Chapitre 2 :

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Furieuse, Megan claqua la portière d'un coup sec et balança son sac sur la place passager. Elle soupira et passa sa main dans ses cheveux. Ceux-ci étaient rêches et secs ; quelques mèches rebelles semblaient avoir décidé de ne pas se remettre en ordre. MrLiseur lui
avait téléphoné quelques instants plus tôt pour lui annoncer que leur petit entretien avait été repoussé. Cette nouvelle l'avait enfoncée en peu plus dans une sorte de résignation inéluctable selon elle. Le sort s'acharne vraiment contre moi ! Pensa-t-elle tout haut. Pourquoi le seul événement qui me permettait de tenir le coup et d'espérer vient-il d'être annulé ? Sa voix intérieur lui rappela alors,d'un ton calme et serein pour apaisé son esprit bouillonnant, que le rendez-vous n'était pas rayé à tout jamais de son agenda mais seulement reporté au lendemain. Cependant, cette nuance ne lui permit pas de se rassurer pleinement et encore moins d'appréhender la journée de manière positive. D'autant plus que la jeune femme n'avait pour ainsi dire plus aucun goût à la vie, elle ne croyait plus rien. Tout élément perturbateur à sa vie désormais réglée à la seconde près la mettait dans un état d'anxiété et d'inquiétude qui la bloquait et la paralysait lorsqu'il fallait ensuite s'adapter à la situation et trouver une solution au problème. Pourtant avant Megan n'était pas comme ça : c'était une jeune fille optimiste, enjouée, taquine et très attachante bien qu'un peu caractérielle. Mais depuis l'accident de Paul... Depuis l'accident de Paul je refuse d'apprécier la vie, en fait j'ai peur d'être heureuse se murmura-t-elle. Cette courte introspection d'elle même la laissa pensive. Il est vrai qu'à présent même esquisser un sourire lui paraissait être une abominable trahison vis-à-vis de son frère. Alors elle avait appris à baisser les épaules, courber la tête, ne plus jamais rire, extérieurement du moins, et à demeurer l'air grave et préoccupé du matin au soir. Des connaissances, puis des bonnes copines, et enfin ses amis les plus proches l'avait lâchée, abandonnée, jetée comme une vieille peluche déchirée dont l'œil gauche lui aurait été arraché. Même ses parents s'étaient éloignés, ne supportant plus cette espèce de loque, de cadavre vivant qu'était devenue leur fille. Ils VOULAIENT faire leur deuil. bien sûr les premières semaines ils avaient espérées, cru à un miracle et prié nuit et jour pour leur fils. Puis ils s'étaient résignés, les larmes de rage et d'injustice s'étaient transformées en une sorte de chagrin perpétuel qui revenait les hanter lorsque leur bonheur se faisait un peu trop bruyant. Megan était seule. Seule à croire encore à un frère vivant. Seule à espérer. Seule à ne pas s'être résignée... Mais pour combien de temps pourrait-elle encore se battre avant de s'effondrer à son tour ?

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 01, 2015 ⏰

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