Un Nouvel Abri

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Salut. Je m'appelle Marko. Avant j'étais pompier. Je dis "avant" parce que maintenant ça n'a plus vraiment d'importance. Ou peut-être que si. Enfin en tout cas, dans le monde de maintenant, il fallait mieux avoir été pompier que chef de projet marketing ça je peux vous le dire. C'était la guerre. Comment ça a commencé, c'est pas important. Une crise économique qui donne une crise sociale, qui donne une crise politique, qui donne une crise tout court. Enfin bon peu importe qui, où et comment, en tout cas, c'était la guerre. Et maintenant, dehors, il y a des soldats qui courent partout dans les rues en tirant sur tout ce qui bouge pour, soi-disant, protéger notre liberté. Résultat, on était enfermé dans cette maison avec deux autres pauvres types.

En réalité, ça fait des semaines que ça dure. Mais bon, comme c'est le premier jour où je commence vraiment à noter tout ça sur du papier, je vais juste simplifier et je vais appeler ça: Jour 1.

Je ne vais pas vous expliquer en détail comment on s'est retrouvé ici, c'est pas très important et de toute façon, ça ne vous intéresserait pas.

Pavle était un ancien footballeur en parfaite forme physique. Il n'y avait pas plus rapide que lui. Ce serait sûrement utile quand la nuit tomberait. Et puis, de l'autre côté, il y avait Bruno. Un vieux barbu ronchon qui était cuisinier avant. Il avait même sa propre émission de télé; la cuisine de Bruno. Et puis, il y avait elle. Notre maison. Une espèce d'immense manoir de trois étages avec deux sous-sols.

Tout partait en ruine cela dit. Il y avait des trous dans l'entrée, des trous dans la cuisine, des trous dans le toit. Bonjour les courants d'air.

Heureusement, c'était le début de l'automne, il commençait à faire frais mais pas encore assez pour que ça soit inquiétant.

Notre première journée dans cette nouvelle maison commençait comme dans toutes les autres. Qu'est-ce qu'on a et qu'est de quoi on a besoin. Oui, c'est pas la première maison qu'on visitait. On se déplaçait en fonction des combats pour s'en tenir le plus loin possible et à force, maintenant, on commençait à connaître la routine. Alors, tout le monde s'est dispersé.

La maison était remplie de gravats qu'il fallait déblayer pour rendre ça vivable et d'armoire à fouiller pour trouver de quoi se fabriquer un vrai abri.

Les premières heures de la journée furent... calmes. On trouvait essentiellement des matériaux, un peu de bois, quelques pièces, et même quelques composants électroniques. Ce sera utile. On pourrait construire des lits, par exemple. Mais en temps de guerre, on révise rapidement ses priorités.

Pavle construisit en premier un atelier de métallurgie. Avec tout ce foutoir, la plupart des gens avaient enfermé leurs biens les plus précieux dans des armoires sous-solées. C'est pour ça que notre première décision, avant même le lit, fut de bricoler un petit pied-de-biche pour ouvrir tout ça. Mais malheureusement, tout ce qu'on trouva dans les armoires, furent quelques bricoles et plusieurs livres. Je sais qu'on dit que les livres sont la nourriture de l'esprit mais je vous avoue que j'aurais bien préféré un paquet de chips.

Sans pelle, notre activité nous pris la plupart de la journée. Le temps passé et la nuit tombée déjà.

La nuit en temps de guerre, c'est le moment où les civiles sortent. Les soldats, eux, rentrent dans leurs abris et picolent jusqu'à tomber dans l'inconscience.

Notre situation était mauvaise mais pas encore critique. Les recherches dans la maison ne nous avaient pas permis de trouver de la nourriture. Nous n'avions pas faim, encore. Mais, ça allait venir.

Pour commencer il fallait donc trouver de quoi améliorer notre abri.

Bruno était légèrement blessé et moi j'étais légèrement malade. Ne préférant pas prendre de risque, c'est donc Pavle qui se porta volontaire pour aller collecter.

This War of MineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant