Chapitre 3

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Gauche, droite, gauche, droite, gauche, gauche, droite.

Droite. Droite. Droite. Droite.

Le sac de frappe, maltraité depuis plusieurs minutes déjà, ne semblait pourtant pas embêté par les coups qu'il se prenait et restait impassible.

Insensible.

Jungkook serra les dents et enchaîna avec un crochet du gauche, poussant le sac vers la droite. Ses phalanges, à peine protégées par des bandages, brûlaient, alors que ses muscles, tendus, commençaient à protester – mais le brun continua.

Car, au centre de la cible imaginaire, il le voyait.

Là, sur le sac de frappe.

Dans le cuir abîmé par des années d'utilisation, et dans chaque coup sourd qui résonnait dans la pièce entière, il le voyait.

Ce rictus moqueur.

Ce regard qui le défiait.

Cette putain de mèche rebelle.

Et, s'il se concentrait, il pouvait même l'entendre, tout prêt de son oreille, murmurer :

— Tu crois que j'ai besoin de ces merdes ? Je suis pas si pathétique que ça.

Un nouveau coup vint s'abattre contre le sac rempli de sable, puis un autre, avant que les jambes de Jungkook ne finissent par flancher ; ses genoux rencontrèrent le sol de sa chambre dans un bruit sourd, et ses mains vinrent soutenir son poids avec une maladresse qui ne lui ressemblait pas. Lui qui pratiquait la boxe depuis quelques années maintenant s'était aujourd’hui retrouvé repoussé dans ses retranchements ; sous sa poitrine, son coeur tambourinait inlassablement, alors que chacun de ses membres tremblait, prêt à le trahir et le laisser s'effondrer d’un instant à l’autre.

Le brun se laissa alors glisser sur ses avant-bras, le front pratiquement collé au sol, poir tenter de reprendre une respiration normale alors que chaque inspiration et expiration lui brûlait l'œsophage. Plusieurs minutes passèrent ainsi jusqu'à ce qu’il n'arrive enfin à se redresser et retirer ses bandages, humides de transpiration et de sang, qu’il balança machinalement dans la poubelle avant de se désaltérer.

Ses yeux, sans qu’il ne leur en ait donné l’autorisation, se posèrent automatiquement sur les anxiolytiques, soigneusement posée à leur place habituelle sur la table de chevet. Lorsqu’ils n'étaient pas dans son sac, Jungkook les gardait toujours à portée de main, à côté de son lit, car la boîte pouvait être parfaitement alignée avec le pied de la lampe – celui-ci, également de forme carrée, permettait un agencement précis où chaque ligne se répondait avec une symétrie quasi parfaite.

À leur vue, ses poings se contractèrent de nouveau, et Jungkook envoya valser la bouteille d’eau désormais vide contre le mur, prêt à retourner devant le sac de frappe, quand la sonnerie de son téléphone retentit soudainement depuis son bureau.

— Allô ?

— Oui, mon chéri ? Est-ce que tu es rentré ? demanda son père.

— Oui, y a une heure.

Jungkook tenta du mieux qu'il put de cacher son énervement – et essoufflement – pour éviter d’alerter son père qui finirait sans aucun doute par s'inquiéter ; et, par conséquent, inquiéter sa mère. Et causer du soucis à sa mère était la dernière chose que désirait Jungkook.

Surtout que ses parents n'avaient aucune raison de s'inquiéter.

— Ta mère et moi allons rentrer un peu tard ce soir, alors ne nous attends pas pour dîner.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 17 ⏰

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