¿RÊVE OU RÉALITÉ ?

Nous continuons notre balade en silence pendant quelques minutes, le son de nos pas sur le sentier se mêlant au murmure des arbres autour de nous. Le chemin s'élargit, dévoilant une clairière baignée de lumière. Une petite étendue d’herbe entourée de fleurs sauvages s’étend devant nous, et le ruisseau serpente doucement à travers cet écrin de nature.

Soul s'arrête au milieu de la clairière et se laisse tomber sur l'herbe, les bras croisés derrière la tête, comme s'il était parfaitement à l'aise. Riki hésite, mais finit par s’asseoir à une distance raisonnable, ses genoux repliés contre sa poitrine. Je m’installe entre eux deux, sentant le vent doux caresser ma peau.

Sana : C’est tellement paisible ici. On dirait un autre monde.

Soul tourne légèrement la tête vers moi, son sourire habituel étirant ses lèvres.

Soul : C’est pour ça que j’ai proposé de venir ici. Parfois, on a juste besoin de s’échapper, même pour un moment.

Riki reste silencieux, ses yeux fixés sur le ruisseau. Je peux voir qu’il réfléchit, qu’il lutte toujours avec des pensées qu’il n’ose pas partager. Je me tourne vers lui, inclinant légèrement la tête.

Sana : Riki ? Tout va bien ?

Il sursaute légèrement, comme s'il était perdu dans ses pensées, puis pousse un soupir, jouant avec une brindille qu'il vient de ramasser.

Riki : Oui, ça va. C’est juste… Je me demande parfois si on ne se complique pas trop la vie. On pourrait faire comme tout le monde, prétendre que rien n’a changé, que tout est normal. Mais non, on a décidé de… ça.

Il fait un geste vague, englobant apparemment notre situation. Soul se redresse légèrement, son expression sérieuse.

Soul : Parce qu’on sait tous que ce n’est pas juste “normal”. On ressent quelque chose de réel, de fort. Et si on ignore ça, si on fait semblant, on finit par se perdre.

Je sens une chaleur se propager en moi à ses mots. Il a raison. Même si cette situation est compliquée, elle a du sens. Je prends une profonde inspiration avant de parler.

Sana : Je pense que ce qu’on construit ensemble, même si c’est difficile, vaut la peine. C’est peut-être bizarre, peut-être que les autres ne comprendraient pas… Mais ça me rend heureuse.

Riki relève les yeux vers moi, son regard doux mais incertain. Il hoche légèrement la tête, comme s’il voulait répondre mais qu’il ne trouvait pas les mots. Alors, Soul décide de briser la tension.

Soul : Bon, assez de sérieux pour aujourd’hui. Vous savez quoi ? Je parie que je peux traverser le ruisseau en sautant de pierre en pierre sans tomber.

Je le regarde avec incrédulité, un sourire amusé se dessinant sur mon visage.

Sana : Tu plaisantes, non ? Ces pierres sont couvertes de mousse, tu vas te casser la figure.

Mais Soul est déjà debout, inspectant les pierres avec un air de défi. Riki lève les yeux au ciel, un sourire discret étirant ses lèvres.

Riki : Je parie qu’il va tomber avant d’avoir atteint la troisième pierre.

Soul : Hé ! Un peu de foi, quand même. Regardez et apprenez.

Il s'élance avec enthousiasme, sautant sur la première pierre avec aisance. Mais, comme je l'avais prédit, il glisse sur la deuxième et tombe dans l’eau avec un bruit retentissant. Un éclat de rire m’échappe, suivi de celui de Riki, qui ne peut s’empêcher de se moquer gentiment.

Riki : Impressionnant. Vraiment.

Soul, trempé mais hilare, se redresse tant bien que mal, éclaboussant volontairement l’eau autour de lui.

Soul : Très drôle. Allez, venez essayer, vous verrez si c’est si facile.

Je me lève, hésitante, mais Riki me devance. Avec une assurance tranquille, il teste une pierre du pied avant de s’élancer à son tour. À ma grande surprise, il réussit à traverser sans problème, se retournant avec un sourire triomphant.

Riki : Voilà comment on fait. Prends-en de la graine, Soul.

Soul, toujours debout dans l’eau, croise les bras, l'air faussement vexé. Je décide de tenter ma chance, mais je ne suis pas aussi habile que Riki. Je me retrouve à glisser sur la dernière pierre et à tomber à moitié dans l’eau. Leur rire résonne autour de moi, et malgré ma chute, je ne peux m’empêcher de rire aussi.

Quand nous finissons par nous regrouper sur la rive, trempés mais heureux, je réalise que ce moment, aussi simple soit-il, marque une avancée importante pour nous trois. La tension qui pesait sur nos épaules s’est dissipée, remplacée par une légèreté inattendue.

Nous retournons lentement vers le chalet, le soleil déclinant à l’horizon. La journée est loin d’être terminée, mais dans ce moment partagé, je ressens une profonde certitude : peu importe les défis qui nous attendent, nous sommes prêts à les affronter, ensemble.

Fin chapitre