« Musulmane. »

Une lettre d'Adieu

Je sortais du centre commercial lorsque dans la voiture le portable de ma grand-mère se mit à sonner :

...... : .....................
Maria : Allo ? QUOI?! OU ?! MON DIEU NON NON

Elle s'est mise à pleurer, à hurler. Ma tante surprise se mis à pleurer avec ma grand-mère.
Moi j'etais assise derrière au milieu, je les regardais sans aucuns mots, sans réactions.

Ma tante demande ce qui se passe, ma grand-mère en pleurant dit juste « C'est son père »

Sur ces 3 mots de ma grand-mère, je me suis mise à éclater en larmes, pourtant au fond de moi je savais que mon père allait partir, les tentatives de suicides je les ai vu de mes propres yeux, je l'ai vu allongé sur le canapé du salon avec des cachets.
A 13 ans je connaissais le numéro du SMUR, je connaissais le vocabulaire médical entre TS, lavage d'estomac, aller-retour en psychiatrie, psychologue, psychiatre, thérapie, dépression [...] Tous ont essayés de comprendre mon père mais sans résultat.

" Il est guérit, ne vous inquiétez pas."
Non il n'est pas guérit, il fait semblant vous ne le voyez donc pas ? Son visage est fermé, son sourire a disparu, je connais l'homme qui m'a élevé il m'appelle à l'aide.

Nous sommes rentrés à la maison de ma grand-mère, il fallait encore l'annoncé à mon petit-frere qui allait rentré, et ma mère nous rejoinds.
Je me suis mise en retrait, je le regardais lorsque notre mère lui annonçait le décès de son père, il se tourna vers moi me regardant droit dans les yeux :

Vinny : Il va revenir papa ?

Dans la société on nous apprends beaucoup de chose, mais quoi répondre à un enfant de 7 ans lorsqu'il demande si son père décédé va revenir ?

Moi : Papa est parti mais jamais je te laisserai moi, je vie pour toi, je meurs pour toi

Vinny : Je t'aime

Après de longues heures, on est rentré à la maison. Je suis partie m'asseoir dehors, comment dire qu'à ce moment je ne comprenais plus rien, mes rêves de petite fille sont parties en fumée.
Je voulais que mon père soit là lorsque j'aurai réussi mes diplômes, qu'il soit là lorsque je deviendrai une femme au bras de mon mari, qu'il soit là pour prendre dans ses bras ses petits enfants.

Au bout de 30minutes, ma mère m'a rejoind :

Ma mère : Tu veux rentré ?

Moi : non maman j'ai pas envie là

Ma mère se mis a coté de moi et me pris dans ses bras puis me tend une lettre :

Ma mère : C'est ton père qui l'a laissé sur la table, il y en a une pour toi et Vinny, une pour moi et une pour la police..

J'ai hésité avant de la prendre puis maintenant je l'avais dans les mains mais j'avais pas le courage de l'ouvrir.

Ma mère : Je te laisse la lire toute seule, remonte après je t'aime

Moi : Hmm moi aussi maman

Je fixais cette lettre, ce bout de papier qui tenait les derniers mots de mon père..

« Khadija & Vinny
Je suis désolé . Je n'ai plus la force de me battre. Je n'ai plus de courage, plus d'espoir. Le seul courage qui me reste, c'est pour affronter la mort. Vous pouvez être en colère contre moi, vous avez le droit. Je ne vous fais pas un cadeau en faisant ce geste, j'en suis conscient. Il faudra vivre avec, je suis le seul responsable de ça. J'ai un mal profond qui me ronge et mon esprit est tourmenté. Je souhaite être incinéré, pas de cérémonie pour mes funérailles[...]
Malgré cela, j'ai énormement d'amour pour vous, je suis très fier de vous. Servez-vous de mon expérience et faites votre chemin. Soyez indulgent avec votre maman qui va supporter toute seule votre éducation. N'en voulez à personne sauf à moi.
Toi Khadija, ma princesse, tu es une guerrière depuis que tu es née, déjà à ta naissance tu t'es battue pour vivre alors continue de te battre, porte ton frere avec toi il aura besoin de toi, de sa sœur. Je te fais pas un cadeau je le sais, mais j'ai confiance en toi. Protège ta maman et ton frère, protèges-les des mauvaises personnes et donne leur l'amour que je ne peux plus donner.
[...]
Cela peut paraître contradictoire, mais je vous aimes très fort, si je peux faire quelque chose pour vous de là Haut, je le ferais, si il existe quelque chose, j'en suis plus sûre.
Votre papa qui vous aimes très fort.
Frederico. »