Toute griffes dehors

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Je m'arrêtai contre un mur au coin d'une rue, j'avais fui ce parc, ce banc, ce garçon comme la peste. Il avait éveillé en moi des émotions, et les émotions sont nocives. Elles rendent les humains tellement faibles que, pour la première fois de ma courte existence, j'avais peur. Peut-être fallait-il que je le tue. Mais ça n'aurait rien changer, mis à part un bon repas.
Pourquoi un ange serait sur Terre ? Après tout, ils préfèrent rester là-haut plutôt que de se rabaisser à descendre ici, parmi les humains. Et ce garçon était-il vraiment un ange ? Il fallait que j'en ai le coeur net, je le retrouverai.

Je rentrai au manoir quand Vitali se réveilla et me regarda incrédule:
"Tiens, tu es sortie ? Me demanda-t'il.
-Oui, mais ce ne sont pas tes affaires." Il me fit un geste de la main, signe qu'il n'avait pas vraiment envie de savoir au final. Ce qui était préférable.
Une voix resonna dans toute la maison. Père.
"Mes chers enfants, j'ai une nouvelle des plus importantes à vous transmettre. Selon les sources de Valack, des anges seraient présent sur ce territoire. Pour l'instant nous pensons qu'il ne sont que cinq, mais nous avons repéré trois autres auras célestes. Je vous demanderai donc de vous charger de ces immondes créatures avant toute intervention."
Un frisson me parcouru le corps lorsque Père prononça les mots "anges" et "immondes". N'étions-nous pas les plus immondes des créatures ? Et surtout, n'avais-je pas déjà rencontré l'un d'entre eux ?

Dans l'après-midi, la faim commença à se faire sentir. Je faiblissais, mes veines devenaient de plus en plus apparentes et mon ventre criait famine. Il fallait que je me nourrisse au plus vite. Gaiden le remarqua, pour la simple et bonne raison que lui aussi avait faim. Je pense que tous rêvions d'un festin. Abraham prit la parole lorsque nous étions tous réunis dans le salon:
"Mes frères, mes soeurs. À partir d'aujourd'hui, et pour le bon équilibre de cet maison, nous chasserons tous individuellement.
-Mais nous sommes une famille, nous chassons ensemble ! Répondit Sherkan, dont la voix rauque me paraissait étrangère tant il ne parlait jamais.
-Nous ne sommes pas une famille imbécile ! Retorqua Abraham.
-Alors que sommes-nous pour toi Abra ? Demanda Vitali, qui était assis avec nonchalance sur un fauteuil.
-Vous êtes... Écoutez, je suis le plus puissant et le moins stupide donc le chef. Vous devez m'obeïr et suivre mes instructions ! Cria-t-il."
Personne ne broncha, nous n'étions pour lui que des boulets. On sorti de la pièce, puis de la maison. Nous n'avions pas la force de répondre à Abraham alors nous partîmes pour la chasse. Je lança un dernier regard à Gaiden avant de m'élancer vers la ville. Lui, resta là à me regarder partir. Ses pommettes saillantes dû à la faim, ses yeux brillants, sa bouche bleuie, ses cheveux qui retombaient sur son front... Tout me criait se rester avec lui.

Arrivée en ville, je ne savais plus où donner de la tête. La foule déambulant dans la rue me parut alors comme un garde manger énorme. Je remarqua alors un couple qui tourna dans une petite allée, je décida de les suivre. Quand je fut assez proches d'eux, j'entendis la fille sanglotant
"Non... Laisse-moi tranquille Jordan... Je t'ai déjà dis que je ne voulais pas... dit-elle, son discours entrecoupé de sanglots.
-Aller, je ne te ferais pas de mal, au contraire. Lui dit-il.
-Non ! Je ne veux pas ! Cria la fille."
Le garçon lui couvra la bouche pour l'empêcher de crier et il commença à la déshabiller. Comprenant ce qui se passait sous mes yeux, je m'avança dans l'allée et dis:
"Lâche-la."
Le garçon se retourna et me fixa sans lâcher la fille.
"Lâche-la j'ai dis, je ne le répéterai pas.
-Ou quoi ? Dégage de là, sinon il pourrait t'arriver des ennuis, me répondit-il."
Il se retourna vers sa victime en m'ignorant. Très bien. Je m'avança vers eux tout en me transformant. Mes ailes sortirent de ma peau, mes veines ressortirent de plus belle, mes crocs s'allongèrent en même temps que mes griffes. Je me trouvais maintenant accroupi, prête à bondir sur ma proie. "Jordan" détourna alors les yeux et vit les miens, rouges et brillant dans l'obscurité. Il se recula de la fille, prise elle aussi de panique en me voyant. Et alors qu'il reculait, je lui bondit dessus.
"Non, je suis désolé. Pitié... pitié... AU SEC..." Avant qu'il n'ait pu appeler à l'aide, je lui déchira la gorge.
"Je suis la seule qui a le droit de jouer avec ma nourriture."
Je commença à dévorer son torse pour accéder aux poumons. Quand un bruit derrière moi me fit penser que la fille était toujours là, à me regarder manger son agresseur.
"Merci...me dit-elle.
-Pourquoi me remercies-tu ?
-Vous m'avez sauvé, vous êtes... commença-t-elle.
-Je n'étais pas là pour te sauver, mais pour te faire subir le même sort que ce garçon. Lui dis-je.
-Non... Pitié...
-Va-t'en d'ici.
-Mais qui êtes-vous ?
-VA-T'EN AVANT QUE JE NE CHANGE D'AVIS !"
La jeune fille commença à courir hors de l'allée et je continua de déguster mon repas.
La nuit touchait presque à sa fin et je décida d'aller au parc d'hier matin. Me nourrir m'avait fait comprendre deux choses: premièrement, je ne peux pas vivre sans tuer. Deuxièmement, certains humains méritent de mourir plus que d'autres. Arrivée au parc sous forme humaine je remarqua que mes vêtements étaient poissés de sang, ainsi que mes mains. Je marcha quelques minutes jusque mon banc. Quand j'arrivai, il était là. Le même garçon, le même visage fragile et le même sourire.
"On dirait que quelqu'un a passé une sale nuit, me dit-il en regardant mes vêtements."

Hell on EarthOù les histoires vivent. Découvrez maintenant