Regarde moi ☞ c.h

1. ❛ Intimidante ❜

- J'aurais bien évité ce maudit stage, bougonna Luke.

Luke et moi nous connaissions depuis l'âge de la primaire, depuis l'âge des bêtises et des premiers amoureuses. Un midi à l'école, nous avions été punis pour avoir recrachés notre purée dans nos assistes respectives, pour faire les malins et faire rire la table à laquelle nous étions tous deux assis. Naturellement, nos camarades s'esclaffant face à nos bêtises, la jeune surveillante était venue voir ce qui les faisait autant rire : nous. Donc, nous nous étions ensuite fait punir à nouveau pour avoir discuté alors que nous ne devions pas le faire. J'avais toujours pensé que les lois étaient faites pour créer une nouvelle tentation : Les enfreindre. Et depuis ce fameux jour de délinquance précoce, nous sommes meilleurs-amis, voir presque frères de cœur. Durant l'enfance et jusqu'à l'adolescence, il passait ses soirées chez moi et la semaine d'après, c'était l'inverse. Nous partagions presque tout, comme de vrais frères de sang. Nous faisions beaucoup d'activités ensemble, pour au final, tout arrêter et vivre une vie plutôt calme. Nous avions pris des cours de musique, de guitare puisque son père lui avait dit que les filles aimaient les musiciens. Je l'avais alors suivi, intéressé par la musique, mais surtout par les filles. C'est là qu'il avait commencé à nous parler de Lisa Jefferson quelques années plus tard lorsque ses parents l'avaient placé une année dans le privé avant de finalement, le remettre dans le public, avec ses réels amis. Le privé bénéficiait d'une bonne filière en musique mais Luke ne ressemblait en rien aux garçons là-bas. Il n'y était pas à place. J'avais d'autres amis, un paquet mais Luke était le seul à vraiment me connaitre.

Alors, avant mon stage, je m'étais senti obligé de tout lui dire, pour Lisa.

- Je vais aller chez Lisa Jefferson, ai-je lâché sur son canapé, une main au fond du paquet de chips.

Il a soudainement levé les yeux de son portable à l'entente de ce prénom.

- Ma Lisa ?

- Ta Lisa. Enfin, celle dont tu parles, rectifiai-je. Une fille n'appartenait pas à un garçon, même étant légèrement macho, je n'aimais pas entendre ça.

- Ta mère fait ce genre de trucs ? demanda-t-il à nouveau, étonné, tout comme je l'avais été moi aussi.

- Il faut croire. Ses parents la payent plutôt bien alors elle n'a pas réfusé.

- Si tu n'étais pas mon meilleur-ami, je te détesterais.

- Tu me détestes, ris-je, depuis le jour où j'ai regardé sous la jupe d'Hanna Morrison au collège.

- Je l'ai embrassé deux jours plus tard. J'ai eu Hanna Morrison mec, tu m'as juste aidé. En faisant ça, elle t'a détesté un peu plus et j'en ai profité. Échec et mat. Tu perds. Encore une fois.

Je lui ai lancé un coussin dans la poitrine. Il n'a même pas bougé. Ses mèches blondes dépeignées se sont simplement soulevées de quelques millimètres, à peine.

- Ça craint, soufflai-je.

- Je sais, je suis le meilleur avec les filles.

- Non, pas ça. Ça craint pour cette fille, repris-je en fouillant au fond du sac plastique.

Il a passé une main légère entre ses mèches et s'est complètement effondré au fond de son fauteuil creusé par la forme de ses fesses.

- Tu sais quoi ? Arrêtons de parler d'elle.

- On en a même pas encore parlé, remarquai-je en levant les sourcils, surpris. Luke était toujours le premier à nous parler de cette fille.

Il a fouillé dans un carton rempli de DVD.