Chapitre 2

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- Leona !

Nous nous enlaçâmes. Elle me regarda longuement et moi aussi. Puis nous rîmes et nous commençâmes à échanger ce qui nous était arrivé ces derniers jours. Je commençai presque à oublier ce qui m'était arrivé et me dit que j'avais réagi sans réfléchir sous la panique. Ce n'était pas si grave que ça, il fallait l'admettre. Nous nous n'étions pas vus depuis une semaine car elle était partie à Tibry. Quelques fois, son père l'amenait avec lui. Il avait plus de chances d'y faire des affaires. Mais pour des raisons inconnues, Tibry et Huel ne s'entendaient pas. Daniel et Mylène n'étaient jamais bien reçus lorsqu'ils revenaient de leur voyage de Tibry. Mylène était revenue il y avait trois jours, et elle me racontait en riant l'accueil des villageois.

- Tu aurais dû voir leur tête quand nous somme rentrés, dit-elle sur le ton de la moquerie et de l'humour. Ils nous ont tous jeté des regards noirs. Mais ils sont moins hargneux qu'ils n'en ont l'air.

- Et Maurice ?, demandai-je.

Elle éclata de rire. J'eus un pincement au cœur. Son rire sonnait bizarrement. Presque faux. D'ailleurs, j'avais eu l'impression que quelque chose n'allait pas mais je ne savais pas quoi.

- Maurice ? Non, lui, il est toujours gentil. Il m'a parlé et m'a même demandé comment c'était à Tibry.

Soudain, elle rougit, comme si elle avait prononcé une phrase qu'elle n'aurait pas dû dire. Je la scrutai, fronçant les sourcils. Je dus reconnaître que j'avais raison. Depuis le début. Quelque chose n'allait pas.

Comme pour cacher sa gêne, elle reprit :

- Tu connais Maurice. Il a dit que mon père devait avoir fait de bonnes affaires mais qu'il fallait qu'il pense à autre chose qu'au cuir, dit-elle, nerveuse.

Tu sais bien que tout le monde dans le village dit qu'il devrait retrouver une femme. A chaque fois qu'on part, il faut qu'on le lui dise.

Elle eut un rire encore, mais il ressemblait plus à un étranglement. Je commençai à m'inquiéter. Elle essayait de changer de sujet. La mère de Mylène était morte quand elle avait 7 ans, et depuis son père était resté seul. Daniel ne s'était pas remis avec quelqu'un et depuis les villageois tentaient de le convaincre d'en retrouver une. J'eus un doute. Etait-ce possible que ce soit à cause de ça que Mylène était étrange ?

- Tu sais, c'est un petit village ici. Peut-être qu'à Tibry il pourra rencontrer plus de gens. Ca ne fait pas longtemps que vous y allez. A force d'y voyager, vous commencerez à faire des connaissances et rencontrer du monde. Vous n'êtes pas encore habitués aux habitants.

Mylène me regarda bizarrement, étonnée par ce que je venais de dire.

- Mais on s'est habitués à Tibry. On connaît quelques personnes déjà.

-

Elle eut un sourire.

- Ne t'en fais pas. Je ne me retrouve pas toute seule là-bas. Je sais m'y débrouiller.

Elle n'avait pas l'air de comprendre ce que je voulais dire.

- Exactement. Et ton père va aussi connaître quelques personnes et même rencontrer quelqu'un. Alors ne t'en fais pas.

Encore une fois, elle sembla indécise.

- Mais pourquoi je le ferai ?

- Ce n'est pas ça qui t'inquiète en ce moment ?

La conversation semblait prendre une direction confuse. Puis elle éclata de rire, d'un rire railleur et cassant.

- Qu'est ce qu'il y a de drôle ? Qu'est ce qu'il y a ?

LEONAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant