gens qui se pressent dans toutes les directions, de voix qui s'élèvent, d'annonces diffusées dans les haut-parleurs. Je récupère mon billet et découvre qu'Isabelle m'a réservé un siège en classe affaires. Je me sens à la fois touchée et intimidée : rien de tout ça ne me semble naturel, comme si j'étais une intruse dans cet univers de luxe et de confort.

Après avoir passé les contrôles de sécurité, je découvre le salon d'attente réservé aux voyageurs de classe affaires. J'entre, légèrement hésitante, mais l'accueil des hôtesses me met un peu plus à l'aise. Le salon est calme, avec des fauteuils moelleux, des buffets de petits fours, du café fumant tout ce qu'il faut pour se détendre avant le vol. J'essaye de me détendre, mais l'appréhension du vol reste présente. Je m'installe dans un coin, observe les autres passagers qui semblent habitués à tout ça, et je respire profondément en essayant de calmer mes pensées.

L'embarquement est annoncé, et mon stress revient de plus belle. Je prends place à bord, dans mon siège large et confortable, une vraie bulle où je peux presque m'allonger. Le personnel de bord est souriant, attentionné, et je commence à me sentir un peu plus à l'aise. Pourtant, quand l'avion commence à rouler, mon cœur s'emballe de nouveau. Les moteurs rugissent, et en quelques secondes, l'appareil prend de la vitesse, me plaquant légèrement contre le siège alors qu'il décolle. Je me cramponne aux accoudoirs, les yeux rivés sur le hublot, voyant le sol s'éloigner de plus en plus jusqu'à ce que tout devienne petit, presque irréel.

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