Catégorie : Horreur
Titre : AchulophobieJe me réveillai, le souffle court. D'un coup d'œil fatigué, je regardai le cadran de mon iPhone: 15h32. La lumière émise par celui-ci ne m'affecta pas; les rideaux voilant ma fenêtre étaient entrouverts, laissant pénétrer des filets de rayons solaires éclairant ma chambre sens dessus dessous. Il faisait soleil, visiblement. En forçant une moue ennuyée, je changeai de position dans mon lit, tirant sur mes longues jambes un drap froissé par un sommeil mouvementé. Je tentai vainement de me replonger dans mon monde onirique reposant, mais le soleil de début août en avait un tout autre avis. Plusieurs minutes passèrent, presque éternelles malgré leur courte durée, puis je me décidai enfin à quitter mon si délicieux lit pour aller affronter la réalité. J'enchaînai les pas avant de me rendre à la salle de bain, la démarche leste témoignant d'une veillée fort tardive menant à un assoupissement profond. J'avais encore fait ce damné cauchemar, pour la énième fois. J'ai une peur bleue de la noirceur et mon cerveau prend malin plaisir à la souligner lors de mon sommeil. C'est toujours pareil: je suis dans une grotte sombre et je n'ai aucun moyen d'éclairer mon chemin. Des bruits inquiétants fusent de part et d'autre, faisant monter la panique en moi. Soudain, quelque chose me touche et me pousse dans un trou. Lorsque j'atteins le sol, je me réveille, souvent en hurlant ou en sueurs. Je poussai un soupire.
J'atteignis finalement le lavabo. Je levai lourdement la tête pour voir une réplique parfaite de mon visage. Mes cheveux bruns étaient en bataille et ma barbe avait légèrement poussé durant mon coma. Ah oui! Je me permis de donner un titre si déraisonné à mon sommeil puisque j'ai dormi treize heures, tout au plus. J'activai l'eau froide qui cascada doucement dans la cuvette de porcelaine pour s'échapper par le bouchon, joignis les mains et les remplis de liquide pour m'asperger non sans une élégance digne des publicités de produits de beauté le visage. Le contact de l'eau sur ma peau collante d'une fine pellicule de sueur fut plus qu'agréable, pratiquement jouissif. Je fermai l'eau et me dirigeai vers la toilette pour y vider ma vessie. Je sortis ensuite sans même prendre le temps de me nettoyer les pattes. J'ouvris la porte du réfrigérateur et agrippai le premier plat à portée de main: des raviolis de la veille. Je retirai le couvercle du plat en plastique de marque, attrapai une fourchette sale et alla m'écraser devant mon ordinateur portable, toujours vêtu uniquement d'un caleçon. J'attrapai l'ordinateur et le mis sur mes cuisses velues, déposant de mon autre main mon met sur la table à café à ma droite. Je parcourus la toile, vérifiai si j'avais reçu des messages, puis, voyant clairement que rien de bien intéressant ne s'affichait sur mon écran, allumai le téléviseur pour me divertir.
Les minutes se succédaient, puis les 17h arrivèrent. Je me levai et fis ma tournée quotidienne: la salle de bain, ma chambre, la cuisine, le salon et la cage d'escaliers menant à mon sous-sol. J'en activai les lumières pour ne pas être pris au dépourvu plus tard dans la soirée. Je déteste le noir. Du haut de mes vingt-deux ans, je suis un homme célibataire doté d'une carrure somme toute satisfaisante qui dort encore avec une veilleuse et la lumière du couloir allumée. L'expression «peur bleue» n'est pas assez puissant pour décrire mon appréhension de la noirceur. Une fois ma tournée ridicule terminée, je retournai m'avachir sur ma causeuse pour visionner un épisode ou dix de ma série favorite. Je notai alors qu'on étouffait vraiment, dans ma maison. L'air était chaud et humide, collant à ma peau, me donnant le goût d'arracher celle-ci pour un peu de fraîcheur. J'allai donc ouvrir la fenêtre du salon. De mes deux mains, j'attrapai les poignées de la vitre et poussai vers le haut de toutes mes forces, mais la fenêtre ne bougea pas. Je recommençai à pousser, mais toujours aucun mouvement ne se produisait. Saleté d'humidité. Tant pis. Je retournai à mon épisode, la fatigue toujours présente dans mon corps. Un court instant passa, puis je tombai endormi.
Un bruit me réveilla. Quelqu'un avait cogné à ma porte d'entrée. En vitesse, je me mis sur pieds pour voir qu'il était minuit et demi. Qui pourrait bien me visiter à une heure pareille? Je m'approchai de la porte, perplexe, pour voir une lumière faible s'échapper des petites fenêtres au-dessus de celle-ci, celle des lampadaires parsemant les longs de la rue sur laquelle ma maison fut jadis bâtie. Plus je progressais vers la porte, plus j'entendais le vent souffler d'une puissance étonnante. Je regardai par le petit trou dans la porte. Il n'y avait personne. Avais-je halluciné? Submergé d'encore plus de perplexité, je retournai à ma place, relevai l'écran de mon ordinateur et commençai à discuter avec un ami. Près d'une demi heure plus tard, un second cognement fusa, me faisant sursauter. Le cœur battant à toute allure, je retournai à la porte d'entrée, cherchant qui était la source de ce bruit. Toujours rien. C'est le vent qui a cassé une branche qui est tombée sur le toit, me dis-je. Je tournai alors les talons pour aller me brosser les dents. J'attrapai ma brosse à dents, y déposai un gerbe de dentifrice et mouillai le tout avec un peu d'eau pour apporter la brosse à ma bouche. Un goût acerbe mélangé à la menthe envahit ma bouche. Un bruit de friction se fit entendre au fur et à mesure que j'effectuais un va-et-vient sur mes dents. Je crus entendre, au loin, une porte ouvrir. J'arrêtai immédiatement tout mouvement. Ma respiration se stoppa. Un silence lourd parvenait à mes oreilles. D'un pas rapide mais hésitant, j'allai vérifier si les portes extérieures étaient ouvertes. Je fus quelque peu surpris: les deux portes étaient fermées et barrées. Curieux. La brosse à dents toujours en bouche, je retournai dans la salle de bain, terminai de me toiletter et alla dans ma chambre, laissant toutes les lumières allumées comme à mon habitude.