- Comment as-tu pu? pleura-t-elle.
Je ne pris pas la peine de l'écouter. Comment elle, a-t-elle pu nous faire ça, me faire cette frayeur atroce? J'attrapai l'élastique qui se trouvait autour de mon poignet alors qu'elle essayait de me dévisager avec ses nombreuses larmes qui dévalaient ses joues. J'attachai mes cheveux et croisai les bras en m'appuyant contre le plan de travail. Elle est folle de rage, je le vois dans ses yeux bleus inondés d'eau et rougi par tout ces écoulements.
- Tu as dix-huit ans, Jane, dix-huit petites années et t'étais là, un verre à la main, collée à un gars qui te regardait d'une façon pas très catholique et à onze heures du soir! Qu'est-ce que tu croyais? Que tu reviendrais à trois heures du matin après avoir couché avec ce garçon?
- Vas dans ta chambre, Jane, lui demanda gentiment mon père.
- Vas te faire foutre, Hortense, avec ton Jésus et tes apôtres à la con, me cria-t-elle avant de monter à l'étage.
Je m'assis rapidement à table et croisa les bras pour ensuite y déposer la tête. Je suis quasiment certaine que tout va me retomber dessus alors que ma chère petite sœur joue à faire la putain dans une boîte de nuit sans même avoir demandé l'autorisation de sortir. Je relevai les yeux vers ma mère qui ne disait rien, elle n'arrivait pas à dire grand chose de toute façon. Je savais que là encore, nous aurons une conversation et pas sur n'importe quoi.
- Tu es différente, Hortense.
- Différente parce que je respecte mon corps? demandai-je, sèchement.
- Les filles perdent leur virginité à seize ans, en moyenne, tu ne vas pas trouver cela normal alors que c'est ça, la génération, ta génération, enfin! Est-ce que tu comprends à quel point tu vas rater ta vie en t'efforçant à devenir une nonne, une novice? T'as pas cette petite ambition de devenir mère, de faire de grandes études? T'as vraiment envie d'être toute ta vie enfermée dans un couvent à faire du latin? me questionna-t-il, sévèrement.
Je soupirai. Pourquoi ça devait encore tourner autour de moi alors que Jane fout sa vie en l'air?
- Jane est sortie sans votre permi...
- Jane est jeune, Hortense! cria-t-il. Elle s'amuse, certes, elle n'aurait pas dû sortir sans notre permission mais qui ne l'a jamais fait?
- Alors vous me reprochez de ne jamais vous avoir désobéi? De ne jamais être tombée amoureuse, de ne jamais avoir été tentée par l'alcool, de ne jamais avoir éprouver l'envie de me reproduire avec un garçon et de ne jamais avoir eu l'envie d'en fréquenter un? Je ne suis pas attirée par tout ça, vous le savez, nous on avons déjà parlé et je ne compte pas y perdre mon âme, me défendis-je.
Je préférai retourner dans ma chambre alors que j'entendis mon père souffler. Ils sont tous contre mes choix, tous contre mes attentes et mon idéologie que je me fais de la vie et de la religion. J'y retrouve un réconfort tellement énorme que je sais que rien d'autre ne pourra me satisfaire de cette façon. Ma décision est plus que formelle, mon entourage le sait. Maintenant à eux de s'y faire. Dans six mois, je présenterai mes vœux, que ça leur plaise ou non.
- T'as bien fait de pas venir de toute manière, la putain de nonne de ma famille a tout gâché. Tu imagines un peu que j'étais en mode collée à Zayn Malik?
Je soupirai en l'entendant parler à sa meilleure amie alors que je traduisais encore et toujours mes textes latins qui devraient m'aider à me transporter dans un plus haut degré de spiritualité comme me l'avait enseigné la mère supérieure l'année passée.
- Oui, l'homme riche et incroyablement sexy, étudiant réputé en droit dont toutes les filles s'amourachent à cause de sa beauté et de son intelligence remarquable, rigola-t-elle.
Je m'arrêtai d'écrire pour essayer de me calmer. Jane avait-elle donc que le sexe en tête? Elle était donc devenue une de ses filles aguicheuses qui aimaient tant que l'on remarque leur paire de seins? Comment peut-elle parler de cette façon, rien que sa façon de s'habiller me tue de jour en jour. Tellement, certaines fois, que je préfère rester enfermée dans ma chambre ou d'aller retrouver mes sœurs de l'église dès que le temps me le permet.
Alta alatis patent
« Le ciel est ouvert à ceux qui ont des ailes »
- Je portais le haut, tu sais, celui que tu m'as passé avec le décolleté méga plongeant, j'avais un short court aussi et blanc, celui qui me fait un beau cul, l'entendis-je rire. Je suis même prête à parier qu'Hortense est en train de mourir en m'entendant dans la pièce d'à côté, rit-elle un peu plus.
Anima sana in corpore sano
« Une âme saine dans un corps sain. »
Je ne comprends pas comment on la laisse agir de cette façon.
- Zayn Malik, je n'y crois toujours pas, je n'arriverai plus à me le sortir de la tête.
Je m'arrêtai d'écrire et fermai finalement les yeux en plaquant mes mains sur mes joues. Je restai assise à méditer durant un long moment car je n'y arrivais pas moi non plus, à me sortir ce nom de mon esprit alors que ma conscience m'obligeait à l'effacer. Ce simple nom qu'il m'avait murmuré à mon oreille, ce simple frisson qu'il m'avait procuré, ce simple premier frisson qu'un homme m'avait procuré, cette simple parole qui m'avait troublée. Je n'arriverai certainement pas à m'en remettre comme je me devrais de le faire.
Amare et sapere vix deo conceditur
« Aimer et demeurer sage, même un dieu le pourrait à peine. »
