Chapitre 1

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Mon père a toujours désiré avoir un fils et ne s'est jamais remis de la mort de ma mère. Si bien que celle-ci étant morte en me mettant au monde, il me haï dès mon premier regard sur lui, et par vengeance, ou peut-être simplement par regret, il m'appela Leo. Pour autant, je n'ai jamais voulu changer de prénom. C'était masculin mais il était une sorte d'hommage à ma mère et d'excuse à mon père. Je sais que je n'ai pas à m'excuser auprès de lui pour la mort de ma mère parce que je me sais innocente. Quant à être nait fille plutôt que garçon,  je n'y suis pour rien. C'est son machisme obstiné qui exacerba sa haine envers moi et l'empêcha à jamais de m'ouvrir son coeur. Mais je ne peut m'empêcher de rechercher son pardon parce que plus que tout, je voudrais qu'il m'aime.

Ainsi, je m'appelle Leo et cela fait 17 ans que je suis né,  17 ans que ma mère est morte, 17 ans que mon pere me déteste.  Il est tombé dans l'alcoolisme peu de temps après ma venue au monde, et pour autant que je me souvienne,  je ne l'ai jamais vu sobre. Enfant, je m'enfermais dans ma chambre de peur qu'il ne me frappe. Et lorsqu'à 12 ans il me menaca de me jeter par la fenêtre pour que j'aille lui acheter de la Vodka, je me decida à tenter de stopper son addiction. Ce fut peine perdue, il devenait de plus en plus violent. Lui qui m'avait toujours insulté se mettait à me traiter de salope et de pute. A la maison, je travaillais comme une esclave. Je faisais la cuisine, la vaiselle, le menage, la lessive, le repassage, les courses. Luis, de son côté,  il passait ses journées dans le fauteuil gris du salon à boire et à frapper notre vieux chien Tartuffe. Il ne travaillait pas, et nous ne vivions que grâce aux allocations que nous touchions. Mais comme la moitié de cet argent passait dans l'alcool, je n'avais pas de quoi m'acheter de nouveaux vêtements, aller chez le coiffeur ou manger au mcdo. Pour cela, au lycée,  j'étais moquée et mise à l'écart et je n'avais aucun ami.
Heureusement, trop saoul pour s'en occuper lui-même,  mon père m'avais laissé m'occuper des finances et, en cachette, je mettait souvent de l'argent de côté pour qu'à ma majorité je puisse me tirer et aller étudier là où il me plairait.
En 17 ans, je n'avais donc jamais été heureuse.

Puis vînt ce jour d'été où la chaleur étouffante me faisait facilement perdre patience. Mon père était ivre et il hurlait contre moi parce que sa bouteille était vide. Il criait :

"- Sale pute de misère, va m'en chercher une autre! Bouge ton cul de salope jusqu'à la cuisine et apporte-moi en une ! Aller sale pute, bouge !! J'ai pas que ça à faire, connasse !"

Voulant limiter les dégâts, je me levais et lui apportait sa bouteille. Il se mit à rire grossièrement et dit :

"- C'est bien, t'es un bon toutou ! Un vrai chienchien ! Ouais, t'es un sal chien ! T'es minable ! Mais si t'es un chien, on a plus besoin de l'autre!"

Et bam ! D'un coup de couteau, il tua Tartuffe. J'en restais ahurie plusieurs secondes. J'avais envie de trucider ce connard mais je n'avais aucune chance contre lui. Mais ma colère était trop grande, je supportais cela depuis trop longtemps et là, il avait dépassé les bornes. Je me postais en face de sa grosse tête rouge et hirsute et cria :

"- Pourquoi? Pourquoi t'as fait ça? T'es qu'un putain de connard, je te deteste ! Va te faire foutre !!"

Puis je montais en courant l'escalier qui montait à ma chambre parce que je ne connaissais que trop bien la réaction qu'il allait avoir. Et effectivement, il se mit à me suivre. Il me rattrappa en un rien de temps devant la porte de la salle de bain et nous y enferma. Puis il se mit à me frapper avec un torchon mouillé, et comme je serrais les dents pour ne pas hurler, il continua avec le fil électrique du sèche-cheveux. Je retenais encore mes cris. Il y alla alors avec ses poings, un dans le nez, un sur l'arcade,  deux dans les côtes, et je m'efondrais au sol en hurlant de douleur. Il ricana :

VagabondsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant