ô très Haut - Généticien primordiaux

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J'analyse dans ce chapitre le prologue de Généticien primordiaux écrit par @Systeme_Pandoria : uchronique, relevant de la science fiction ou de l'histoire spéculative. Le sujet est délicat, et suscite du voyeurisme et beaucoup de réactions, il s'agit du nazisme et de la Shoah. En outre, l'histoire concerne l'eugénisme des nazis, et évoque des créatures surpuissantes destinées à accomplir le projet nazi (à exterminer des Juifs, des Tsiganes...). Je vous conseille cet ouvrage, que j'ai trouvé bien écrit, un ton très grandiloquant tel que pouvait se figurer un Nazi, car c'est un point de vue Nazi (l'autrice ne le cautionne évidemment pas, aucune apologie du nazisme ici, mieux vaut le dire). 

L'avant propos est l'extrait d'un discours de Charlie Chaplin, Juif à Hollywood et célèbre pour son dictateur et évidemment ses films Charlot. Une blague juive (je me permets car je le suis - je suis juive, hein, je ne suis pas une blague) dit que les juifs optimistes ont fini à Auschwitz et les juifs pessimistes à Hollywood. (Vive le pessimisme).

Ici, le fait d'exploiter à l'extrême les manipulations génétiques des Nazis est à mon sens bien pensé et constitue le prolongement, dans l'imagination, de l'horreur nazie. Je pense au docteur Mangele, criminel de guerre SS qui a torturé des personnes. 

Le roman fait des vas et viens dans le temps, nous sommes ici en 1938, en Allemagne.  

Une scène de génocide 

En lisant la scène, qui commence par une prière (j'ignore à quel point les Nazis sont chrétiens, il me semble qu'ils puisent leur référence dans un imaginaire "aryen", Wagner était plutôt néopaganiste et Nietzsche abhorrait le christiannisme), l'on se sent saisi d'horreur. Le narrateur abat cinq personnes d'un coup, c'est raconté de façon brève, percutante, et même la terre (personnifiée) refuse de les accueillir. Un peu d'allemand est intégré dans la scène, on comprend que ces personnes sont des enfants juifs. Il les abat "comme des bêtes d'abattoir" : c'est une comparaison qui revient souvent, sur la déshumanisation des Juifs lors de la Shoah. 

Ici, nous sommes en 1938 mais l'Histoire est remaniée. Les camps de la mort ou les rapides fusillades, cela importe peu, puisqu'ils chuteront tous, d'après le narrateur. D'une part, les Juifs étant déshumanisés, peu importe que chaque Juif meure ou non, de l'autre, il faut que tous meurent. Cette considération reflète un paradoxe de l'antisémitisme des Nazis : les Juifs sont des cafards, mais ils dirigent le monde, détiennent les finances et sont surpuissants. 

Nul n'est là pour les pleurer : personne ne les pleure, et ce "ils ne sont pas là pour ça". 

Cette scène porte évidemment un élément intentionnel, de la joie chez les autres SS, et de l'indifférence chez le personnage pour qui c'est une routine. 

La journée banale d'un Nazi 

Le terme "humanité" semble "dépourvu de signification", l'"humanité", ensemble des humains et qualités de dignité humaine et de compassion, est niée dès la fin de la prière. Le narrateur demande s'il a encore une âme. Il n'est pas humain, puisqu'il déshumanise. La prière se termine par la devise SS "mon honneur s'appelle fidélité", crée par Himmler en référence à la fidélité que les SS doivent à Hitler. 

J'ai choisi le terme "banalité" en évoquant la "banalité du mal", de Hannah Arendt, mais c'est assez contestable : déjà, les Historiens affirment qu'Eichmann, à propos de qui Arendt parle de banalité du mal, a en réalité eu un rôle actif et qu'il n'a pas fait qu'obéir aux ordres. Ici, il est "créé", "façonné". On ne comprend pas tout de suite qui est ce SS, on constate seulement que sa sœur, qui participe aussi au "combat", se prénomme Nihilia, qui veut dire "rien", car ce n'est rien qu'une arme de guerre.  C'est un étrange prénom, et pour cause... 

Ses sentiments devraient être de la fierté (je paraphrase), alors qu'en réalité c'est juste devenu une habitude. L'horreur de la situation, bien que le sang éclabousse les vêtement du SS et que, personnifiée, la terre gémisse, suscite en réalité tout sauf l'horreur : soit la joie, soit l'indifférence. Les flammes dansent, une personnification dans le thème : même elles se réjouissent de la mort des cinq personnes. Le ton est grandiloquent et épique, "des guerriers d'élite", le "sacrifice ultime"... comme il sied aux Nazis. 

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La suite sera tout aussi glaçante. C'est un début qui met en scène des "machines de guerre", des créatures là pour servir le Troisième Reich. 

Merci à @Systeme_Pandoria pour ce moment de lecture. 

Au début [FERME]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant