Chapitre 18

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Le trajet se passa lentement et en silence. Ce dernier était pesant mais heureusement on arriva vite à l'arrêt. Il ne nous retait plus qu'à marcher pendant quelques minutes.

Ça y est. On y est. J'étais dans un sens stressée de lui montrer. On ouvrit la petite grille et entra... notre silence avait changé de sens. Le mien était silencieux, le nôtre etait libérateur. Nous marchâmes lentement sur le sentier tracé sur la pelouse jusqu'au monument... je m'assis sur une pierre de celui-ci et regardai le paysage.

-Pourquoi un cimetière surtout un cimetière militaire,me demanda-t-elle.
-C'est apaisant... tu entends ce silence?... il est trompeur... parce que ces gens ici-bas, on les a forcé à se taire... ils ont eu une mort effroyable... alors je viens ici quand je suis pas bien que je déprime ou que j'ai besoin tout simplement de me dire que ma vie n'est pas pire que la leur... que pendant le temps d'un instant, tu peux réaliser leur perte que pendant un instant, tu peux voir un combat se passer et tu vois toutes ces personnes mourir en une seule fois.
-ho... dit-elle, je la sentis mal à l'aise.
-Tu es la première personne que j'emmène ici...
-Pourquoi moi?
-J'en sais rien...

Et je n'en savais vraiment rien... je regardai devant moi et fixa la pelouse parsemée de croix et de tombes alignées...
Elle était assez perturbée par autant de reconnaissance et en voyant ma mine défaite, elle prit son gsm et Hakuna Matata sortit de celui-ci. Je me mis à rire comme une andouille à ne plus savoir m'en remettre. La situation était tellement déplacée pour l'endroit que je ne pouvais pas m'en empêcher. Au bout de quelques minutes, on partit du cimetière pour reprendre la même rue que l'on avait prise à l'aller.

-Tu sais qu'il y a une maison abandonnée à travers ses bois malgré qu'elle n'est qu'a peut être 10 mètres de nous on ne peut la voir,lui dis-je.
-Je te crois pas,me répondit-elle complètement ébahie.

Je quittai alors la route pour me diriger vers cette fameuse maison et elle me suivit. Je passai entre les petits troncs en tentant de ne pas me tordre la cheville, et j'aperçu la maison en serpantant les jeunes arbres qui se dressaient sur mon chemin et après 6 mètres on pouvait l'apercevoir parfaitement. C'est fou comme le fait que ces arbres soient tellement fins et rapprochés puissent cacher une maison. Quand elle la vit, Charlie ne trouvait plus ses mots, elle était peut-être effrayée mais je ne lui aurais jamais la question.

-Voilà mes deux endroits, ceux où je vais quand je vais pas bien, que j'ai besoin de réfléchir ou autre. Je trouve qu'ils sont apaisants.
-C'est vrai que c'est calme et juste sans personne mais pourquoi me les as-tu montré?
-J'en ai aucune idée à vrai dire, tu es la première à qui je les montre...

On fit le tour de la maison et puis reprit le chemin du retour. On attendit le bus en écoutant de la musique. On arriva à la maison et il était 18h. Ouf!!! Tout juste 15 min avant que ma mère rentre mais mon chat nous accueilla avec de gros ronronnements. On mit la table le temps qu'elle arrive et on fit des pizzas surgelées, il ne suffisait qu'à les glisser dans le four. Entre-temps, ma mère rentra, me fit un câlin, dit bounjour à Charlie et nous passâmes à table. Le repas se fit en silence et ma mère m'épargna la vaisselle et On monta pour regarder un autre film et on a choisi... Le Roi Lion!

Durant tout le film, on se tapait dans la main... une habitude... même si celle-ci me perturbait. Le film se finit et même si je ne l'avais pas suivi, j'étais contente de l'avoir regardé avec elle. On regarda un autre film d'action puis on décida de couper le PC. Il était minuit et demi.

Les minutes passèrent mais aucune de nous ne s'endormait. Nous ne parlions pas, on pensait chacune de notre côté. A un moment, elle partit aux toilettes et quand elle fut revenue, elle me trouva les jambes sur le lit, ma tête et mon buste sur le sol. Elle rit et vint me rejoindre dans cette position. On rigolait parce que au fond c'était confortable. On reprit notre habitude de se taper dans la main mais cette fois-ci, s'était différent.

On se tapa dans la main lentement et de plus en plus lentement jusqu'à s'arrêter paume contre paume... puis on enlaça nos doigts comme un couple...

L'histoire de Cha et Lou: lesbian story ❤Où les histoires vivent. Découvrez maintenant