Un jour, je serai heureuse - la petite orpheline

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(Si vous souhaitez une analyse d'un de vos écrits semblable à celle ci, contactez moi ici ou sur mon Babillard !) 

Donc, ce chapitre a pour objet l'analyse de la petite orpheline, écrit par @kliksini (Léa dans la "vraie vie"). Il s'agit d'un roman historique, qui traite de l'entre deux guerres, période peu exploitée en lettres d'après l'autrice. C'est vrai qu'à part the roaring twenties aux Etats Unis (les années folles), représentées dans Gatsby le magnifique, ou dans le Disney la Princesse et la Grenouille, on connaît moins cette période en France. En revanche, des histoires d'orphelinat, où les enfants vivent dans de mauvaises conditions, il y en a pléthore, je pense à Oliver Twist ou à Jane Eyre. (livres de l'ère victorienne, pas de la France des années 1920). 

J'analyserai le premier chapitre. Le personnage épicène (du titre) est la narratrice, on suit donc les rêveries et le brusque retour à la réalité d'Elia. L'écriture est belle (quelques erreurs grammaticales que j'ai signalées à l'autrice), assez simple à l'image de cette jeune narratrice, lente (ce qui pour moi est une qualité). Lisez le chapitre, mais sachez qu'il sera question de violence (psychique) envers une enfant. 

La réalité de l'orphelinat 

L'orphelinat, cadre de cette histoire, repose sur une discipline stricte, la surveillante est décrite comme "un soldat" (comparaison), mais celle qui prend toute la place est la figure d'autorité qui terrorise les enfants, la directrice de l'établissement. Décrire un orphelinat, c'est à la fois dénoncer les torts d'une société (avec ici un ancrage historique), explorer la noirceur de certaines âmes, notamment des surveillants qui sont censés aider les enfants mais qui passent leurs colère sur des orphelins, et évoquer de manière plus psychologique la conditions des orphelins. C'est peut être la raison pour laquelle l'orphelinat est si prisé en littérature. 

L'orphelinat est dès le début décrit avec l'énumération ternaire "la froideur ambiante, l'odeur des moisissures et les pelotes de poussière [...]" (le terme froideur s'emploie surtout au sens figuré, mais on comprend tout à fait ici). La maison de rêve, par contraste, ne compte "ni  carreau cassé, ni lit rouillé, ni toiture qui fuit". (beaucoup de ternaire dans ce début, j'apprécie le rythme). De même, le repas se compose d'une soupe qui a le goût de l'eau, le soir, une  "pomme de terre", et un "bout de pain" à midi. Les repas des orphelinats sont un sujet en soi : dans Jane Eyre, les filles sont atteintes par une épidémie du fait entre autre de la malnutrition (à cause du directeur, qui justifie sa pratique par des principes religieux). Quant à Oliver Twist, la scène où il ose réclamer plus de porridge est devenue célèbre. A noter que la maigreur de ces repas contraste avec la gourmande énumération du rêve, où le repas se termine par un gâteau. 

La directrice, le personnage cruel du roman, est qualifiée de "sorcière" aux "yeux de vipères". Comme on a le point de vue de l'enfant, on ignore les intentions de cette antagoniste, on connaît seulement ses actes : humiliation (lorsqu'elle demande à Elia si elle est demeurée), et bien sûr sanction disproportionnée (quatre minutes de retard équivaut à une privation de nourriture de quatre jours). L'impression causée par la directrice est de l'effroi : par son seul regard, elle suscite le tremblement du corps, le battement du cœur. Après la prière, la salle est silencieuse lors du repas. 

Les espoirs d'Elia 

Elia, dès la première phrase, rêve de parents, qui l'aiment. Elle nourrit l'espoir du bonheur. Pourtant, elle s'estime heureuse de n'être "que" privée de nourriture pendant quatre jours. Mais, d'un autre côté, ses espoirs et rêves sont bien plus grands. Ce qui est paradoxal, c'est qu'elle a consciente de sa situation, mais pas réellement jusqu'au bout. Elle ment à Mathilde, son amie, en lui disant qu'elle n'a pas faim, comme pour minimiser ce qui lui arrive, alors que la faim la torture. Elle qualifie Mme Métivier, la directrice, de sorcière, mais a tant intériorisé sa sévérité abusive qu'elle déclare que c'est de sa faute, lorsqu'elle a un retard de quatre minutes. Et ainsi de suite. Sa révolte, étant donné le rapport de force, serait inutile : par conséquent, elle s'exprime ailleurs, dans les rêves, dans un endroit qu'elle apprécie, et dans l'amitié.

Son amie est plus âgée qu'elle : Mathilde est comme une grande sœur pour la fillette. D'un caractère plus téméraire que la rêveuse narratrice, elle décide de voler de la nourriture pour sa petite sœur, un acte risqué et dont on ne connaîtra les conséquences que plus tard. 

La bulle de bonheur, qui éclate, laisse cependant place à la réalité. Alors que la rêverie est ce qui mm:aide la fillette à "tenir", bien que ce soit une rêverie fondée su$ù*r la dure réalité (ex. par contraste, elle imagine un lit où elle puisse se tourner), c'est aussi la rêverie qui empêche le personnage d'être ponctuel et ainsi lui vaut une punition de quatre jours sans manger, mais en regardant les autres le faire. D'ailleurs, être condamné à voir de la nourriture sans manger est le supplice de Tantale,  dans la mythologie. 

*****

La directrice est réellement un odieux personnage, j'ai commencé à lire la suite. Comme on peut s'en douter avec la punition du premier chapitre, du reste. De plus, d'autres adultes se montreront tout aussi violents.

Je remercie @kliksini, ou Léa, pour ce moment de lecture. 

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