L'histoire de Cha et Lou: lesbian story ❤

#PrayForBelgium: Mon témoignage

Hello guys,

Je viens à vous aujourd'hui pour tout d'abord exprimer mes sincères condoléances aux familles des victimes mais aussi pour vous faire part de mon ressenti... J'ai besoin d'écrire ce que j'ai vécu. 

J'étais effectivement dans l'aéroport de Zaventem lors des explosions. Je suis en 6ième secondaire (en terminale pour vous, les français) et nous devions partir en voyage de fin d'étude à Prague. A 7h30, un dernier élève arrivait alors que nous enregistrions les bagages. Une fois cela terminé, on était tellement pressé de partir que nos parents nous ont poussé à avancer vers l'embarquement. 

Nos billets validés, la douane passée pour mes amis et moi, nous attendions que tout le monde soit passé pour pouvoir avancer vers la porte d'embarquement A. Quand soudain, un petit boom nous est parvenu, comme si une valise venait de tomber, nous ne pensions pas que c'était une explosion même si ça cogitait dans nos têtes. 

Un ou deux passagers ont commencé à courir. 

" Des voyageurs qui vont rater leur avion" me suis-je dit en moi-même.

Ce n'est que quand il y a eu des vigiles, agents de sécurité, policiers qui se sont mis à courir que j'ai réalisé que c'est ce qui fallait faire... Sauver sa peau. La police sifflait dans leur sifflet, nous criait "Courez,Courez, Run away!". Dans le mouvement de panique, un petit groupe d'élèves dont moi avons pris un escalator dans le sens inverse, on courait à en perdre haleine et on se repérait grâce à nos pulls bordeaux et distinctifs sans regarder derrière nous.
Une de mes amies est tombée dans l'escalator, on ne sait pas quel force mais nous avons pu l'aider à la relever avec le petit doigt tellement l'adrénaline nous shootait...et on s'est remis à courir. 

Lors de ma course,un couple de personnes âgées ont lâché la main de leur petit fils et lui ont dit de courir le plus loin possible sans penser à eux. Je pense que cela restera sans doute l'une des choses les plus marquantes de cet épisode. Nous courions entre les magasins complètement sens dessus dessous, entièrement retournés. Des bouteilles de parfum, d'alcool jonchaient le sol. je n'ai jamais atteint le hall A en aussi peu de temps. C'est en l'atteignant que nous avons arrêté de courir. 

Nous ne savions toujours pas ce qui s'était passé exactement? Est-ce un mouvement de panique sans raison? Une explosion? Est-ce une fusillade et que quelqu'un était en train de nous poursuivre ? Nous n'en savions absolument rien. Le groupe avait été scindés en 3 lors de la course mais fort heureusement, on put le recomposer sans problème (merci encore aux pulls). Nous ne voulions affoler personne sans savoir ce que c'était. J'ai finalement reçu un appel de ma grand mère me demandant si je n'avais rien, c'est elle qui m'a appris qu'il venait d'y avoir une explosion dans le hall d'entrée, là où nous étions à peine 15 minutes avant... 

J'ai fini par lui dire que j'allais bien, qu'on avait aucun problème lorsqu'une deuxième explosion, bien plus forte que la première, retentit. Je l'avais toujours au téléphone, je criais aux autres voyageurs de fuir, une femme au parlophone nous disait "EVACUATE, EVACUATION!",ses paroles resteront gravées dans ma tête. Je pense que l'impuissance qu'a ressenti ma grand mère à ce moment-là était immense. J'ai dû raccrocher pour continuer à courir.

Ca y est, on était coincé, nous étions bloqués aux portes avant les passeports internationaux, elles étaient fermées et on ne voulait pas nous les ouvrir. Le cul-de-sac était là, alors que l'hôtesse nous criait dans le parlophone "EVACUATE"... Au bout de certains temps, le personnel est arrivé en courant vers les portes des passeports, celles-ci se sont ouvertes et se sont refermées derrière eux. Nous étions abandonnés... eux, s'étaient échappés et sortaient en nous laissant là de l'autre coté. L'instinct de survie avait été plus fort...

 Nous avons attendu pendant plus d'une heure et demie dans ce cul-de-sac à entendre des "EVACUATE" puis des "DON'T MOVE!", nous étions pris au piège et ne savions plus quoi faire. Nous n'avions aucune information à part les informations extérieures que nos proches nous donnaient par téléphone. Mais le plus effrayant dans tout ça, c'est le silence de mort qui régnait dans le terminal... personne ne parlait, seuls quelques sanglots éclataient par moment...

Après cette heure et demie, on nous a permis de sortir sur le tarmac où nous avons été entouré par des policiers. Le drame était fini, nous avons dû attendre encore une bonne heure pour pouvoir partir en groupe rejoindre des parents qui avaient fait demi-tour et qui étaient bloqués. 

Je n'ai pas ressenti la sensation de peur directement, je ne réalise seulement maintenant la chance que nous avons eu de nous dépêcher à partir... a 15 minutes, nous sautions. 

Je ne remercierai jamais assez ma classe pour tout le soutien qu'on s'est donné pendant tout le long, c'est ce qui m'a permis de tenir. 

Ce moment tant attendu, préparé depuis un an, devait être le meilleur mais il s'est très vite transformé en un véritable cauchemar...tout ça à cause de 3 CONN**** DE MER**  qui ne pensent qu'à tuer. Nous sommes sûrs de les avoir côtoyé dans le hall d'entrée et c'est ça qui est le plus flippant, on devrait se méfier de tout le monde tellement cet endroit peut être un moulin... Mais que voulez-vous, nous ne pouvons rien y faire. 

Je suis en vie mais je resterai marquée à vie... 

N'oubliez jamais, la vie ne tient qu'à un fil et qu'à quelques minutes aussi pour ma part...

Kikacha...<3