Lueur d'Espoir

Chapitre 06 - Fragments du passé

Les premières lueurs de l'aube effleuraient l'entrée du Reflet lorsque Lya, Kairo, et Alejandro quittèrent la sécurité relative du camp. Mara les regarda partir en silence, son visage marqué par une expression indéchiffrable.

Alejandro marchait avec entrain, tentant d'alléger l'atmosphère en sifflotant une mélodie familière. Kairo, cependant, ne semblait pas partager son optimisme.

-"Tu crois qu'ils vont nous attendre là-bas ?" demanda Alejandro en levant les yeux vers Lya.

-"Qui ça ?" répondit-elle distraitement, scrutant l'horizon pour repérer d'éventuels dangers.

-"Les Césars, bien sûr. S'ils savent pour le sanctuaire, ils doivent être partout."

Kairo grogna en ajustant son sac.

-"C'est évident. Mais leur force, c'est aussi leur faiblesse. Ils sont trop arrogants pour imaginer qu'on puisse les surpasser. Tant qu'on reste discrets, on a une chance."

Alejandro haussa les épaules et continua d'avancer.

***

Après plusieurs heures de marche à travers des terres stériles, ils atteignirent les ruines d'un ancien village. Les bâtiments en pierre s'effondraient sur eux-mêmes, leurs structures rongées par le temps et les intempéries.

Lya s'arrêta devant une maison particulièrement abîmée. Elle posa une main hésitante sur le mur fissuré, comme si elle reconnaissait l'endroit.

-"Quelque chose ne va pas ?" demanda Kairo, en observant son visage.

Elle ne répondit pas immédiatement, ses doigts suivant les contours des pierres rugueuses.

-"J'ai grandi dans un village comme celui-ci," murmura-t-elle finalement. "Avant que tout ne soit détruit."

Un silence pesant s'installa. Même Alejandro, d'habitude loquace, resta muet, sentant la gravité du moment.

-"Les Césars ?" demanda-t-il timidement.

Lya hocha lentement la tête.

-"Ils ont pris tout ce que j'avais. Ma famille, mes amis... tout. C'est pour ça que je ne peux pas abandonner. Si ce sanctuaire existe vraiment, je dois le trouver. Pas seulement pour moi, mais pour tous ceux qu'ils ont détruits."

Kairo, adossé à un mur voisin, croisa les bras.

"On a tous perdu quelque chose. Mais c'est pas ça qui fait qu'on réussira. C'est ce qu'on fait avec ce qui reste."

Lya tourna la tête vers lui, surprise par la sincérité de ses mots.

"Et toi, Kairo ? Qu'est-ce qu'ils t'ont pris ?"

Il détourna les yeux, son visage se fermant à nouveau.

-"Rien qui te concerne."

Alejandro roula des yeux.

-"Vous pourriez arrêter de jouer au plus mystérieux, tous les deux ? Sérieusement, on est censé être une équipe."

Un éclat de rire nerveux échappa à Lya, et même Kairo ne put s'empêcher de sourire légèrement.

-"T'as peut-être raison, petit," dit-il en secouant la tête.

***

Ils reprirent leur marche, mais les souvenirs évoqués pesaient lourd dans l'air. Alejandro, pour la première fois, sembla réfléchir sérieusement à ce que ses deux compagnons avaient vécu.

"Vous savez," commença-t-il timidement, "je me souviens encore du jour où j'ai tout perdu. J'étais qu'un gamin, mais je savais que rien ne serait plus pareil."

Lya ralentit pour marcher à ses côtés.

-"Que s'est-il passé ?"

Il baissa les yeux, jouant avec un caillou qu'il faisait rouler entre ses doigts.

-"Ma ville... elle a été envahie. Les Césars disaient qu'ils apportaient la paix, mais tout ce qu'ils ont laissé, c'est du vide. Je me suis caché, mais..."

Sa voix se brisa, et il s'arrêta brusquement.

Lya posa une main sur son épaule.

-"Tu n'es plus seul, Alejandro. On est là maintenant. On ne les laissera plus rien te prendre."

Il releva la tête, essuyant rapidement ses yeux.

-"Merci, Lya."

***

Alors qu'ils atteignaient une ancienne voie ferrée abandonnée, Kairo s'arrêta soudainement, levant une main pour leur faire signe de se taire.

Un bruit sourd résonnait au loin.

-"Qu'est-ce que c'est ?" chuchota Alejandro.

Kairo fronça les sourcils.

-"Des patrouilles. Ils utilisent des drones terrestres pour surveiller cette région. On doit se planquer."

Ils se précipitèrent sous un pont effondré, retenant leur souffle alors que le bruit se rapprochait. Une machine massive, semblable à un insecte mécanique, passa lentement, ses capteurs balayant la zone.

Lya serra son poignard, prête à agir si nécessaire, mais Kairo posa une main sur son bras, secouant la tête.

-"Pas maintenant. On ne peut pas les affronter directement."

Après ce qui sembla une éternité, le drone s'éloigna, laissant derrière lui un silence oppressant.

-"On est dans leur territoire, maintenant," murmura Kairo. "Il va falloir être encore plus prudents."

***

Ils continuèrent leur chemin, le danger omniprésent leur rappelant que chaque pas les rapprochait de leur objectif - et des Césars. Mais dans leurs cœurs, une étincelle d'espoir persistait, alimentée par leurs souvenirs et leur détermination commune.

Le Sanctuaire des Lumières était peut-être leur seule chance.

À suivre..