Ava
John m'a emmenée dans une petite chambre au bout d'un couloir étroit. Les murs sont d'un blanc cassé, propres, mais cette pièce ne ressemble à rien de ce que j'ai connu. Tout est silencieux ici, et pourtant, à l'intérieur de moi, c'est comme si une tempête faisait rage.
Je ne sais même pas où je me trouve, ni quelle heure il est. Cette maison, cet endroit... tout m'est inconnu. Ce silence, cette tranquillité, j'en avais rêvé, mais aujourd'hui, ils me paralysent. Chaque bruit, chaque craquement dans les murs me fait sursauter. Mon cœur bat à une vitesse folle, comme s'il voulait me rappeler que je ne suis pas en sécurité, que tout ça n'est qu'un piège.
Je serre la couverture contre moi, cherchant un réconfort qui ne vient pas. John est reparti pour « s'assurer que tout est en place », ou du moins, c'est ce qu'il m'a dit. Mais depuis qu'il est sorti, un vide immense m'envahit. J'aurais dû être soulagée, heureuse peut-être... mais je ne ressens rien de tout ça. Juste un froid glacial, une solitude qui m'enveloppe.
Je regarde par la petite fenêtre. Au-delà de la vitre, la nuit est tombée, et les ombres se découpent sous les lampadaires de la rue. Je me demande si Stacy est quelque part, en sécurité.Je suis restée assise sur le lit pendant des heures, immobile, incapable de bouger. Chaque minute qui passe me paraît une éternité, comme si je me retrouvais piégée dans une autre cage, invisible cette fois, mais tout aussi étouffante. Et puis, John m'a emmenée jusqu'à une salle de bain.
Il m'a dit que je pouvais prendre une douche. Seule.
Je suis entrée dans la salle de bain comme un automate, mes pas hésitants résonnant dans le silence. Quand j'ai refermé la porte derrière moi, j'ai dû m'arrêter un moment, juste pour comprendre. Le carrelage froid sous mes pieds, la pièce qui sentait un mélange de savon et de frais... tout cela semblait irréel. J'ai levé les yeux vers le pommeau de douche, immobile, comme si c'était un objet inconnu. Je ne savais même plus comment l'utiliser. Mes doigts tremblaient alors que je tournais les boutons, et l'eau a jailli, tiède, douce. Sous le flot d'eau, la sensation m'a presque fait peur. J'avais oublié ce que c'était, d'être seule sous la douche, sans personne pour surveiller, sans hurlements ou ordres autour de moi. L'eau glissait sur ma peau, comme un poids qui se relâchait, mais aussi comme un rappel de tout ce que j'avais perdu. Les marques sur mes bras, mes jambes... elles semblaient plus visibles que jamais. J'ai essayé de les frotter, de les effacer, mais elles restaient là, gravées en moi comme des cicatrices vivantes.
Depuis, je suis revenue dans la chambre, et je n'ai pas bougé. Assise dans ce lit, les genoux repliés contre moi, je ne me sens pas plus libre que dans cette cage.
Une boule douloureuse se forme dans ma gorge. Je veux bouger, sortir de ce lit, mais quelque chose en moi refuse. Mes muscles sont comme verrouillés, figés par la peur ou la méfiance. J'ai envie de fuir, de me terrer dans un coin pour que personne ne me voie comme ça... Pourtant, je reste là, immobile, piégée dans mon propre corps.
La porte s'entrouvre lentement, et je retiens mon souffle en voyant la silhouette de John apparaître. Il avance à petits pas, son regard posé sur moi avec une douceur qui me semble étrangère. Je le fixe sans un mot, le cœur battant. Une terreur sourde monte en moi.
Il finit par murmurer, d'une voix basse :
– Il y a quelqu'un qui aimerait te voir, Ava...
Je hoche la tête sans un son, hésitante, ne sachant pas à quoi m'attendre.
Et là, derrière lui, Jenny apparaît.
Son visage se décompose dès qu'elle pose les yeux sur moi. Elle porte ses mains jointes à sa bouche, les larmes dévalant ses joues, incapable de contenir le choc. Elle s'effondre presque au sol, ses épaules secouées par ses sanglots. Mon cœur se serre encore plus.
– Ava... souffle-t-elle, finalement.
Elle me regarde, ses yeux ne quittent pas mon visage, mes bras, mes jambes. Je sais que ce sont ces cicatrices qui la frappent. Chaque marque, chaque trace est là, visible, et pour la première fois je les ressens dans toute leur horreur, comme si elles me définissait, comme si elles m'avaient effacée pour ne laisser que leur douleur.
Elle s'approche, ses mouvements sont lents, mesurés, comme pour ne pas m'effrayer. Elle s'assied doucement au bord du lit, gardant ses mains serrées l'une contre l'autre, sans me toucher. J'observe chacun de ses gestes, chacun des pas de John derrière elle, sans un mot, sans un souffle. La distance entre nous est un gouffre que je n'ose franchir.
Ses yeux sont emplis de tristesse et de compassion, et moi, je détourne le regard, incapable de supporter cette pitié.
Elle reste là, ses mains tremblantes, ses sanglots l'étouffant, incapable de détourner les yeux de moi. Elle m'observe, brisée, et chaque larme qu'elle verse m'enfonce un peu plus dans un abîme que je croyais avoir quitté.
– S'il te plaît... arrête de pleurer..., murmuré-je d'une voix à peine audible.
Jenny essuie rapidement ses larmes, prenant une grande inspiration pour tenter de se reprendre, mais son regard reste humide, embué de douleur.
– Pardon, Ava, murmure-t-elle, la voix tremblante.
Elle n'a pas le temps de finir que la porte s'ouvre à nouveau, et un visage familier apparaît dans l'encadrement. Mon cœur s'arrête presque en le voyant, et la pièce semble se resserrer autour de moi.
Mon père. Là, devant moi, comme un fantôme revenu d'un autre temps.
Il avance, ses traits figés dans une expression de douleur que je n'avais jamais vue. Et soudain, sans un mot, il tombe à genoux au sol, son visage entre ses mains, et il éclate en sanglots, ses épaules secouées.
– Ava... ma petite... ma chérie...
Ses mots se brisent dans sa gorge, étouffés par les pleurs. Je le regarde, pétrifiée. Une part de moi veut aller vers lui, sentir la chaleur de sa présence, celle que j'ai tant cherchée dans mes souvenirs quand tout était sombre. Mais une autre part reste figée, immobile, incapable de s'abandonner à cette émotion.
Les sanglots de mon père remplissent la pièce, et je reste là, muette, perdue entre cette envie de tendre la main et cette peur viscérale d'être touchée.
*****
La chambre est plongée dans une étrange tranquillité. Tout est flou, irréel, comme si je flottais entre deux mondes. Jenny est là, juste assise au bord du lit, immobile, silencieuse, mais même sa présence me semble lointaine, presque impossible à saisir. Mon regard reste figé sur le mur, comme si je cherchais à y trouver une échappatoire, quelque chose pour m'accrocher, mais rien. Le vide.
Je voudrais dire quelque chose, mais aucun mot ne vient. Ils sont tous enfermés quelque part en moi, inaccessibles, enfouis si loin que même moi, je ne sais plus où les chercher.
– Ava, tu es en sécurité ici... vraiment.
Elle essaye de me rassurer, mais ces mots... ils semblent si fragiles, si peu réels. Ils glissent sur moi, sans jamais vraiment me toucher. Comment pourrais-je y croire, après tout ce que j'ai vécu, tout ce que j'ai vu ?
Je ferme les yeux un instant, me concentrant sur cette simple idée de sécurité, de paix. Je voudrais y croire, mais une peur sourde, immense, m'enlace et me retient.
Alors que la porte s'ouvre brusquement, la silhouette frêle de Stacy se dessine dans l'embrasure. Ses yeux brillent d'une lueur que je n'avais pas vue depuis longtemps. Elle se précipite vers moi, et son cri résonne, doux et fort à la fois :
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Ma Douce Ombre | T.1-T.2
عاطفية❗️DARK ROMANCE ❗️ Ava Moore, une jeune lieutenant de police, est plongée dans une enquête complexe mêlant meurtres sordides et rivalités entre gangs. Alors qu'elle tente de démêler les fils d'une affaire sanglante, elle croise la route d'un homme im...