The Games Are Starting - TOME 2 (brouillon)

2

Tout pris un autre sens. Le voir, dans l'encadrement de cette porte, après tant d'année me ferait presque regretter d'être revenue. Je fixe sa mâchoire, maintenant recouverte d'une barbe vieille de quelques jours. Ses cheveux sont relevés et en pagaille, comme à son habitude. Son regard est plus dur, plus adulte. Sa veste en cuir lui tombe parfaitement bien sur les épaules et sa tête de lycéen a fait place à un visage d'homme, mature. Matt Lober. Je peux sentir la tension monter. Le taux de testostérone n'a jamais été aussi haut qu'à cet instant. Je pose mes mains sur le torse de Luke pour le calmer, je le pousse délicatement en arrière et me tourne vers ce vieux fantôme de mon passé. 

- Je savais que je te...

Ni une ni deux, ma main s'écrasa sur sa mâchoire aussi dure qu'un roc. Je ferme les yeux un instant, le choc ayant été terrible. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Sûrement l'adrénaline ou je ne sais quelle réaction chimique. Je n'ai pas réfléchi. C'était comme si c'était une évidence, comme si je me devais de lui asséner ce coup, comme une vengeance ou quelque chose du genre. Je fais signe à Luke et Jim de se reculer dans le salon pour me laisser seule avec Matt, je peux gérer la situation. Cela n'enchante en rien mon petit ami mais il comprend et s'en va tout en lançant un regard noir à mon ex petit ami. Je pousse Matt dehors et ferme la porte. Je croise mes bras sur ma poitrine.

- Je l'ai bien cherché. 

- Qu'est-ce que tu veux ? 

Il me transperce du regard. C'est comme si il arrivait à lire dans mes pensées ou à s'immiscer entre elles. Le bleu de ses yeux contraste avec ses cheveux noirs et l'ombre de la maison recouvre à moitié son visage, lui donnant un air d'autant plus menaçant. Il détourne le regard lentement, il cherche ses mots. 

- Je pensais que tu pourrais me pardonner après tout ce temps. 

- T'as un sacré culot de te pointer ici en me disant ça. 

Je suis nerveuse. Je joue machinalement avec les manches de mon pull. J'ai les mains moites. Je ne sais pas si je suis intimidée, angoissée ou énervée. Je relève le menton et plante mon regard dans le siens. Je n'ai le droit à aucunes failles, je n'ai le droit à aucun signe de faiblesse. 

- Il est temps que tu partes

- Non.

Il avance d'un pas. L'air frais vient frapper mon visage. L'odeur de carburant et de pelouse fraîchement coupée me chatouille les narines. Un oiseau se pose dans l'arbre des voisins, et je peux presque entendre le cri des oisillons dans leur nid tout en haut de celui-ci. 

- Si Lober.

- Ça fait longtemps que personne ne m'a appelé comme ça. 

Il joue avec ses doigts, le regard un peu vide. Il se reprit cependant très vite et avança encore un peu plus vers moi. 

- Je suis désolé.

- Ça ne sert à rien de t'excuser. Je ne veux pas de tes excuses.

Sa main droite effleure la mienne. Il regarde le mouvement de celle-ci comme une oeuvre d'art. Il remonte ses yeux le long de mon bras pour revenir s'encrer dans les miens. Il s'avance un peu plus.

- Pars.

Il se stoppe. Les bruits alentours devinrent plus fort. Le bébé des voisins qui pleure, un chat qui court, un couple qui s'embrasse, le vent qui chatouille un vieux chêne, le ricochet d'un caillou qu'on vient de jeter. Tout me semble si près et si loin en même temps. C'est comme si le temps s'était arrêté et que je pouvais vivre une seconde pour l'éternité.