Chapitre 1 : Entraînement matinal

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  La petite fille courait à une vitesse folle dans les couloirs sombres du temple. Elle le connaissait par cœur. Chaque couloir, chaque recoin étaient comme des pièces de sa maison. Malgré le côté ténébreux du temple, elle s'y sentait bien. Elle prit un virage serré vers la gauche et arriva à l'entrée du temple. Elle s'arrêta brusquement, reprit son souffle, et replaça quelques mèches de sa tresse argentée lui arrivant au niveau des cuisses. Elle s'assit alors par terre et scruta l'horizon de son regard rouge.

  Elle attendait ses parents. Ils étaient partis en mission spéciale depuis environ trois semaines. Ils lui manquaient. D'après ce qu'elle avait compris, ils devaient faire de nombreuses recherches, dans le désert Gérudo, sur un soi disant « monde parallèle ». Mais voilà quelques jours déjà qu'ils auraient dû rentrer. Ghoun, leur chef, lui avait dit qu'ils avaient sûrement dû se faire ralentir par une tempête de sable, mais que son père l'avait à tous les coups réduit à néant avec son souffle destructeur. La petite fille était certes petite, mais pas idiote. Elle savait très bien qu'il lui disait ça pour la rassurer. Cela l'inquiétait même plus qu'elle ne l'était déjà. Elle n'était pas aveugle non plus. Elle voyait bien que Ghoun essayait en vain de les contacter avec une pierre à Potin. La seule réponse que lui donnait la pierre était l'heure qu'il était, se qui avait le don de mettre Ghoun dans une rage insoutenable. Résultat, les pierres étaient, à leur sortie de la salle de réunion, souvent décorées par un joli trou fait au poing en leur centre. La petite fille en était sûre. Il était arrivé quelque chose à ses parents. Mais ils allaient revenir, ils lui avaient promis, et ses parents tenaient toujours leurs promesses.

  Le soleil commençait à se coucher. Elle vit de nombreuses personnes retournaient au village. Tous les soirs, les membres du clan étaient dus d'y retourner. Seul Ghoun restait dormir au temple. Personne ne savait pourquoi. Tous le monde ignorait la petite fille, ce qui l'arrangeait plutôt bien. Les gens posaient souvent des questions embarrassantes comme « qu'est-ce que tu fais ici ? ».

- Impa ! Qu'est-ce que tu fais ici ?

Elle se raidit en reconnaissant la voix de Ghoun. Elle déglutit difficilement avant de lui répondre :

- J'attends Sheik. Il m'a promis de m'apprendre une nouvelle technique.

  Elle l'entendit soupirer.

- Impa, tu sais très bien que je peux voir la vérité. Je suis sûre que tes parents ne vont plus tarder. En attendant, il faut que tu retournes au village.

  Elle baissa la tête. Elle ne voulait pas retourner au village. Pendant l'absence de ses parents, elle restait chez la Veilleuse, une vieille dame qui gardait les enfants du village gratuitement. La nuit, Impa entendait des bruits mystérieux, comme si la maison de la Veilleuse était hantée. Elle eu un frisson rien que d'y penser.

  Alors qu'elle s'apprêtait, à contrecœur, à retourner au village, elle aperçut au loin une silhouette se dirigeant vers eux. Peu à peu, Impa pu voir son visage. C'était le père de Barnt. Il faisait parti de l'équipe qui accompagnait ses parents. Il était blessé de partout et traînait un gros sac derrière lui. Il avait une mine grave. Ghoun se dirigea vers lui en courant. Impa le suivit. Dès que le père de Barnt la vit, une larme coula sur sa joue.

- Où sont Papa et Maman ?

- Je suis désolé ! Sanglota-t-il. Désolé ! Désolé !

  La petite fille sentit une main se poser sur son épaule.

- Impa, dit doucement Ghoun, tes parents ne rentreront ni ce soir, ni demain, ni dans les prochaines années à venir.

  Une vague de chagrin lui transperça le cœur. Des larmes lui coulaient sur les joues. Elle ne voulait plus entendre. Elle ne voulait plus comprendre. Elle voulait juste continuer à espérer, espérer que ses parents rentreraient un jour à la maison, espérer qu'ils n'étaient pas morts.

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  Impa se réveilla en sursaut. Elle s'était assoupit en même temps que la petite Zelda. L'aube venait tout juste de chasser la nuit. Elle caressa les cheveux blonds de sa petite protégée. Elle ne voulait pas réveiller une si jolie princesse endormie. Elle se leva, et alors qu'elle s'apprêtait à quitter la pièce, un mouvement dans son dos lui fit tourner la tête.

- Où vas-tu ?

  Zelda était debout à côté de son lit, les sourcils froncés.

- Oh ? S'exclama Impa. Vous étiez réveillés ?

  La petite fille ne bougea pas, attendant une réponse.

- Je vais à la salle d'entraînement, déclara la sheikah.

  Une lueur se mit alors à briller dans les yeux bleus de la princesse.

- Je peux venir ?

  Impa arqua un sourcil, étonné de la réaction de la petite fille.

- Je ne pensais pas que cela vous intéressez.

- S'il te plait !

  La femme hésita un moment avant de répondre :

- Très bien ! C'est d'accord ! Mais pas un mot à votre père !

- Promis !

  Elles sortirent discrètement de la chambre. Impa rasait les murs, écoutant chaque bruit autour d'elle. Zelda essayait tant bien que mal de l'imiter. Arrivées à la salle d'entraînement, elles poussèrent un soupir de soulagement en découvrant qu'elle était vide. Impa commença à installer les rondins en bois qui représentaient des cibles. Quand ils furent tous en place, elle dégaina son immense épée et se mit en position de combat.

- Pouvez-vous baisser le levier ? Demanda-t-elle à l'adresse de Zelda.

  L'intéressée s'exécuta, impatiente de voir sa nourrice à l'œuvre. Les rondins se mirent alors à tourner et à se déplacer dans tous les sens. Impa bondit en avant, les tranchants avec vitesse et précision. Zelda était bouche bée devant ce spectacle. Les cibles enfin toutes découpées, Impa rangea son épée.

- C'est tout pour aujourd'hui.

  Zelda se précipita vers elle et lui demanda :

- Tu peux m'apprendre à me battre ?

  La sheikah baissa les yeux. Elle se doutait que se jour arriverait, et le Roi aussi d'ailleurs. Il lui avait formellement interdit de partager des connaissances de son ancienne tribu à la princesse. Des pas précipités se firent entendre derrière la porte. Le Roi déboula dans la pièce, accompagné par ses gardes rapprochés.

- Puis-je savoir ce que vous étiez en train de faire ?! Beugla-t-il.

- Laisse-moi faire, chuchota Zelda à Impa.

  Impuissante, elle la regarda s'approcher du Roi.

- J'ai ordonné Impa de me montrer l'endroit où s'entraînent les gardes, déclara la petite fille.

- Suis-moi ! Nous devons avoir une discussion sur le champ !

  Ellesuivit son père à contrecœur. Impa réfléchit. Elles se cacheraient, le Roi n'ensaurait rien. Zelda tourna une dernière fois la tête vers sa nourrice. Quandleurs regards se croisèrent, Impa leva discrètement le pouce. Un large sourireillumina le visage de la petite fille avant qu'elle ne sorte de la pièce. Lasheikah sourit à son tour. Il ne lui restait plus qu'à trouver un endroit oùpersonne ne viendrait les déranger.

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