Chronique D'Avaloria : Linuki, Tome 1 [TERMINÉ]

Chapitre 29

Le soleil déclinait lentement à l'horizon, projetant une lumière dorée sur les ruelles pavées de Lymeria. Linuki, Ari, et Mikhail marchaient sans un mot, leurs pieds fatigués frappant doucement les pierres lisses. La journée avait été longue, et le poids des négociations infructueuses commençait à peser sur eux. Même Ari, habituellement pleine d'énergie, flottait avec moins de vivacité, ses ailes battant doucement comme si elles étaient elles aussi épuisées.

Les tavernes bruyantes et les auberges bondées qu'ils croisaient semblaient toutes inaccessibles : trop chères, trop remplies, ou simplement trop animées pour leur permettre un moment de répit. Finalement, après avoir longé une ruelle étroite et silencieuse, Linuki s'arrêta devant une petite bâtisse discrète dont l'enseigne pendait légèrement de travers. On pouvait y lire, bien que difficilement, "Le Repos du Marin", écrit en lettres effacées par le temps.

« Essayons ici, » dit Linuki d'un ton calme, ouvrant doucement la porte sans attendre l'approbation de ses compagnons.

L'intérieur de l'auberge était modeste mais chaleureux. Une cheminée crépitait dans un coin, projetant des ombres dansantes sur les murs de bois usé. Quelques tables étaient occupées par des voyageurs aux visages fatigués, murmurant à voix basse autour de leurs boissons. Une femme d'âge moyen, aux cheveux gris attachés en un chignon strict, se tenait derrière le comptoir, essuyant un gobelet en étain.

Linuki s'approcha d'elle, suivie de près par Ari, qui observait les lieux avec curiosité, et Mikhail, qui traînait les pieds. « Bonsoir, » dit Linuki d'un ton poli. « Auriez-vous une chambre pour la nuit ? »

La femme posa son gobelet et les détailla un moment, son regard passant de Linuki à Ari, puis à Mikhail, avant de répondre. « Il me reste une petite chambre à l'étage. Ce n'est pas grand, mais c'est propre. Trois yonen pour la nuit. »

Mikhail, qui était sur le point de plaisanter, s'arrêta net en entendant le prix. « Trois yonen ? Pour une 'petite chambre' ? Vous êtes sûre que ce n'est pas un placard ? »

La femme haussa un sourcil, visiblement peu amusée. « C'est ça ou rien, gamin. Prenez-la ou cherchez ailleurs. »

Linuki glissa une main dans la bourse de Mikhail et sortit trois pièces qu'elle posa sur le comptoir. « Nous la prenons. »

Sans un mot de plus, la femme leur tendit une clé en métal légèrement rouillé. « Deuxième porte à droite. Pas de bruit. »

La chambre était aussi exiguë que la propriétaire l'avait laissé entendre. Une unique fenêtre, légèrement bancale, donnait sur une ruelle sombre. Un lit étroit occupait la majeure partie de l'espace, accompagné d'une chaise en bois et d'une petite table décolorée. Malgré sa simplicité, la pièce dégageait une certaine propreté, avec des draps frais et une légère odeur de lavande.

Ari virevolta dans les airs, observant les lieux avec un mélange de déception et d'optimisme. « Ce n'est pas un palace, mais ça fera l'affaire. »

Mikhail, lui, s'effondra sur le lit avec un soupir dramatique, écartant les bras comme pour tester l'espace limité. « Ah, enfin ! Le luxe absolu. »

Linuki, debout près de la fenêtre, jeta un regard à la rue silencieuse en contrebas. Les bruits de la ville portuaire étaient lointains, remplacés par le cri occasionnel d'une mouette et le murmure du vent. « Je prendrai la chaise, » annonça-t-elle simplement.

Ari, perchée sur la table, fronça les sourcils. « Tu ne peux pas dormir sur une chaise, Linuki. Ce lit est suffisamment grand pour deux. Mikhail peut dormir par terre. »

Mikhail, toujours allongé, leva une main pour protester. « Hé, pourquoi est-ce que je dois dormir par terre ? Je suis le seul ici à avoir négocié toute la journée ! »